samedi 27 juin 2009
Michael Jackson faisait figure de "produit toxique" pour ses assureurs
Vingt-quatre heures après la mort de Michael Jackson à Los Angeles (Californie), célébrités et fans continuent, un peu partout dans le monde, de rendre hommage à sa musique et à son génie. Vendredi 26 juin, le président américain Barack Obama a déclaré qu'il considérait Michael Jackson comme une "icône" de la musique, mais que certains aspects de sa vie étaient "tristes et tragiques".
Lisa Marie Presley, qui fut brièvement mariée à Jackson, a révélé sur MySpace cette confidence de son ex-mari, se comparant à son père, Elvis Presley, mort d'une crise cardiaque à l'âge de 42 ans, attribuée à un abus de médicaments : "J'ai peur de finir comme lui." Jeudi 25 juin, Michael Jackson a été victime d'un arrêt cardiaque dans sa résidence de Holmby Hills, puis transporté en urgence à l'hôpital de UCLA, où il est mort. Un rapport préliminaire d'autopsie – conduite le 26 juin –, exclut tout acte traumatique ou criminel, mais ne détermine pas la cause exacte du décès.
Les conclusions définitives des analyses toxicologiques ne seront connues que dans quatre à six semaines. Le médecin légiste a confirmé que la star avait absorbé des médicaments, mais refusé de préciser lesquels; une rumeur fait état d'une injection de Demerol (médicament contre la douleur) peu de temps avant sa mort.
D'autres faits troublants émergent. La voiture du médecin personnel de Michael Jackson, présent chez lui quand il a perdu conscience, a été enlevée par la police de Los Angeles, qui confirme que celui-ci coopère avec les enquêteurs. Les proches du chanteur, évoquant une consommation abusive de médicaments, alimentent l'hypothèse d'une surdose.
"A Hollywood, il y a une coterie de médecins complaisants qui gravitent autour des célébrités, et agissent comme des trafiquants de drogue, a déclaré Deepak Chopra, spécialiste de médecine alternative et auteur connu, qui avait refusé de prescrire des analgésiques à Michael Jackson en 2005. L'addiction principale dans le monde, et surtout aux Etats-Unis, ne vient pas des drogues qu'on trouve dans la rue, mais des ordonnances de médecins." Le médecin qui avait prescrit des médicaments à Anna Nicole Smith, starlette morte d'une surdose en 2007, vient d'être condamné en Californie.
"PRODUIT TOXIQUE"
Le chanteur suivait un entraînement intensif en vue de son retour sur scène pour une série de concerts qui devaient débuter à l'O2 Arena de Londres, le 13 juillet. Il avait effectué une répétition générale de son spectacle au Staples Center de Los Angeles la veille de sa mort, et son entourage a affirmé, dans un premier temps, qu'il était en bonne forme physique et aurait même subi un bilan complet exigé par les assureurs des concerts, avec des résultats positifs.
En fait, son état de santé suscitait de grandes inquiétudes. Au point qu'il était difficile, voire impossible, de l'assurer en vue de sa tournée – le chanteur était qualifié, en termes de risque, de "produit toxique". Pour cette raison, les assureurs avaient refusé de couvrir la totalité de la tournée, soit 300 millions de livres. Ils avaient exigé le passage d'une visite médicale approfondie de cinq heures avant de s'engager sur les vingt-trois premiers jours. D'après la revue britannique spécialisée Reinsurance, Michael Jackson devait aussi passer un examen médical approfondi le 26 juin.
Lloyd's, numéro un mondial de l'assurance, avait assuré les dix premiers concerts pour 82 millions de livres (96,2 millions d'euros). Outre Lloyd's, deux courtiers londoniens spécialisés, Brit et Robertson Taylor, seraient directement affectés par l'annulation des spectacles.
De plus, les courtiers s'étaient seulement engagés à indemniser les 900 000 billets vendus (les fans seront donc remboursés), pas la perte de revenus du promoteur des concerts, AEG Live, une filiale du groupe californien Anschutz Entertainment Group. "La perte n'est pas significative", a tenté de relativiser un porte-parole de Lloyd's.
Les imbroglios légaux et financiers de Michael Jackson vont continuer. Criblé de dettes – à hauteur de 580 millions de dollars, (413 millions d'euros) selon les estimations –, en raison d'un train de vie à donner le tournis, le chanteur comptait sur ces concerts pour se renflouer. On ignore ce que vont devenir ses trois enfants. La date et le lieu des cérémonies funéraires ne sont pas encore connus.
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Les trous noirs du Web
Le Web et ses millions d'ordinateurs connectés comporte aussi des zones d'ombres, des endroits presque impossible à atteindre, pour des raisons structurelles.
Une étude de trois années a montré que ces trous dans la toile pourraient permettre à des pirates d'engager de vastes opérations.
Après trois années de recherches des ingénieurs américains ont publié un rapport expliquant qu'une bonne partie de l'Internet était déconnecté du reste de la "toile". Cité par le magazine anglais The Register, Craig Labovitz, qui a participé à cette étude, explique que "contrairement à l'imagerie populaire, l'Internet n'est pas un réseau entièrement connecté".
Un dysfonctionnement chronique du Web
On se doutait un peu que l'ensemble des ordinateurs théoriquement connectés aux Web n'étaient pas tous accessibles entre eux. Mais l'étude du Arbor Networks a mis en évidence des dysfonctionnements chronique du Web. La toile comporterait de vaste espace non consultable, espèce de grumeaux virtuels non accessible pour une majeure partie des internautes.
Les sites militaires américains sont les plus touchés
Le facteur le plus important vient du fonctionnement des routeurs. Ces éléments qui structurent le Web sont de la responsabilité des opérateurs. Certaines machines seraient mal configurées et ne donneraient accès qu'aux sites les plus consultés. Les tables de routage, véritable carte géographique du Web ne prendrait plus assez en compte certaines zones peu utilisées. Le premier réseau touché par cette zone d'ombre est celui des sites Web militaires. Ces derniers sont très souvent inaccessibles car les machines chargées d'acheminées les données ne retrouvent pas le bon chemin pour connecter les ordinateurs.
Une arme potentielle pour les pirates
Néanmoins, ce trou noir du Web ne représente pas un handicap pour la grande majorité des internautes qui utilisent tous plus ou moins les même parties du Web. Le plus grave est ailleurs. Selon les chercheurs, ces parties peu fréquentées pourraient tout à fait servir de base d'attaque pour des pirates cherchant à paralyser l'ensemble du réseau. En effet, ils leur seraient très facile de se faire passer pour un de ces sites (entre autre militaire) et acquérir certains droits sur des ordinateurs en usurpant leur identité (adresse IP). Alors même que l'ICANN a pointé du doigt cette semaine les faiblesses structurelles de l'Internet, on commence à se demander par quel miracle l'Internet n'a pas encore connu un arrêt total...
vendredi 26 juin 2009
Michael Jackson est mort#
Le «roi de la pop» aurait succombé jeudi soir à une crise cardiaque, à l'âge de 50 ans. Un avocat de la famille Jackson évoque un excès de médicaments.
L'Amérique est sous le choc : Michael Jackson est mort. Le chanteur américain, icône de toute une génération, est décédé jeudi soir d'une crise cardiaque. «M. Jackson a été transporté à l'hôpital (...) il était inconscient lorsqu'il a été admis et son décès a été constaté à 14H26 (23h26 heure française) », a déclaré à CNN un porte-parole de l'institut médico-légal du comté de Los Angeles, le lieutenant Fred Corral, confirmant des informations de médias américains. Le lieutenant Corral s'est refusé à toute précision sur les causes du décès, expliquant qu'une autopsie serait pratiquée pour les déterminer.
Selon TMZ.com, qui a le premier annoncé le décès de Jackson sans donner de source, «le roi de la pop» a été victime d'une crise cardiaque peu après 12h00 (21h, heure française) et les services de secours n'ont pas réussi à le ranimer. Le père de la star a confirmé que son fils avait fait une crise cardiaque.
Le capitaine des pompiers Steve Ruda a confié au Los Angeles Times que le chanteur ne respirait plus quand des auxiliaires médicaux des pompiers de la ville ont répondu à un appel provenant de son domicile de Holmby Hills, un quartier opulent du nord-ouest de Los Angeles où il louait un manoir depuis janvier. Ils ont procédé à un massage cardiaque et l'ont transporté au Centre médical UCLA, selon Steve Ruda.
Un excès de médicaments ?
Une femme pleure devant l'hôpital de Los Angeles.
Une femme pleure devant l'hôpital de Los Angeles. Crédits photo : AP
Quelques heures après son décès, Brian Oxman, avocat de la famille Jackson, a affirmé que l'événement «n'est pas quelque chose d'inattendu (...) à cause des médicaments qu'il prenait» pour se remettre en forme en vue d'un lourd programme de concerts prévu cet été à Londres.
Selon Brian Oxman, interrogé sur CNN, «les gens de son entourage lui ont permis d'avoir accès (à des médicaments). Si vous pensez qu'il y a eu des abus dans l'affaire d'Anna Nicole Smith, ce n'était rien à côté de ce que nous avons vu dans la vie de Michael Jackson», a-t-il ajouté.
«Je ne connais pas l'étendue des médicaments qu'il prenait mais ce que j'ai entendu de la famille est que c'était très important», a-t-il ajouté.
jeudi 25 juin 2009
Bristish Airways: près de 7000 salariés acceptent des réductions de salaire
Parmi les 6940 salariés qui ont répondu à l'appel de la direction, 800 ont accepté de travailler gratuitement pendant un mois.
Près de 7.000 employés de la compagnie aérienne britannique British Airways (BA) ont consenti à des sacrifices financiers, pour aider leur entreprise à combler ses pertes, dont 800 qui travailleront gratuitement un mois maximum, a annoncé BA jeudi.
Sur un effectif de 40.000 employés au niveau mondial, 6.940 ont répondu à l'appel du groupe, qui leur avait proposé il y a plusieurs semaines de consentir, sur une base volontaire, à des réductions de salaires, sous forme de travail à temps partiel, de congés sans soldes ou de semaines de travail non rétribué, précise un communiqué du groupe.
