dimanche 14 septembre 2014
Alzheimer : un gros pavé dans la mare
Il ressort très clairement d’une nouvelle étude que la prise de benzodiazépines augmente significativement l’apparition de la maladie d’Alzheimer.
Depuis la mise sur le marché du Valium (Diazepam) en 1963, toute une série de benzodiazépines a vu le jour. Elles sont utilisées pour de nombreuses applications, depuis les troubles du sommeil jusqu’aux crises d’épilepsie en passant par des relaxants musculaires et des antidépresseurs, l’une des principales applications pharmacologiques de cette classe de produits. Les benzodiazépines agissent sur le cerveau par synergie avec le récepteur de l’acide gamma-aminobutyrique (GABA), un important neurotransmetteur qui a pour rôle de réduire l’excitabilité neuronale. Alors que l’on connait très bien les effets négatifs de cette classe de produits sur la mémoire et les facultés cognitives, peu d’études sur le long terme et en fonction de la nature et de la posologie des benzodiazépines prescrites ont été entreprises avec un échantillon suffisamment large pour valider la présence effective d’une relation de cause à effet entre la prise de ces médicaments et l’apparition de démence type maladie d’Alzheimer.
C’est ce genre d’étude qui vient d’être publiée dans le British Medical Journal du 9 septembre. Cette étude réalisée en collaboration entre les Universités de Bordeaux et de Montréal porte sur 1796 personnes diagnostiquées comme souffrant de la maladie d’Alzheimer. Celles-ci ont été comparées à 7184 autres personnes indemnes de cette maladie, toutes originaires de la Province du Québec, sur la période 2000-2009, en regard de l’utilisation ou non de benzodiazépines, de leur nature et des durées de traitement.
Dans cette étude, le premier point important était de classer les personnes étudiées selon les benzodiazépines prescrites, qu’elles soient des anxiolytiques, des relaxants ou des hypnotiques, en fonction de leur temps de persistance dans le sang ou demi-vie, celle-ci pouvant varier de quelques heures, comme le Temazepam, à une semaine comme le Flurazepam.
Le deuxième critère important considéré était la durée des traitements qui ont été homogénéisés à des fins de comparaison en doses journalières prescrites faisant ressortir au moins trois types de traitements sur la durée, 3 mois, de 3 à 6 mois, et plus de 6 mois. Toutes les personnes à qui il n’avait jamais été prescrit une quelconque benzodiazépine ont servi de contrôle. Au cours de l’étude 894 personnes diagnostiquées comme souffrant de la maladie d’Alzheimer sur les 1796 (49,8%) avaient été ou étaient toujours traitées avec des benzodiazépines et 2873, parmi les 7184 servant de contrôles utilisaient des benzodiazépines. Toutes ces personnes étudiées étaient âgées de plus de 66 ans.
Il ressort très clairement de cette étude que, quelle que soit la méthode d’analyse statistique utilisée, la prise de benzodiazépines, quelle que soit également leur nature, augmente significativement le risque d’apparition de la maladie, ce risque augmente linéairement en fonction des doses quotidiennes prescrites et également en fonction des durées de vie des produits dans le sang. Pour des traitements ayant duré plus de 6 mois, le risque est doublé ! Pour les benzodiazépines à longue demi-vie, ce risque est accru de 70%. En moyennant tous les résultats, il ressort que la prise de benzodiazépines, en agrégeant leur nature et la durée de traitement, augmente de 50% le risque d’apparition de la maladie d’Alzheimer.
Reste à trouver une explication à cette découverte carrément alarmante sur des modèles animaux : la seule observation qui a pu être avancée est que l’usage prolongé de benzodiazépines induit une baisse du nombre de récepteurs de l’acide gamma-aminobutyrique du système nerveux central.
Source : British Medical Journal
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