mercredi 22 octobre 2014
Le balancement névrotique de la réforme
Qui croire ? Martine Aubry lorsqu’elle propose, avec les frondeurs, de réorienter 20 milliards d’euros de baisses de charges vers les ménages ? Le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, qui lui répond par la négative mais demande au Medef d’arrêter de « quémander toujours plus » ? Ou le sénateur PS Gérard Collomb, critique d’une ligne trop fluctuante, qui assène que l’« on ne peut prendre de mesures sociales fortes si on ne se donne pas les moyens d’une économie performante » ?
Dans cette cacophonie anxiogène, le Premier ministre surnage avec difficulté. Manuel Valls a beau se présenter en garant de la cohérence gouvernementale, le voilà dans le sable mouvant de la synthèse hollandaise, obligé de composer, d’équilibrer, de neutraliser pour éviter d’être englouti par l’absence de résultats. Comme si toute concession au principe de compétitivité passait par un retour à l’étatisme, rempart pour éviter tout procès en ultra-libéralisme.
Ainsi, sa politique de l’offre se double d’une relance de la demande, au prix de déficits persistants. Ainsi, sa déclaration d’amour à l’entreprise se trouve contrebalancée par des mesures abracadabrantesques en passe de jeter les patrons dans la rue : en un donnant-donnant névrotique, CICE et Pacte de responsabilité sont censés compenser les folies du compte pénibilité et le surréalisme des dispositions Hamon sur la cession d’entreprise…
Dans une conjoncture déprimée, le gouvernement est arrivé au bout de ce double langage permanent, de ces stratégies à trois bandes incompréhensibles, de cette quadrature budgétaire insoluble faute de réformes structurelles. Cette arithmétique politique a tué la confiance. Ite missa est.
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