Ces mesures devraient permettre à BA, qui a essuyé de lourdes pertes sur son dernier exercice financier, d'économiser jusqu'à 10 millions de livres (près de 12 millions d'euros), a ajouté l'ex-compagnie nationale du Royaume-Uni.
Le directeur général de BA, Willie Walsh, qui avait lui-même donné l'exemple en renonçant à un mois de salaire, s'est félicité de la "réponse fantastique" des employés, et les a remerciés d'aider le groupe "à sortir de cette période de difficulté".
Le groupe a ajouté qu'il pourrait proposer à nouveau d'ici la fin de l'année des mesures similaires aux salariés n'ayant pas pris part à ce programme d'économies.
EXEMPLE D'UN PEUPLE QUI CONNAIT LA VALEUR TRAVAIL
Mitterrand ministre de Sarkozy
Avec un tel patronyme dans un gouvernement de droite, la nomination de Frédéric Mitterrand ne pouvait pas passer inaperçue. Mais au-delà du symbole, c'est bien un homme de lettres et de culture, écrivain, producteur de télévision et de cinéma, qui s'installe rue de Valois, et pas seulement le neveu de Tonton !
On sent de la jubilation chez Frédéric Mitterrand (photo AFP). Devenir le ministre de la Culture de Sarkozy est pour lui "une tâche exaltante et un honneur". Il a accepté immédiatement la proposition de Sarkozy "ne serait-ce que pour voir la 'tête de Jack Lang devant son poste de télévision" et, ne pouvant tenir sa langue, il a annoncé lui-même aux médias sa nomination.
A 61 ans, le directeur de la Villa Médicis, à Rome, où il n'a passé que 10 mois, se sent prêt : "C'est un poste difficile et je mesure la difficulté de certains dossiers, tels que la loi sur le piratage, l'état de la presse, la télévision publique. La villa Médicis est un peu un concentré d'un ministère et j'entends bien ne pas me faire dévorer par les problèmes internes et la technostructure", a-t-il déclaré.
Un homme de lettres et de cinéma
Après des études au lycée Janson-de-Sailly, diplômé de Sciences-Po Paris, Frédéric Mitterrand devient directeur d'une chaîne de cinémas d'art et d'essai parisiens, avant de passer lui-même derrière la caméra. Il réalise documentaires et longs-métrages, dont Madame Butterfly, salué par la critique. Ecrivain, il raconte en 2005 dans "La Mauvaise Vie", ses amours et sa quête des plaisirs homosexuels, "une vie infirme, tout de refoulements et de frustrations".
Un homme de télévision
Mais le grand public le connait surtout comme homme de télévision. Depuis 1981, il produit et anime plusieurs émissions notamment Etoiles, et toiles sur TF1, chaîne qu'il quittera avec fracas lors de sa privatisation en 1988 : "Ils n'aiment ni les Noirs, ni les Arabes, ni les pédés, ni les gens de gauche. Autant dire que je n'avais pas beaucoup d'avenir". Il continue avec succès sur le service public, passionné de stars et de têtes couronnées, narrant leurs destins de sa voix inimitable. Le "bonsouaaarrr" lancé à chacune de ses apparitions devient culte. Il a aussi été directeur général de TV5 Monde avant de partir pour Rome, et comptait animer à la rentrée une émission culturelle sur le cable, depuis la villa Médicis.
Si Frédéric Mitterrand n'a jamais vraiment été engagé politiquement, il avait rejoint les Radicaux de Gauche en 1993, avant de se prononcer en faveur de Jacques Chirac en 1995. Dans les milieux culturels, sa nomination semble bien accueillie. Pierre Bergé se réjouit de son entrée au gouvernement, car son action devrait "s'inscrire dans la foulée de Jack Lang", un sacré compliment de sa part !
Marie-Pierre Parlange
mercredi 24 juin 2009
Patronyme
L'éditorialiste du journal du Parti Socialiste nous sort une page pleine d'amertume, sachant que ce nouveau gouvernement va réussir, il tente d'éreinter, en vain. Pauvre JOFFRIN.
C'est ce qu'on pourrait appeler une nomination calembour. Mitterrand arrive au pouvoir sous Sarkozy: la force d'un patronyme ainsi arraisonné colore un remaniement pour le reste fondu dans la grisaille. Voilà une bonne farce servie à la gauche, qui sait bien que le neveu vif-argent n'est guère fidèle à l'oncle tutélaire, mais qui devra supporter néanmoins les inconvénients de cette niche familiale et homonymique.
De quoi Mitterrand est-il le nom? D'une ouverture vers le glamour, à coup sûr, mais d'une certaine fermeture politique. L'homme est charmant, ductile, chaleureux et ouvert sur la culture d'aujourd'hui. Dandy télégénique et cocasse, il est aussi empreint d'une certaine gravité que la vie lui a enseignée, agile avec les mots et les images et surtout homme de spectacle, un peu comme le Président.
Il a suivi un itinéraire scintillant, prenant la filière Carla Bruni bien plus que celle de l'UMP, produit de la culture bobo, frotté à la gauche quoique somme toute distant et froid à son égard. Une ouverture culturelle, donc, mais aussi une certaine fermeture politique. Ce Mitterrand fut peu mitterrandiste et bien plus chiraquien, sur le tard, avec un peu d'affectation. Il décore surtout un gouvernement d'où les traces de gauche s'effacent comme sur une vieille pellicule. Iago Besson a définitivement tourné sa veste et Tintin Kouchner pèse si peu. Pour le reste, on ne voit que des UMPistes et des lampistes. Une garde sarkozienne compacte et efficace. L'ouverture, somme toute, aura duré ce que durent les roses sur un champ de bataille, l'espace d'une manœuvre.
mardi 23 juin 2009
Au Congrès, "le PS s'est ridiculisé"
Le député François Loncle est socialiste. Il n'était pas présent au Congrès, réuni lundi à Versailles. Parce qu'il était occupé à Strasbourg. Parce qu'il ne voulait pas, surtout, assister à l'adresse solennelle de Nicolas Sarkozy. Furieux, Loncle ne mâche pas ses mots contre le parti socialiste : "Le PS s'est ridiculisé en assistant à cette cérémonie où le chef de l'Etat est arrivé comme la reine d'Angleterre, avant de s'en aller sans débattre, une fois son discours achevé. Le tout dans un décor digne de l'Ancien régime. La position mi-chèvre, mi-choux des parlementaires socialistes - on assiste au discours, puis on s'en va, sans débattre - ne tient pas." Lui voulait que ses camarades boudent ce grand raout. Comme les Verts et les communistes. "De la sorte, on aurait transformé ce congrès en congrès de l'UMP à Versailles. Ca aurait eu de la gueule!" Une proposition qui n'a pas été retenue...
Frédéric Mitterrand confirme son arrivée à la Culture
Frédéric Mitterrand a confirmé, mardi midi sur France 2, qu'il rentrerait au ministère de la Culture lors du remaniement du gouvernement annoncé pour mercredi. Il s'agit "d'une tâche exaltante et d'un honneur", a déclaré le neveu de l'ancien président socialiste François Mitterrand. Alors qu'on l'interrogeait sur ceux qui demanderaient s'il était toujours de gauche, Frédéric Mitterrand a répondu : "je leur laisse le soin de répondre à la question. François Mitterrand quand il ne voulait pas répondre ne répondait pas. Je suis pareil", a-t-il estimé, ajoutant : "Nicolas Sarkozy a bien été ministre au temps de Mitterrand". L'actuel président de la République était en effet ministre du Budget et porte-parole du gouvernement d'Edouard Balladur de 1993 à 1995 durant la deuxième cohabitation.
Selon nos informations, Frédéric Mitterrand a organisé un pot d'adieu à la villa Médicis lundi soir. Au cours de cette petite sauterie, qu'il a lui même qualifiée "d'adieux très émouvants", il a annoncé à ses collaborateurs qu'il quittait Rome pour rejoindre Paris aujourd'hui même, confirmant à ses proches les rumeurs sur sa nomination au ministère de la Culture en lieu et place de Christine Albanel. Et ce, un an seulement après sa nomination dans la capitale italienne.
Nicolas Sarkozy reprocherait à Christine Albanel d'être "trop triste"
Nicolas Sarkozy poursuit ainsi son marché des personnalités de gauche. Selon des sources proches de l'Élysée, le chef de l'État reprocherait à Christine Albanel, non pas son travail, mais d'être "trop triste". La Culture est aussi le seul poste qui permet aisément de réaliser des prises à gauche. Frédéric Mitterrand est entré dans les petits papiers du chef de l'État il y a tout juste un an, le 4 juin 2008, au moment de sa nomination à Rome. Âgé de 62 ans, Frédéric Mitterrand exerçait jusqu'à cette date des fonctions de directeur général (en charge des programmes) de TV5 Monde. Il fut aussi animateur sur la chaîne Pink TV. Il est l'auteur d'une douzaine d'ouvrages, dont La Mauvaise Vie , salué par la critique, dans lequel il confie ses doutes avec franchise. Frédéric Mitterrand avait reçu mission d'ouvrir la villa Médicis au public.
En mars dernier, Frédéric Mitterrand signait un contrat avec le groupe TF1. Il devait, à partir de septembre prochain, animer une fois par mois une émission culturelle sur la chaîne Odyssée (groupe TF1) depuis la somptueuse villa Médicis. L'émission devait également être retransmise sur TV5 Monde, avec pour parrain la chaîne hôtelière Sofitel.
Iran : Ahmadinejad prêtera serment cet été
MINUTE PAR MINUTE La plus haute autorité juridique dit n'avoir constaté «aucune fraude» dans les résultats de l'élection présidentielle. Sur le terrain, la contestation s'essouffle.
10h36 : Confusion autour du rappel de l'ambassadeur iranien à Londres. Une source au ministère iranien des Affaires étrangères nie le rappel de l'ambassadeur d'Iran à Londres pour consultations, annoncé un peu plus tôt par l'agence officielle Irna citant un député.
