TOUT EST DIT

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lundi 16 juin 2014

Voies de garage

Voies de garage


Rendons au moins cette grâce aux « irréductibles » cheminots grévistes : dans leur insupportable égoïsme, ils nous ont épargné l'habituel « bachotage » journalistique sur l'utilité de cet examen qui ne sert plus à rien puisque 95 % des candidats (redoublements et repêchages compris) l'obtiennent… sauf s'ils ont raté leur train ! Les cégétistes du rail ont ainsi contribué à redonner tout son lustre à cet examen totalement déprécié. Au-delà du stress réel subi par les familles et les candidats, le sabotage des épreuves, par une minorité d'irresponsables, prend même l'allure d'une catastrophe nationale. Le gouvernement n'a pas été le dernier à brandir le caractère « sacré » du bachot pour renforcer l'impopularité de la grève dans l'opinion et jouer le pourrissement de la situation.
On aurait préféré que soit affichée, en amont, plus de fermeté par l'exécutif avant qu'il ne se résolve, impuissant, à tirer le signal d'alarme. Pour tout dire, le gouvernement, après de multiples réunions préparatoires sur la réforme ferroviaire, n'avait guère misé que sur une petite grève de principe. Las ! On n'est jamais si bien trahi que par les siens.
Le plus drôle (!) serait que, par leur action incontrôlable, les grévistes donnent des billes à ceux qui prônent, depuis des années, la fin du baccalauréat sous sa forme actuelle. Personne n'ose trop le souligner pour le moment, mais nombreux sont ceux qui prendront bientôt le train en marche – si l'on peut dire – pour dire que le bac est un « machin » trop complexe et trop coûteux (150 millions d'euros) pour son résultat.
Ce qui renvoie aux difficultés de réformer dans ce pays en raison des blocages corporatistes ou syndicaux. La réforme du bac, vers plus de contrôle continu, mettrait un terme aux années scolaires tronquées dans les lycées pour cause de mobilisation des locaux et des enseignants. Le mythe du diplôme national ne résiste pas aux 52 % d'échecs enregistrés dès la première année de fac. Au nom du refus utopique de la sélection, comme au nom de la préservation du statut cheminot, notre société préfère multiplier les voies de garage.

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