TOUT EST DIT

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mardi 1 juillet 2014

La dette française tutoie les 2000 milliards d'euros

La dette publique a augmenté de 45,5 milliards entre le dernier trimestre 2013 et le premier trimestre 2014, pour atteindre 1985, 9 milliards d'euros fin mars.
Le gouvernement se serait bien passé lundi matin de la publication du nouveau chiffre de la dette française. Un chiffre qui va venir s'insérer dans les discussions houleuses que l'exécutif a, en ce moment même, sur les questions de finances publiques avec sa majorité. Ce lundi, l'Insee a annoncé que l'endettement avait atteint 93,6 % du PIB à la fin mars. Dit autrement, la dette atteignait 1 985,9 milliards d'euros à la fin du premier trimestre 2014, en forte hausse de 45,5 milliards par rapport au trimestre précédent. À ce rythme-là, il est fort probable qu'elle ait donc aujourd'hui dépassé le plafond hautement symbolique de 2000 milliards. Et si ce n'est pas le cas au milliard près, c'est une question de semaines…

Dans le détail, c'est l'État qui a généré en ce début d'année la plus grande augmentation (+43,3 milliards), puis les administrations de Sécurité sociale (+4,6 milliards). À l'inverse, la contribution à la dette des administrations publiques locales a baissé de 2,1 milliards.
Ce chiffre, aussi alarmant soit-il, ne va pas se traduire par un désintérêt soudain des investisseurs pour notre dette. La France emprunte actuellement à un prix très bas sur les marchés financiers - tellement bas que la loi de finances rectificative pour 2014 a permis de réduire de 1,8 milliard d'euros cette année les charges de la dette par rapport à ce qui était prévu.

Sonnette d'alarme

Et ni les économistes ni l'exécutif ne prévoient de vrai mouvement à la hausse à court terme. D'autant que le chiffre publié hier «n'est pas la traduction d'une dégradation subite de la situation ; les variations trimestrielles, qui s'expliquent par des éléments techniques de trésorerie, sont à prendre avec beaucoup de précautions», défend-on à Bercy.
Il n'empêche. Cela fait quand même de nombreux mois - voire de nombreuses années - que la situation de notre endettement inquiète. Dans son rapport sur «La France en 2025» remis la semaine dernière au président de la République, le commissaire général à la stratégie et à la prospective, Jean Pisani-Ferry, prévenait qu'«il faut être conscient que celui-ci nous expose à des tensions sur le refinancement de l'État en cas de remontée de l'aversion pour le risque sur les marchés financiers». Et rappelle que notre ratio de dette publique était dans les années 1990 «sensiblement inférieur à la moyenne ; il est aujourd'hui un peu supérieur» à ceux des pays de l'OCDE avec lesquels nous pouvons nous comparer.
La Cour des comptes, elle, tire régulièrement la sonnette d'alarme sur le sujet. Cela fait longtemps que son premier président, Didier Migaud, juge que le niveau atteint par la dette «place notre pays dans une zone dangereuse» et que «les efforts jusqu'ici engagés ne suffisent pas à nous en dégager».
Preuve, s'il en fallait encore, que l'État ne peut se permettre de se relâcher sur le déficit public. Que, même si le sujet est compliqué politiquement, le gouvernement ne doit plus donner gain de cause aux «frondeurs» sans que les mesures annoncées ne soient financées. Sinon, c'est un scénario déjà fragile - qui prévoit encore un déficit public ramené à 3 % du PIB l'an prochain - qui serait totalement remis en cause.

Un chiffre doubléen onze ans

Il aura fallu 11 ans pour que la dette française double de volume! C'est en effet au deuxième trimestre 2003 qu'elle avait atteint 1000 milliards d'euros. A la fin de cette année-là, l'endettement atteignait 63 % du PIB. La France n'a, depuis cette date, jamais réussi à tenir sa dette en dessous des 60 %, un chiffre pourtant préconisé par le traité de Maastricht. De déficits annuels en déficits annuels, la dette avait commencé à exploser à partir des années 1990.

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