La tension est forte entre l'Iran et la Grande-Bretagne. Téhéran accusant la Grande-Bretagne d'«ingérence» dans les affaires intérieures iraniennes, en référence au mouvement de protestation déclenché après la réélection du président Ahmadinejad. Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, avait violemment attaqué la Grande-Bretagne et sa «politique perverse» lors de la prière du vendredi de Téhéran. Lundi encore, le ministre des Affaires étrangères Manouchehr Mottaki a accusé Londres d'avoir «comploté contre l'élection présidentielle depuis plus de deux ans». Lundi, le Royaume-Uni a décidé de rapatrier les familles de son personnel d'ambassade et déconseillé à ses ressortissants de se rendre dans le pays pour des voyages non essentiels.
Parallèlement, une manifestation prévue aujourd'hui devant l'ambassade de Grande-Bretagne à Téhéran, à l'initiative d'associations d'étudiants iraniens, a été annulée après son interdiction par les autorités.
9h47 : Ahmadinejad prêtera serment entre le 26 juillet et le 19 août. Le président et le nouveau gouvernement iraniens prêteront serment devant le Parlement entre le 26 juillet et le 19 août, annonce l'agence officielle Irna.
8h49 : Pas d'annulation du scrutin. Le Conseil des Gardiens de la constitution, chargé de superviser les élections et de valider ses résultats, a exclu une annulation de la présidentielle comme le réclame le candidat malheureux Mir Hossein Moussavi, rapporte la télévision d'Etat. «Nous n'avons constaté aucune fraude ou infraction majeure. Par conséquent, il n'y pas de possibilité d'une annulation» du scrutin, a déclaré le porte-parole de cette instance Abbas Ali Kadkhodaie, selon la télévision en langue anglaise Press TV, qui dépend de la télévision d'Etat. Il a ajouté qu'»aucune des plaintes des candidats n'avait été acceptée», a rapporté mardi pour sa part le quotidien gouvernemental Iran. Le porte-parole avait concédé la veille que des cas d'irrégularité avaient bien été constatés avant d'ajouter qu'ils ne remettraient pas en cause le résultat.
En ce début de semaine, la contestation s'essouffle en Iran, marquée par la répression du week-end dernier. Lundi, seul un millier de personnes environ a manifesté à Téhéran. Sur le front diplomatique, alors que Téhéran a convoqué tous les ambassadeurs de l'UE en poste en Iran, les Vingt-Sept cherchent une réplique coordonnée. La présidence tchèque de l'Union a appelé lundi soir les pays membres à «convoquer» individuellement chacun des 27 ambassadeurs iraniens dans l'UE.
lundi 22 juin 2009
Ali Khamenei, l'énigme iranienne
PORTRAIT - Il contrôle l'armée, la justice, la télévision, les gardiens de la révolution et les milices. Le guide suprême de la République islamique iranienne va devoir trancher pour mettre un terme aux manifestations qui secouent Téhéran.
Il incarne tous les mystères du régime iranien. Aucun journaliste étranger n'a pu le rencontrer depuis vingt ans. L'ayatollah Ali Khamenei ne reçoit jamais les ambassadeurs accrédités en Iran. Et sa parole est des plus rares. Derrière ses lunettes en écaille, sa barbe blanche et son turban noir des descendants du Prophète, c'est pourtant ce personnage énigmatique qui est au centre de la République islamique - son très officiel Guide suprême - depuis la mort en 1989 de son fondateur, l'ayatollah Khomeyni. Ce septuagénaire, amateur de marche en montagne, doit trouver une issue à la pire crise politique qu'ait connue l'Iran depuis 1979, après la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad, vendredi, à la présidence de la République. Accéder aux demandes du perdant, Mir Hossein Moussavi, de faire revoter les Iraniens ? Ou céder au rouleau compresseur de la répression, quitte à pousser le vaincu dans la dissidence, en l'érigeant comme chef de l'opposition ?
L'heure du choix va bientôt sonner. Or, choisir n'est pas son fort. Sur le papier, pourtant, le numéro un du régime dispose des quasi-pleins pouvoirs. Il contrôle l'armée, la justice, la télévision, les gardiens de la révolution - donc le nucléaire -, sans oublier les milices bassidjs en charge de la défense du régime. Mais comme en Iran rien n'est jamais simple, le guide est entouré d'une armée de conseillers - 1 700 environ - et placé sous le regard d'une demi-douzaine d'instances de régulation du système. «Khamenei n'est en fait que le primus interpares (le premier parmi les égaux)», souligne un diplomate occidental. En clair, l'ultime arbitre entre factions rivales au sommet de l'État, le défenseur d'un consensus minimum pour sauver un régime, contesté dans la rue depuis bientôt une semaine.
Né dans la ville sainte de Mechhed dans l'est de l'Iran, Ali Khamenei étudia la philosophie islamique, avant de devenir ayatollah. Mais ses adversaires ont longtemps raillé ses connaissances religieuses plutôt limitées. Il fut l'une des principales figures de la révolution qui balaya le chah en 1979, derrière l'ayatollah Khomeyni, qui le nomma imam de la grande prière du vendredi à Téhéran, un poste influent auprès des foules. Deux ans plus tard, en 1981, il sera le premier religieux à être élu président de la République islamique. Tout au long de ses huit années à ce poste, Khamenei prendra soin de ne pas contrarier Khomeyni, refusant obstinément tout cessez-le-feu avec l'Irak pendant la guerre qui opposa les deux voisins. Pour de nombreux Iraniens, ces années à la présidence resteront celles qui ont vu l'Iran abandonner tous les espoirs de sécularisme. À la mort de Khomeyni, Khamenei est élu guide suprême par l'Assemblée des experts, un collège de 80 religieux, qui peut également le révoquer. Considéré comme un «dur», il freina la politique d'ouverture de la société et des institutions voulue par le président Mohammad Khatami entre 1997 et 2005. En 2006, Khamenei alla jusqu'à bloquer un décret autorisant l'entrée des femmes dans les stades.
Barack Obama n'ignore pas que c'est lui qui décidera, in fine, du sort du dialogue qu'il propose aux Iraniens. Mais comment entrer en contact avec ce pourfendeur virulent du «Grand Satan» ? «Le guide n'est pas prêt à une rencontre avec Obama», assure un diplomate iranien. Son conseiller diplomatique, Ali Akbar Velayati, qui est de nationalité américaine, par mariage, certainement. Mais Khamenei, qui n'est pas sorti de son pays depuis 1989, est-il réellement intéressé par une ouverture, qui pourrait conduire à la chute du régime ?
Ses déclarations sur le sujet entretiennent le flou. À Yazd, l'an passé, il affirmait qu'un rapprochement avec les États-Unis était «acceptable, dès lors qu'il servait les intérêts de l'Iran». Mais, après la main tendue d'Obama à l'occasion du Norouz - le Nouvel An iranien - douche froide au sommet de l'État : il ne s'agit que de «slogans», minimisa le guide.
En fait, sur cette question cruciale, «Khamenei hésite entre ceux qui pensent autour de lui que les divergences avec les États-Unis sont idéologiques et que le fossé ne peut être comblé ; et d'autres pour qui c'est d'abord une question d'intérêts pour l'Iran», écrit le centre d'études International Crisis Group.
Mais c'était avant l'élection présidentielle. Car, pour les sceptiques, la caution que le numéro un du régime apporta à la fraude montre clairement qu'il préfère voir l'Iran présidé par un dur comme Ahmadinejad, qui certes tendra la main à Obama, mais à un prix tel que ce dernier ne pourra que la refuser. Ce qui laissera à l'Iran le beau rôle de renvoyer sur l'Amérique la responsabilité d'un échec… Ces dernières années, ses relations avec le président sortant n'ont pas toujours été au beau fixe. Si le guide a défendu sa gestion du dossier nucléaire face aux Occidentaux, il a en revanche critiqué Ahmadinejad pour avoir laissé filer l'inflation.
Des rumeurs sur son état de santé alimentent régulièrement les spéculations sur la guerre de succession à laquelle se livreraient certains prétendants, dont Ali Akbar Rafsandjani, un autre pilier du régime, aujourd'hui dans le collimateur d'Ahmadinejad pour «avoir pioché dans les caisses de l'État». «Ne vous inquiétez pas pour la santé du guide. Il fait deux heures d'exercice chaque jour, il nage et il escalade encore facilement», raconte un de ses compagnons de randonnée sur les hauteurs de Téhéran. Père de six enfants, Ali Khamenei habite une demeure impériale du nord de Téhéran, mais est réputé mener une vie modeste. Ce rescapé d'une tentative d'assassinat, qui lui fit perdre l'usage de son bras droit en 1981, est désormais confronté à une autre bataille. Cruciale pour l'avenir de la République islamique.
À Téhéran, au cœur de la contestation
REPORTAGE - Des accrochages mortels ont opposé, samedi, les manifestants aux miliciens. Récit de la plus terrible journée qu'ait connue la capitale iranienne depuis le début des protestations.
«Je ne vois plus ! Je ne vois plus !», gémit la jeune Iranienne en manteau et foulard noir. Les joues pâles et les yeux rougis, elle s'écroule devant nous. Une femme légèrement plus âgée vient à son secours, en allumant un briquet devant son visage. «N'aie pas peur, ça va réduire les effets du gaz lacrymogène !», lance-t-elle. Un bourdonnement de Mobylettes se rapproche. Les bassidjis, sans doute - ces fameux miliciens pro-Ahmadinejad qui font la chasse aux manifestants. «Fermez la porte ! Ils vont tous nous tabasser !», murmure une voix masculine.
Dehors, l'avenue Amir-Abbad s'enfonce dans le chaos. Des rafales de tirs retentissent. Des cris résonnent dans les rues. Une odeur de pneus brûlés se faufile à travers le grillage. Tout le monde retient son souffle. Il fait chaud. Des sanglots explosent. Nous sommes une vingtaine de personnes réfugiées, malgré nous, dans la cage d'escalier de ce petit immeuble : des visiteurs de passage, surpris en pleine promenade par des colonnes de manifestants - qui étaient censées se concentrer sur l'avenue Azadi, plus au sud -, des femmes au foyer de retour de l'épicerie, prises au piège des barrages dressés par les forces anti-émeutes…
À nos côtés, les protestataires qui viennent de se glisser par la porte semblent plus que jamais déterminés à se battre. Ils reprennent leur respiration, avalent quelques gorgées d'eau fraîche, avant de repartir s'engouffrer dans le ventre de la contestation. «Je résisterai jusqu'à ce que je récupère mon vote», lance l'un d'entre eux, en disparaissant dans un nuage de fumée noire. «Mort au dictateur !», hurlent, au loin, les manifestants.
À l'extérieur, la police et les forces anti-émeutes quadrillent la ville. À cheval sur leurs motos, les bassidjis slaloment à travers les bennes à ordure en feu, renversées en pleine chaussée par les protestataires. Matraques en main, ils sont prêts à tabasser sans répit. Et pour cause. Ils ont désormais le feu vert pour faire usage de la force. Dans son prêche de la grande prière du vendredi, véritable discours de soutien à Mahmoud Ahmadinejad, l'ayatollah Khamenei s'est montré très clair : la fête est finie et les rassemblements doivent cesser. Sous peine d'être sévèrement réprimés. Mais les manifestants sont nombreux à avoir bravé, dès samedi, l'interdit.
«À bas le coup d'État !»
Faute de pouvoir emprunter pacifiquement, comme prévu, le même chemin que celui de lundi dernier, ils se sont rassemblés, pendant tout l'après-midi, en groupes dispersés à travers les ruelles qui entourent l'avenue Azadi. Barrages des forces de l'ordre oblige, des attroupements spontanés se sont alors improvisés à travers la ville : place Tohid, place Enghelab, avenue Amir-Abbad, avenue Fatemi, non loin du ministère de l'Intérieur - pointé du doigt dans les fraudes électorales du scrutin présidentiel du 12 juin. Ici et là, de violents affrontements ont opposé les manifestants et les miliciens.
Le silence, règle d'or des rassemblements précédents, est désormais rompu. «Ils nous ont volé notre vote ! Ils friment avec !», hurle un jeune homme, le visage recouvert d'un bandeau vert - la couleur de Mir Hossein Moussavi, le candidat malheureux aux élections, qui persiste à demander l'organisation d'une nouvelle élection. «À bas le coup d'État !», répliquent les passants. Sur les pancartes, portées à bout de bras, les slogans sont beaucoup plus acerbes. «Mahmoud commet des crimes ! Le guide le soutient !», peut-on lire en lettres persanes.
En plein milieu de l'avenue Amir-Abbad, un inconnu a même osé franchir la ligne rouge du système, en insultant directement, à la craie blanche, le numéro un du régime : «A mort Khamenei». Un pari à haut risque. Au mieux, les miliciens le roueront de coups. Au pire, il peut écoper d'une condamnation à la peine capitale. «D'autres manifestants se sont fait arrêter et tabasser pour beaucoup moins que ça», nous racontera plus tard, par téléphone, un étudiant. Exemple à l'appui : ce jeune homme au visage ensanglanté, titubant le long d'un trottoir, après avoir été roué de coups. Son crime : avoir arboré un ruban vert autour de son poignet - un signe de soutien à Moussavi, désormais perçu comme une marque d'opposition au régime. «Quelle tristesse», se désole l'étudiant, en fondant en larmes.
Éparpillées dans les attroupements, les femmes, elles, continuent à afficher un sang-froid à toute épreuve. «Frappe-le ! Frappe-le !», hurle, par la fenêtre de son appartement, une mère de famille en tchador fleuri, en encourageant un homme d'une cinquantaine d'années à jeter à terre un milicien. Perchés sur le toit d'en face, tout en haut des marches de notre petit immeuble-refuge, nous lui faisons signe de se taire. Un accident est vite arrivé, les miliciens étant armés. «Je n'ai plus rien à perdre !», rétorque-t-elle, avant de jeter des paquets de Kleenex aux manifestants blessés. Elle a ses raisons, sans doute. Sous le premier mandat d'Ahmadinejad, les femmes ont trinqué. De nombreuses activistes féministes se sont retrouvées sous les verrous. Leur magazine préféré (Zanan - «les femmes», en persan) a dû mettre la clé sous la porte. Et ce n'est qu'à l'issue d'une mobilisation massive que le Parlement conservateur a fini par renoncer à une loi encourageant la polygamie.
Mais aujourd'hui, c'est en tant que mères, avant-tout, que les Iraniennes veulent faire entendre leur voix. Sur une vidéo, capturée sur le portable d'un manifestant revenant de la place Azadi, le message est clair. On y voit, au milieu de la foule, une Iranienne voilée de noir, s'adresser aux jeunes, en levant les mains au ciel. «Je vous en supplie, restez, n'ayez pas peur ! J'ai vu de mes propres yeux des jeunes se faire tuer sur la place Vanak ! J'ai vu nos beaux étudiants se faire couper en petits morceaux ! Ne vous arrêtez pas ! Avancez ! Avancez ! Battez-vous pour votre avenir», hurle-t-elle, en référence aux victimes des violents accrochages de ces derniers jours, tandis que des coups retentissent dans le ciel.
L'habit ne fait pas le moine. Engoncée dans un tchador noir, Zahra, une modeste mère de famille de Shahriar - à une heure en voiture de Téhéran - nous raconte qu'elle a affrété quatre bus remplis de femmes et de jeunes pour venir à la manifestation du jour. «En 1979, nous avons cru à la révolution contre le chah. Pendant la guerre Iran-Irak, nous avons sacrifié des milliers de soldats qui sont morts au front pour défendre notre patrie. Aujourd'hui, cette République islamique aux soi-disant idéaux de justice et d'égalité est en train de tuer ses propres enfants ! C'est contre ces dérapages que nous nous érigeons, avant qu'il ne soit trop tard», insiste-t-elle. Avant d'ajouter : «Je suis inquiète, très inquiète.»
À Téhéran les agences de presse rapportent que dans une allocution publique, Mir Hossein Moussavi, nouveau symbole de la contestation iranienne, se serait dit «prêt au martyre» et «prêt à poursuivre la lutte». Il aurait également appelé à une grève générale s'il était amené à être arrêté. Mais dimanche soir, le candidat malheureux à la présidentielle a incité ses partisans «à la retenue», tout en maintenant que «protester contre la fraude est un droit». Mais jusqu'à quand la désobéissance sociale pourra-t-elle tenir ? «Nous manquons d'organisation», concède Reza, un ingénieur. «Et puis, combien de temps vais-je pouvoir manquer le travail pour aller manifester ? Mon patron va finir par me virer», dit-il. De plus, reconnaît Zahra, les portes se referment peu à peu.
«J'ai bien songé à réunir des mères de famille pour aller faire un sit-in à Qom, la ville sainte, pour y rencontrer de grands ayatollahs… Mais ont-ils vraiment le pouvoir de nous aider ?», dit-elle, en référence au contrôle renforcé des gardiens de la révolution dans les affaires du pays. Ce sont eux, dit-on, qui ont la confiance du guide suprême. Fermement critiquée pour sa couverture pro-Ahmadinejad, la télévision d'État continue, pourtant, à frapper fort. Un nouveau programme qui passe en boucle dresse un portrait, sans concession, des manifestants. On y voit défiler, le visage flouté, certains «repentis», qui racontent avoir agi sur ordre d'opposants au régime basé en Angleterre et en France. «Ils veulent nous faire passer pour des voyous. C'est le début de la fin», se désole Mehdi, un ouvrier, contacté par téléphone.
Neda, victime et icône
Un hélicoptère militaire rase le ciel. Des coups retentissent. Par la fenêtre du petit immeuble, nous voyons des manifestants se disperser dans la confusion. «Ils nous tuent ! Ils nous tuent !», hurle l'un d'entre eux. Le lendemain, nous apprendrons qu'une jeune femme, prénommée Neda, fait partie des victimes. Touchée à la poitrine, elle a succombé à ses blessures dans les bras de son professeur de musique. Elle venait d'avoir 26 ans. Sa vidéo, prise par un inconnu, a aussitôt fait le tour des sites Internet. Quelques minutes plus tard, les forces anti-émeutes dispersent les badauds.
La circulation reprend, comme si de rien n'était. Il est temps de partir, avant la prochaine tempête. Nous quittons notre petit immeuble, en empruntant un détour par l'avenue parallèle à Amir-Abbad. Puis nous longeons le dortoir des étudiants, attaqué dimanche soir, par les miliciens. La façade est calcinée. Les fenêtres ont volé en éclats. Le mur d'une chambre s'est même complètement effondré. «On nous a enfermés, on ne peut pas sortir», glisse un étudiant. «Mais s'il vous plaît, dites aux manifestants qu'on est avec eux», lance-t-il. Une prison virtuelle, à l'image de celle qui étouffe peu à peu les frondeurs de Téhéran.
Les armes redoutables de la répression en Iran
En coulisse, plusieurs centaines de personnes auraient été arrêtées depuis dix jours.
À terre ou via les airs. À coups de matraque ou de gaz lacrymogènes. Par canons à eau ou à balles réelles. Les autorités n'hésitent pas à recourir à une très large panoplie de moyens pour réprimer sévèrement les manifestants, ou intimider les responsables politiques et les envoyés spéciaux des journaux étrangers, qui ont dû finalement plier bagages. Depuis le discours vendredi d'Ali Khamenei, le guide suprême, qui ordonna aux protestataires de cesser leur fronde, la bride a été lâchée sur les unités antiémeutes. «Le régime a intégré le fait que le bilan de la répression peut être lourd, ça ne lui fait pas peur, explique un diplomate arabe à Téhéran. Dans un régime autoritaire, la violence fait partie de l'exercice du pouvoir», ajoute-t-il.
Chez les forces de l'ordre, la confrontation est conduite par un mélange de policiers antiémeutes, de miliciens islamiques du bassidj, de gardiens de la révolution (pasdarans) et d'éléments non identifiés. Une fois les rassemblements dispersés à coups de trique, des motos foncent sur les manifestants, qui refluent dans les ruelles adjacentes. En tandem souvent sur leurs deux-roues, les miliciens n'opèrent pas seuls : ils sont guidés par les hélicoptères blanc et bleu de la police, qui tournoient au-dessus d'eux.
«Les hélicoptères rendent compte immédiatement de ce qui se passe dans la rue», souligne un expert. Lundi dernier, les appareils de la municipalité de Téhéran auraient évalué à trois millions le nombre des participants à la marche pro-Moussavi. Du jamais-vu depuis la chute du Shah en 1979. D'où, selon certains, ces actes de vengeance perpétrés, quelques heures plus tard, dans les dortoirs de l'université de Téhéran, où cinq étudiants - trois filles et deux garçons - furent sauvagement assassinés. Leurs familles auraient reçu l'équivalent de 240 euros de compensation… Ils avaient été «vendus» par des indics, ou repérés par des caméras de surveillance installées dans les rues de la capitale.
Armés de machette
Avec leur casque et leur barbe de plusieurs jours, les bassidjis sont facilement reconnaissables. Dans les manifestations, certains sèment la terreur avec leur machette. «Ils viennent d'attaquer une fille», s'écriaient samedi des badauds, sur le boulevard Fatémi, non loin de la place de la Révolution, où deux mille intrépides venaient encore de défier le pouvoir. Sur le trottoir, deux bassidjis se hâtaient pour reculer ; l'un d'eux, la tête enveloppée dans un bandage. Le pouvoir n'en parle pas. Mais il y aurait aussi des pertes parmi les forces de l'ordre. Ces derniers mois, profitant de la proximité des marchés afghan et irakien, de plus en plus de familles, en effet, se sont armées.
Depuis plus d'une semaine, des unités pasdarans sont disséminées dans toute la ville de Téhéran. La journée, leur présence passe inaperçue au regard du profane. Le soir, en revanche, certains quartiers nord, haut lieu de la contestation, sont littéralement quadrillés par les gardiens de la révolution, qui multiplient les barrages, à partir de 22 heures. Et dès qu'un groupe de jeunes crie sa colère, les pasdarans n'hésitent pas à les tabasser copieusement. Certains sont même allés jusqu'à pénétrer dans un hôpital pour empêcher les chirurgiens d'opérer des manifestants blessés, selon un habitant du quartier de Vali Asr.
Dans leurs basses besognes, ils sont épaulés par les agents du ministère des Renseignements, qui écument les maisons pour faire stopper les cris d'«Allah Akbar» (Dieu est grand), scandés chaque nuit par des milliers de jeunes, depuis le toit de leurs immeubles. Redoutables grandes oreilles iraniennes : malgré les sanctions qui frappent la République islamique, en raison de ses ambitions nucléaires, elles ont encore réussi à acquérir du matériel sensible auprès de sociétés allemandes, pour mieux écouter les téléphones portables.
À la répression et aux arrestations s'ajoutent les manœuvres d'intimidation. Contre les dirigeants politiques réformateurs, qui ne veulent plus parler à la presse étrangère, de peur des représailles. Mais surtout contre ceux qui ont été arrêtés : «Avant de les libérer, raconte un autre diplomate, on leur fait comprendre que s'ils continuent de soutenir les frondeurs, leurs familles seront alors sérieusement inquiétées.»
Les pressions ont également redoublé contre la presse étrangère. Samedi, deux policiers se sont déplacés à notre hôtel, porteurs du message suivant : «Votre visa expire ce soir à minuit. N'essayez pas de prolonger votre séjour, vous serez dans l'illégalité. Personne ne pourra alors garantir votre sécurité.» Tous les journalistes étrangers ou presque devaient quitter Téhéran, ce week-end. Dimanche soir, un journaliste canadien de Newsweek a été arrêté.
Une prise de position attendue sur la burqa#
Bernard Accoyer s'est prononcé pour la création d'une mission d'enquête.
Nicolas Sarkozy doit prendre position aujourd'hui dans le débat sur la laïcité et les libertés publiques, réveillé par la polémique sur la burqa qui s'est brusquement enflammée avec la demande, par un groupe de parlementaires emmenés par l'élu PCF du Rhône André Gerin, d'une commission d'enquête parlementaire.
Le gouvernement n'a pas écarté l'idée de légiférer sur le port de ce voile intégral ne laissant paraître que les yeux, suscitant des réactions en cascade tout le week-end. Hier, le président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, a plaidé en faveur de la création d'une mission d'information parlementaire, chargée d'évaluer la situation, plutôt qu'une commission d'enquête jugée plus « comminatoire ». L'un des écueils principaux du débat est de « ne stigmatiser personne », a-t-il souligné.
Ce week-end, le Conseil français du culte musulman s'est montré très préoccupé par « la façon dont est évoqué le sujet ». « La pratique du port du niqab ou de la burqa (…) correspond à un usage très rare », défend cette instance représentative. Au contraire, Rama Yade a estimé samedi que le port de la burqa « est un phénomène qui se développe ».
Toutefois, l'idée de labourer à nouveau le délicat sujet de la laïcité et de l'expression des religions, alors que la loi de 2004 avait suscité tant de controverses, ne va pas sans inquiétudes. Le ministre de l'Immigration, Éric Besson, a émis publiquement des réserves. À gauche, Laurent Fabius et Martine Aubry ont mis en garde contre « les solutions simplistes » et la mise en cause de la religion musulmane.
Juridiquement, la question est complexe. La Chancellerie n'a pour l'instant pas été chargée de travaux préparatoires. Mais les débats autour de la loi de 2004 ont déjà souligné la grande difficulté de poser la norme. Une interdiction visant exclusivement le voile musulman risquerait de se trouver en opposition avec le principe de liberté de conscience et de religion. C'est pourquoi Luc Chatel a évoqué l'idée d'interdire le port « subi » de la burqa.
Les bassidji, milice poreuse du régime iranien
Ces petits gardiens de la Révolution composent une bonne partie de l'arsenal répressif du régime. Mais aussi nombreux soient-ils, leur soutien au Guide n'est pas indéfectible.
Lundi 15 juin, les bassidji ont tiré sur la foule. A l'arme automatique, ils ont abattu sept manifestants, des anonymes venus battre le pavé de l'avenue Azadi, l'artère principale de Téhéran. Mais qui sont ces miliciens, placés sous l'autorité des Gardes de la Révolution islamique?
"Leur origine remonte à la guerre entre l'Iran et l'Irak, juste après la révolution islamique, rappelle Azadeh Kian-Thiébaut, sociologue au centre Monde Iranien du CNRS. Ils constituaient alors un corps paramilitaire de volontaires, parfois très jeunes, puisque certains avaient 13 ou 14 ans."
En 1988, à la fin des hostilités, ils ne sont pas démantelés. Ali Khamenei, le successeur de Khomeini, décide d'en faire une force de répression interne, une milice morale en même temps qu'une soupape de sécurité. Formés par les vétérans de la "Guerre imposée", leur nombre croît de manière exponentielle. Aujourd'hui, selon les chiffres officiels, ils seraient plus de 4 millions, inféodés au Guide.
Jeunes défavorisés
Au contraire des pasdaran - la garde prétorienne du régime forte de 120 000 hommes - les bassidji ne sont pas un corps homogène. Pourtant, Azadeh Kian-Thiébaut en dresse le sociotype: "Ce sont majoritairement des jeunes de 20 à 30 ans, issus des couches populaires, notamment des banlieues les plus défavorisées de Téhéran".
Loin de tous être des bras idéologiques du régime, une bonne partie des bassidji a prêté allégeance à l'ayatollah Khamenei pour une raison plus matérielle que spirituelle: sortir de la misère. "Pour certains jeunes, entrer dans la milice permet d'avoir accès à un emploi rémunéré ou d'entrer à la l'université, puisque des quotas sont imposés", relève Azadeh Kian-Thiébaut.
Stigmatisés par la jeunesse pro-Moussavi, les martyrs d'hier ont perdu leur prestige. D'ailleurs, la sociologue estime que si la répression se durcit, "on risque d'assister à une fraction au sein des bassidji". Même enrôlés sous les prêches des mollahs, ces "gens du peuple" portent toujours l'habit civil.
dimanche 21 juin 2009
Neda, martyre de la contestation et icône du web
La communauté de Twitter a érigé en icône cette jeune Iranienne, dont la mort par balle a été filmée samedi durant les manifestations. Neda a donné un visage à la répression des opposants à Ahmadinejad.
Elle s'appelait Neda, probablement Neda Soltani. Cette jeune femme d'une vingtaine d'années ou moins (on parle de 16 ans) fait partie des dizaines de victimes de la répression des manifestations anti-Ahmadinejad, samedi à Téhéran. Atteinte d'une balle tirée de loin, elle s'est effondée au milieu de la panique, avant d'agoniser malgré l'aide qu'on tenté de lui prodiguer des passants.
Comme quelques autres des victimes de samedi, sa mort a été filmée par un manifestant, et diffusée sur Internet. La vidéo, mise en ligne surYoutube et Facebook, a été diffusée sur Twitter, le site de microblogging devenu l'un des rares canaux d'information encore ouverts sur la situation en Iran. Rapidement, les diverses versions de la vidéo atteignent plusieurs dizaines milliers de visionnages.
(La vidéo est disponible en suivant ce lien. Attention, ces images sont choquantes et ne doivent pas être visionnées par un public sensible. )
Mais un phénomène nouveau s'est produit : Neda a donné un visage au martyre des opposants à Ahmadinejad. En quelques instants, samedi soir, des centaines d'internautes ont fait de Neda une icône du mouvement iranien. Spontanément, ils ont créé ce qu'on nomme en jargon de twitter un «hashtag» : une convention, qui consiste à ajouter # avant un mot et à placer ce terme dans chaque twit, chaque petit message, qu'on diffuse autour d'un sujet, afin de permettre aux internautes intéressés de retrouver plus facilement les twits qui en parlent.
Des centaines de milliers de twits
Depuis une semaine, Twitter bruissait ainsi autour des hashtags #iranelection, #gr88 ou #stopahmadi. Samedi soir, #neda est apparu et devenu très rapiement l'un des hastags les plus employés.
Sur le site Twitterfall, qui permet de suivre en direct la production de twits sur un sujet, une recherche sur #neda donne un résultat impressionnant. Les messages s'enchaînent au rythme d'un par seconde ou plus. Des centaines de twitterers, usagers du service, relayent informations et opinions sur Neda. Certains discutent de la véracité des vidéos, d'autres demandent à ce qu'on «retwitte», qu'on reprenne les liens vers les films.
Sur Twitter, tout va très vite. Sur le web aussi. Sur Facebook, un groupe «Neda, ange de l'Iran» est né dans la nuit. Sur le moteur de recherche de blogs de Google, on trouve pas moins de 6.648 entrées au cours des seules 12 dernières heures. Partout, l'indignation, l'horreur devant ces images. Partout, ce message : diffusez cette vidéo, pour que le monde sache.
Internet est un outil de communication. Twitter, les blogs, sont devenus le receptacle de phénomènes informationnels qui agitent ainsi la toile, et qu'on regroupe sous le terme de «buzz» : un événément, une vidéo, une blague, peut se diffuser par capillarité à la vitesse de l'électricité ou de la fibre optique, de twit en blog, de forum en site, jusqu'à être visionné, lu, des millions de fois. C'est ce qui se produit avec Neda.
Reste à savoir si Internet, la plus puissante machine à communiquer jamais inventée par l'humanité, peut jouer un autre rôle que celui d'informateur. Et si la diffusion en masse des images de la mort de cette jeune Iranienne suffiront à faire plier le régime de Téhéran. Ce ne serait que justice : en Persan, Neda signifie «voix», ou encore «appel».
samedi 20 juin 2009
L'Iran, la liberté et le Guide suprême
EDITO En prenant parti sans réserve pour le président Mahmoud Ahmadinejad et en appelant hier l'opposition à rentrer dans le rang, le guide suprême de la révolution n'a pas mis un terme à la contestation en Iran.
Bien au contraire. La semaine de protestation contre le trucage des résultats de la présidentielle a ouvert les vannes d'une colère populaire qu'il sera difficile de contenir. Les prochains jours diront si l'intervention de l'ayatollah Khamenei suffira à calmer les esprits. On peut en douter, compte tenu de l'ampleur de la mobilisation.
Celle-ci ne date pas d'hier. Elle remonte à la période précédant l'élection et s'est amplifiée de semaine en semaine. Elle traduit un profond espoir de changement, suscité par la franchise inusitée du débat électoral, qui a pris de court les autorités et a trouvé des relais au sein de la hiérarchie chiite.
Ce que le Guide suprême ne comprend pas, c'est que la foule qui défile depuis huit jours pour protester contre la fraude électorale ne se mobilise pas seulement pour cela. Il ne s'agit pas de se battre pour tel ou tel candidat, dont on ignore d'ailleurs en quoi les programmes diffèrent réellement, mais bien de réclamer une vraie ouverture vers plus de liberté.
Il y a là une remise en cause des fondements de la République islamique qui ne va pas disparaître du jour au lendemain, même si, comme il est probable, le régime parvient à contenir l'aspect le plus visible du mouvement de contestation. La riposte du Guide suprême de la révolution est inquiétante parce qu'elle ne fait qu'exacerber les divisions et risque d'entraîner le pays dans une escalade de violence.
Censé rester au-dessus de la mêlée pour arbitrer les conflits qui surgissent entre les différents centres de pouvoir de la République islamique, l'ayatollah Khamenei est sorti de son rôle. En intervenant dès le soir du scrutin pour laisser proclamer un résultat jugé invraisemblable, le guide voulait écarter la menace que représentaient les partisans de Mir Hossein Moussavi. Il a manifestement sous-estimé la réaction populaire. Maintenant, il doit aller jusqu'au bout de sa démarche. Mais en s'identifiant à la cause de Mahmoud Ahmadinejad, il s'expose à devenir la cible des réformistes.Quant au président, contesté dans les urnes comme dans la rue, il ne doit plus sa légitimité qu'au Guide suprême.
Dans son discours lors de la prière du vendredi, l'ayatollah Khamenei a voulu réparer la cassure au sein du régime, reconnaissant ainsi la gravité de la situation. Mais il est douteux qu'il réussisse à rallier le clan des « réformistes », autour de Moussavi et des anciens présidents Rafsandjani et Khatami, dont les intérêts sont clairement menacés par Ahmadinejad.
Dans les allées du pouvoir, les camps sont bien définis et la bataille va se poursuivre. Dans les rues, il faut espérer que l'on évitera un bain de sang. Quoi qu'il arrive, la République islamique n'est pas sortie de la crise qui s'est ouverte lorsque les Iraniens ont entrevu la liberté.
LE GROS SONDAGE :Présidentielle : Sarkozy loin devant Royal ou Aubry
Le chef de l'État domine largement ses opposants selon la dernière enquête OpinionWay- « Le Figaro »-LCI.
C'était l'insulte suprême. Un an avant l'élection présidentielle de 2007, Dominique de Villepin prédisait la défaite du présidentiable Nicolas Sarkozy, car il n'était à ses yeux qu'un «candidat de premier tour». Deux ans plus tard, Nicolas Sarkozy est plus que jamais candidat de premier tour, mais évidemment, pas seulement de premier tour. «Ce qui compte, c'est d'être au deuxième tour, ensuite nous savons ce qu'il faut faire», confiait au Figaro, il y a quelques semaines, le secrétaire général de l'Élysée, Claude Guéant. Le dernier sondage OpinionWay-Le Figaro-LCI confirme que Nicolas Sarkozy domine largement le peloton de ses poursuivants. Si on rejouait aujourd'hui la course du premier tour, Sarkozy améliorerait de deux points son score de 2007 (31,18 %), avec 33 % des suffrages. Il creuserait également l'écart avec Ségolène Royal (21 %) et François Bayrou (13 %). Le Pen ne réussissant pas non plus à reconstituer un front du ras-le-bol face à Sarkozy.
Dans la cohorte des opposants au chef de l'État, Ségolène Royal est celle qui résiste le mieux à l'état de grâce présidentiel. François Bayrou décroche des 17 % du premier tour de la présidentielle et perd quatre points. Mais il chute d'encore plus haut si on se réfère au dernier sondage OpinionWay, où il talonnait Ségolène Royal, se plaçant un point seulement derrière la présidente de Poitou-Charentes qui obtient 21 %. Bayrou perd ainsi tout l'avantage qu'il avait engrangé dans l'opinion depuis deux ans.
«Il n'a pas cédé sur les réformes»
Autre enseignement de ce sondage : Ségolène Royal obtient deux points de plus que Martine Aubry (19 %) si celle-ci faisait face au chef de l'État. La première secrétaire du Parti socialiste paye là sans doute le mauvais score obtenu par les socialistes lors des élections européennes.
Vus de l'Élysée, les sondages confirment, depuis dix jours, que les Français «encouragent» Sarkozy à continuer les réformes. Les onze millions d'électeurs du premier tour lui donnent quitus de deux acquis : «il n'y a plus de désordre à droite» et il n'a pas cédé sur les réformes», fait remarquer un sondeur. Désordre et recul : ce sont les deux lignes rouges de l'électorat du premier tour. Entre le report de la réforme des lycées en décembre et la grève dans les universités, le président a failli être accusé de «chiraquisation». Mais pour le moment, ses électeurs lui accordent un brevet de bonne conduite.
vendredi 19 juin 2009
Bruxelles s'attaque à la main-mise américaine sur internet
La Commission européenne a réaffirmé la nécessité que l'Icann, le gestionnaire des noms de domaines sur Internet, rende des comptes au-delà du seul gouvernement américain.
Les grandes manoeuvres pour la gouvernance d'internet s'intensifient à quelques mois d'une échéance cruciale pouvant déboucher sur une réforme.
Jeudi, la Commission européenne a réaffirmé la nécessité d'une gestion plus internationale du réseau des réseaux, réclamant notamment que l'organisme chargé des noms de domaine rende des comptes au-delà du seul gouvernement américain.
Créée en 1998, l'Icaan est une organisation privée à but non lucratif qui centralise l'attribution des extensions de domaine (.com, .org..). Sa compétence est mondiale et ses décisions s'imposent à tous les Etats. Mais elle est de droit californien et liée par contrat au gouvernement américain (elle est concrètement sous la tutelle du ministère du commerce).
L'échéance du 30 septembre
Or ce contrat arrive à échéance le 30 septembre. L'occasion selon Bruxelles - mais aussi d'autres Etats comme la Chine -, de repenser la gouvernance d'internet.
Pour l'Europe, celle-ci doit dans l'avenir "tenir compte du rôle essentiel que le réseau mondial joue désormais pour tous les pays", selon le communiqué. "Dorénavant l'Icann devrait être tenu de rendre des comptes à la communauté de l'internet dans son ensemble, et pas seulement à un seul gouvernement."
La Commission justifie ses revendications par le poids de l'UE "qui représente à peine plus de 7% de la population mondiales mais 19% des internautes" et par l'importance d'Internet, qualifié de "ressource essentielle".
Tout en reconnaissant "le rôle central du secteur privé" dans la gestion au quotidien d'internet, elle demande qu'il soit "encadré par des lignes directrices précises procédant d'un dialogue international". Par exemple, explique-t-elle, les Etats pourraient se charger de définir les règles que l'ICANN devrait appliquer pour créer des noms de domaine personnalisés (permettant à un site web de remplacer le .com par n'importe quel autre suffixe).
Dans une communication au Parlement européen également publiée jeudi, "La gouvernance de l'internet: les prochaines étapes", la Commission formule par ailleurs des propositions pour "rendre la gouvernance de l'internet plus ouverte et transparente". Elle insiste sur le "principe de responsabilité, tant sur le plan interne (organes de décision et organisation générale de l'ICANN) que sur le plan externe (responsabilité multilatérale impliquant tous les pays du monde)". Une des solution concrète pour faire respecter ce principe serait que les décisions des organes de gouvernance puissent faire l'objet d'un "appel devant un tribunal indépendant".
Pas de consensus sur un organisme intergouvernemental
La Commission reconnaît que la supervision des activités de l'Icaan ne sera pas facile à mettre en oeuvre. Il "n'existe pas de consensus international sur la création d'un nouvel organisme intergouvernemental pouvant exercer un tel contrôle, ni sur la délégation de ces responsabilités vers un organisme existant."
La Commissaire chargée des nouvelles technologies, Viviane Reding, avait toutefois proposé début mai de créer un G12 de la gouvernance internet, avec le président de l'Icann, 2 représentants gouvernementaux chacun pour l'Amérique du Nord, celle du Sud, l'Europe et l'Afrique, et 3 pour le bloc Asie-Australie.
Philo
Il était temps que le Dr House, l'expert Horatio Caine de Miami et Jack Bauer remplacent Descartes, Kant et Spinoza. C'est chose faite depuis que plusieurs livres récents assurent que les séries télévisées américaines peuvent être utilisées comme exemples dans les épreuves philosophiques du bac. «Elles mettent en scène des personnages confrontés aux grands problèmes de l'existence», jure un professeur. Même si beaucoup de ces épisodes sont conclus par une «morale» qui rend souvent le téléspectateur perplexe, il n'empêche que la «quête de sens» est partout. Déjà de nombreuses publicités font référence aux questions essentielles : «Parce que je le vaux bien», rappelle Descartes et «Deviens ce que tu es» est une formule de Nietzsche. Outre l'avantage de réviser en regardant un prime time, décrypter ces nouveaux philosophes répond à une interrogation clé. Le «Où vais-je ?» n'est plus sans réponse : vers le meilleur audimat possible va de soi.
jeudi 18 juin 2009
Rachida Dati soigne sa sortie et compte ses soutiens
La ministre de la Justice, élue députée européenne en Ile-de-France, est reçue jeudi à l'Élysée par Claude Guéant.
À moins d'une surprise, Rachida Dati devrait quitter le gouvernement en début de semaine prochaine. Mais c'est mercredi que la page s'est tournée pour la ministre de la Justice. La garde des Sceaux a assisté le matin à ce qui sera vraisemblablement son dernier Conseil des ministres. L'après-midi, elle a filé à Bruxelles pour participer à une réunion du PPE, le groupe des députés de la droite européenne.
Rachida Dati a-t-elle du vague à l'âme ? Son entourage jure que non : «Elle n'est pas une nostalgique. Elle est sereine. Lorsqu'elle a accepté d'être candidate aux européennes, elle savait qu'elle devrait quitter le gouvernement.» Mercredi, la ministre est sortie de l'Élysée avec le sourire espiègle de celle qui repart déjà au combat.
Rachida Dati a, il est vrai, soigneusement préparé sa sortie, semant les petits cailloux qui, espère-t-elle, lui permettront de revenir au premier plan. Ses projets ? Probablement pas les régionales de 2010 mais les législatives de 2012 et les municipales à Paris en 2014. Rachida Dati veut creuser son sillon dans la capitale. Tout en multipliant les réunions de quartier dans le VIIe arrondissement de Paris, dont elle est maire, la ministre a compté ses soutiens politiques ces dernières semaines. Au point d'agacer jusqu'à l'Élysée. Samedi dernier, à 8 heures du matin, c'est avec le patron des députés UMP Jean-François Copé et le très chiraquien Christian Jacob qu'elle a pris son petit déjeuner. Un des participants affirme sans ciller qu'il n'a été question que de Génération France, le club de Copé. Mais, à l'Élysée, on s'agace du rapprochement de la ministre avec le maire de Meaux. Le secrétaire général de l'Élysée, Claude Guéant, doit d'ailleurs recevoir Rachida Dati jeudi pour évoquer le sujet avec elle.
Le livret de ses réformes
Plusieurs conseillers, pas toujours d'accord entre eux et pas toujours écoutés par la ministre, l'ont aussi aidée à bâtir une stratégie de communication cohérente vis-à-vis des parlementaires. «Son problème, c'était que les bottes Dior avaient éclipsé le travail de fond qu'elle a fait à la Chancellerie, résume l'un d'entre eux sous couvert d'anonymat. Il fallait qu'elle parle de ses réformes.» Oui, mais comment en parler ? À la télévision ? dans les journaux ? sur les radios ? Rachida Dati savait qu'elle serait toujours rattrapée par des questions sur ses relations avec le président, sa fille, ses erreurs de jugement.
Sans en informer ses équipes de la Chancellerie, elle a opté pour la publication d'un fascicule récapitulant toutes les réformes conduites à la Justice depuis son arrivée. Le titre de ce bilan en 102 pages ? «… Parce qu'il fallait réformer la justice de la France pour l'adapter au XXIe siècle…». Le livret a été envoyé ces derniers jours aux journalistes, aux parlementaires de la majorité et de l'opposition, aux 72 eurodéputés français qui partiront en juillet à Strasbourg, au conseil supérieur du notariat, à l'ordre des avocats, aux procureurs généraux, etc.
«Il a été tiré à 2 000 ou 3 000 exemplaires», affirme l'entourage de la ministre. Selon nos informations, 7 000 exemplaires auraient en fait été imprimés et 1 000 autres seraient en cours de réimpression. Quoi qu'il en soit, les parlementaires ont tous eu droit à une lettre d'accompagnement personnalisée. «Nous continuerons à travailler ensemble», assure la ministre dans ce courrier. La stratégie semble plutôt bien fonctionner. Rachida Dati a eu droit il y a une semaine à des applaudissements nourris des députés lors de la réunion du groupe UMP et mardi à un stylo offert par les sénateurs.
François Fillon: "je suis un vrai geek"
François Fillon se définit comme "un vrai geek" (fan d'informatique et de nouvelles technologies) dans un entretien au magazine SVM à paraître jeudi, où l'on apprend qu'il est récemment "passé au Mac" et s'amuse à "essayer toutes les nouveautés", citations de marques à l'appui.
"Je suis un vrai +geek+. Je veux essayer toutes les nouveautés. En ce moment, j'utilise principalement un iPhone 3G, un Nokia, un iPod nano et, côté photo, un Nikon D700 et un Panasonic Lumix", rapporte le Premier ministre.
Côté informatique, la marque à la pomme a nettement sa préférence: "Après avoir épuisé plus de trente PC, je suis passé au Mac, il y a six mois. J'utilise deux MacBook Pro - un pour le travail et l'autre pour mes besoins privés - et un iMac".
Interrogé sur sa première "émotion numérique", il évoque son "premier PC portable, un Toshiba T2100" et "la découverte de l'internet en 1993".
Affirmant lire la presse à la fois en ligne et sur papier, François Fillon cite parmi ses sites préférés "les sites des grands journaux français, anglais et américains", "NetNewsWire pour les flux RSS et Technorati pour les commentaires des blogs", "Le Journal du Geek" et "Dailymotion".
Seul bémol dans cette débauche numérique, le Premier ministre affirme que "malheureusement" son plus jeune fils de 8 ans possède aussi des consoles de jeux. "DS, Playstation et Wii. Mon épouse tente de contrôler", précise-t-il.
Sarkozy est-il dépassé ?
Etat de disgrâce. Il se bat avec son punch habituel, mais la belle machine sarkozyenne semble se dérégler sous la tempête financière. Enquête.
La casse des ministres
Avec la crise et l'impopularité, les réformes deviennent plus ardues à faire passer. Or, au lieu de conforter ses ministres en difficulté, il les déstabilise en les désavouant de manière plus ou moins explicite. Cela a commencé par Xavier Darcos et les lycées. Deux suppléants-Richard Descoings et Martin Hirsch-lui ont été adjoints pour régler-ou enterrer ?-le problème. Exit le chouchou Darcos comme pilier du gouvernement. Idem pour Valérie Pécresse, quasi dessaisie de son dossier, pour Fadela Amara, à qui on adjoint Yazid Sabeg, pour Yves Jégo, qui n'est plus que l'ombre de lui-même. Christine Albanel a appris en même temps que la presse la suppression de la publicité à la télévision, Eric Woerth les dernières mesures fiscales, Rachida Dati la suppression du juge d'instruction. Les colères présidentielles contre les ministres, « tous des nuls » , minent leur autorité. Des membres de gouvernement si affaiblis ne peuvent constituer un bouclier efficace pour le président. Du coup, il prend de plein fouet l'impopularité de l'exécutif. A cela il rétorque : « Ne vous en faites pas. On fait le boulot. L'impopularité, on n'y succombe pas. On verra où on en est dans trois ans. » Un pari.
L'exercice solitaire du pouvoir
« Si je ne fais pas tout moi-même, ça mer... » Ainsi Nicolas Sarkozy résume-t-il son attitude vis-à-vis de tous ceux qui pourraient faire le travail à sa place. Il a un goût immodéré pour la mise en scène personnelle, s'exposant sur tous les sujets, du plus modeste au plus noble. Il décide de tout, réduisant Matignon à une antichambre humiliante, salle d'attente précédant les arbitrages de l'Elysée. Les nominations, les déplacements, les annonces se succèdent à un rythme effréné. « Il en est devenu anxiogène au lieu de rassurer » , dit un de ses amis. Sous la Ve République, tous les présidents ont en réalité détenu l'essentiel du pouvoir. Mais ils étaient moins « agités », comme aurait dit Giscard. Cet activisme de Sarkozy l'avait servi comme candidat. Il le dessert sans doute comme président. Lui le nie : « Les Français veulent me voir à la barre . » Quitte à tanguer dangereusement.
Trop de réformes tuent la réforme
A vouloir tout entreprendre en même temps-une stratégie mûrement réfléchie-, on prend le risque de tout faire plus ou moins échouer. Les nerfs des catégories concernées sont à cran, tout autant que ceux des parlementaires pressés par l'Elysée d'en finir au plus vite, pour pouvoir passer à autre chose. Au départ, l'opinion a vaguement le tournis, mais contemple le spectacle plutôt épatée. Après les premières rebuffades et des compromis peu glorieux, le jugement se retourne. N'en fait-il pas trop, trop vite ? D'autres ont su laisser du temps au temps. Bilan de cette précipitation : Sarkozy est contraint de laisser un espace de discussion plus long que prévu, que ce soit pour les lycées, l'université ou les DOM-TOM. Le président, pourtant, n'en démord pas : « Donner du temps au temps, c'est l'argument de ceux qui ont renoncé à tout. Il faut agir. Tout se construit sur la fulgurance. » Avec ses retours de bâton...
Le vrai-faux calmant de la dépense
La paix sociale se paie. L'addition commence à se faire lourde. Certains hommes d'affaires parmi ses proches estiment qu'il a déjà trop dépensé : « Vu les mois épouvantables qui sont devant nous, Nicolas aurait dû attendre avant de lâcher. Il a cédé trop vite aux revendications sociales. » Résultat, il ne contente vraiment personne : les plus démunis pour qui l'on n'en fait jamais assez, et les décideurs économiques qui sont affolés par le dérapage des déficits et de la dette (voir graphiques) . Lui pense qu'il a tenu les cordons de la bourse relativement serrés : « On ne distribue pas le pognon qu'on n'a pas. » Question de point de vue. Certains, dans les rangs de la droite, lui reprochent un début de laxisme, voire une « chiraquisation ». François Bayrou fait de la question de la dette un point clé de ses futures campagnes. Tout dépend du moment où la reprise s'annoncera enfin. A temps pour éponger les déficits les plus criants ?
Le contre-pied idéologique
Nicolas Sarkozy s'est fait élire sur des postulats positifs : la croissance permettrait de travailler plus pour gagner plus, sur fond de libération des énergies, de récompense du mérite et de modernisation libérale du système. Patatras ! La crise l'induit à se faire le héraut d'une société d'assistanat et de dépenses publiques à tout-va prodiguées par un Etat soudain réhabilité. Il a du mal à convaincre, tant sa conversion apparente a été brutale. Il peut même irriter au plus haut point ses meilleurs soutiens : « Son histoire des trois tiers [partage des dividendes entre salariés, actionnaires et investissement] a rendu les responsables d'entreprises furieux, explique un député UMP. Ils ont l'impression d'un changement de régime. » Une « trahison » qui trouble les siens, mais qui n'est qu'apparente. Signe qu'il n'est pas vraiment « converti » à des idées sociali- santes, il plaide en privé pour une nouvelle forme de titrisation : « Les subprimes ont été une catastrophe. Il ne faut pas recommencer cette expérience. Mais la titrisation est essentielle pour l'économie. Elle est au coeur du dispositif. Sans elle l'économie mondiale ne peut pas marcher. La surface de prêt des banques doit être décuplée. C'est pourquoi il faut réinventer une titrisation vertueuse. » Pour l'instant, il n'a pas trouvé la formule, et le système bancaire semble gelé. « Magic Sarko » n'a pas pu opérer.
Le coût du mépris
Sarkozy ne peut s'empêcher de montrer son peu de considération pour de nombreuses catégories sociales : les banquiers (qu'il a traités de tous les noms depuis la crise), les militaires, les enseignants, les théâtreux, les fonctionnaires, les écrivains, les journalistes, qu'il a assaisonnés au gré des événements, répandant le ressentiment. Sa hargne n'épargne pas son propre entourage, qui subit ses colères quotidiennes contre le « boulot mal fait » . Même Claude Guéant en prend sa part. Si les conseillers se sont habitués à être rabroués par le chef, certains lui en veulent secrètement. Ce ne sont pas les meilleurs avocats du président.
L'usure de la com'
Jusqu'il y a peu, Nicolas Sarkozy pouvait compter sur la magie de son verbe. Il parlait et tout s'arrangeait. Aujourd'hui, s'il suscite toujours assez d'intérêt pour réunir des audiences flatteuses (respectivement 15 et 17 millions de téléspectateurs lors de ses deux dernières émissions de télévision), il ne parvient pas à retourner l'opinion. Les sondages défavorables succèdent régulièrement aux prestations médiatiques. « Le risque, estime le député villepiniste Hervé Mariton, c'est qu'il finisse par provoquer l'indifférence. » D'autant que les formules choisies pour faire passer des messages au pays sont contestables et contestées : interviewers trop mous, prompteurs mal déchiffrés, absence de conférence de presse ou de toute confrontation directe-et risquée-avec la presse. D'où un certain ennui et une perte d'impact... Le président, lui, persiste et signe, pensant toujours qu'il est le meilleur avocat de sa propre cause. Au royaume des aveugles...
La culture de la provocation
On ne sait s'il le fait exprès ou non, si ce sont des gaffes ou des flèches, mais avec Sarkozy les mots fusent. Et font parfois beaucoup de mal, mettant en péril ses objectifs. La saillie la plus spectaculaire de ces dernières semaines a visé les enseignants-chercheurs. « A budget comparable, un chercheur français publie de 30 à 50 % de moins qu'un chercheur britannique dans certains secteurs. Evidemment, si l'on ne veut pas voir cela, je vous remercie d'être venus, il y a de la lumière, c'est chauffé... » Ces propos, tenus le 22 janvier à l'Elysée, ont ulcéré le milieu universitaire, qui s'est senti humilié. Cette provocation a coûté cher au chef de l'Etat : la réforme du statut des enseignants-chercheurs a soudain été rejetée en bloc, même par les présidents d'université à qui elle donnait le pouvoir. Mais le chef de l'Etat ne résiste pas à dire le fond de sa pensée. Comme si cela le soulageait de ne rien dissimuler. Ainsi a-t-il lancé des phrases imprudentes comme : « Désormais, quand il y a une grève, personne ne s'en aperçoit » (il a admis l'avoir regrettée) ou « J'écoute ce qu'on me dit mais je n'en tiens pas compte » (il a dû se contredire ensuite), ou encore « On dit omniprésident. Je préfère qu'on dise ça plutôt que roi fainéant : on a connu... » (mettant en fureur tous les chiraquiens et consternant ses propres amis par son indélicatesse). A un secrétaire national de l'UMP qui faisait remarquer à un proche collaborateur du président qu' « un changement de méthode est indispensable, sinon il sera obligé d'en rabattre sur le fond », il a été répondu : « Les aspérités font partie d'un ensemble qui va avec le volontarisme de Nicolas Sarkozy. » Il ne changera donc pas. A ses risques et périls.
Le mépris des codes
C'est aussi une marque de fabrique du chef de l'Etat. Il pense utile de bousculer les usages selon lui désuets, quitte à être à la limite de la correction. Là aussi, dernier exemple en date, sa déclaration sur la saisine de la Commission de déontologie au sujet de la nomination du secrétaire général adjoint de l'Elysée, François Pérol, à la tête du nouvel ensemble formé par la réunion des Caisses d'épargne et des Banques populaires. A Rome, lors du sommet franco-italien du 24 février, Nicolas Sarkozy déclare devant la presse : « La Commission de déontologie a donné son point de vue. Il sera rendu public et vous verrez qu'une fois de plus, c'est la différence entre une polémique et un problème. De problème, il n'y en a pas. » Le hic, c'est que la commission, formellement, n'a pas été réunie. Seul son président a donné un avis personnel. D'où une polémique, pour le coup, dont se sont emparés tous les adversaires du chef de l'Etat, PS et MoDem en tête, portant préjudice à François Pérol, dont la nomination est entachée d'un soupçon d'illégalité. Cette désinvolture de Sarkozy à l'égard de règles selon lui par trop contraignantes le fait apparaître comme un dirigeant non respectueux des lois de la démocratie. Lorsqu'il critique une décision du Conseil constitutionnel sur les récidivistes, lorsqu'il met en cause l'impartialité du CSA en dénonçant l'hypocrisie de ses décisions passées, lorsqu'il fait la leçon aux parlementaires chaque fois qu'il les reçoit, il secoue le cocotier institutionnel, se créant nombre d'ennemis au passage. Sa désinvolture ne se limite pas à ce genre de mise en cause. Il « oublie » de faire prévenir des députés de sa venue chez eux, il lance l'idée de supprimer la taxe professionnelle sans avoir étudié sérieusement son remplacement, il annonce la suppression de la pub à la télé sur un coup de dés un jour de voeux... Vogue la galère, et tant pis si les grincheux râlent.
Une ouverture à double tranchant
L'arrivée de personnalités de gauche au gouvernement a été mal ressentie par beaucoup de sarkozystes historiques, créant un malaise. La persistance de cet objectif, à l'heure de la crise, est encore plus mal vécue. D'autant que les postes disponibles ne sont pas légion et les postulants à un portefeuille avant la fin du quinquennat de plus en plus nombreux. Les déçus sont tentés de se rapprocher de Jean-François Copé, qui se fait fort d'accueillir les orphelins du sarkozysme, évidemment pas pour leur vanter les mérites du régime. Autre forme d'« ouverture » risquée, celle aux minorités visibles. Rachida Dati a explosé en vol, Rama Yade est en disgrâce, Fadela Amara est à la peine... Encore des places « volées » à des mâles blancs et de moins en moins dans la ligne....
L'arrogance vis-à-vis de l'étranger
Le couple franco-allemand est en froid, les Britanniques vexés par les propos de Sarkozy sur l'inutilité de la baisse de la TVA et l'anéantissement de l'industrie au Royaume-Uni, les Tchèques furieux que le président fustige les délocalisations chez eux... Le chef de l'Etat a marqué des points pendant la présidence française, mais en a reperdu depuis par sa manière cavalière de parler de ses voisins. Ceux-ci sont exaspérés par les prétentions de l'hôte de l'Elysée à régenter le destin européen à sa façon. Ce n'est pas toujours la meilleure méthode pour obtenir des compromis favorables à la France.
Malgré tout, Nicolas Sarkozy garde le moral. Au point de préparer sa réélection, quoi qu'il en dise. Lors de son émission de télévision du 5 février, il a parlé de son « premier mandat » ... Et il analyse ses 37 % d'opinions favorables dans notre dernier baromètre Ipsos comme étant moins un désaveu qu'un excellent score de premier tour au scrutin suprême. Il rencontre des obstacles, commet des maladresses, change d'idée sous prétexte de pragmatisme, plie mais ne rompt pas. La rupture ? C'était hier. Vivement demain ! Comme disait Talleyrand, « en politique, il n'y a pas de convictions, il n'y a que des circonstances » . Sarkozy le bonapartiste ne le renierait pas.