mardi 10 juin 2014
Nicolas Sarkozy ou le syndrome de Monte-Cristo
Houba! Houba! Encore un peu et il ferait des bonds de Marsupilami. Son œil droit pétille de gaité. Le gauche pourtant reste un peu triste. Cette fois, le sort en est jeté! Nicolas a déterré la hache de guerre. N'est-ce pas ce qu'il souhaitait? Revenir!
Si c'était aussi simple! Comme la plupart des hommes, Nicolas est multiple. D'un côté il s'est confortablement installé dans sa nouvelle vie. Il y a Carla, si belle, la petite Giulia qui est à croquer, les conférences à travers le monde, les bravos sans arrière pensée, la liberté.
De l'autre, le comte de Monte Cristo n'est jamais parvenu pas se contenter de sa bonne fortune. A cause des affaires. Depuis des années elles tournent et vrombissent autour de Nicolas. Comme des mouches. Il y a eu Clearsteam. Puis Bettencourt. Il en est sorti blanchi. Restent Karachi, Khadafi, Tapie et maintenant on voudrait lui faire porter le chapeau des fausses factures de Bygmalion. C'est la goutte qui a fait déborder le vase.
Sous ce déluge, un autre se serait flingué. Ou exilé. Il n'y a jamais pensé. Edmond Dantès est revenu pour ruiner la vie de ceux qui l'avaient fait incarcérer au château d'If. Nicolas a envoyé ses Grognards en avant garde. Ils portaient une bombe. Elle a éclaté tandis qu'il était encore en Russie où il a longuement devisé avec Vladimir Poutine. Volodia n'est pas un saint mais le faire passer pour le diable est bien dans la manière des Tartuffe, ces donneurs de leçons qui ne se les appliquent jamais à eux-mêmes.
Joli coup! Nul ne s'attendait à cette volte face. L'affaire Bygmalion qui lui a valu de chuter dans les sondages, a été pulvérisée par la nouvelle du retour de Nicolas sur la scène. Il est «nécessaire» a dit Brice Hortefeux. Il serait imminent a aussitôt relayé la presse.
Ah les médias! Comment se passer de ce tambour quand on veut occuper toute la place? Mais aussi quel ramassis de faux jetons! Ils vous picorent dans la main et puis ils vous plantent un couteau dans le dos. Mais c'est peut être de bonne guerre.
N'empêchent, les déclarations de Brice, son côté pince sans rire est décidément inimitable, ont semé la zizanie dans le Landerneau d'une droite qui depuis deux ans se saborde elle même. Le triumvirat qui a joyeusement violé les statuts de l'UMP, s'y raccroche comme à un radeau. Les seconds couteaux, qui se voyaient déjà en haut de l'affiche, serrent les fesses. Un vrai plaisir!
Et chaque commentateur de se gargariser: nous vous l'avions bien dit, Nicolas ne pense qu'à ça!
Nicolas a haussé une épaule, puis l'autre. Une petite chouquette? Il refuse. Non, non, il ne boude pas. Il réfléchit. Sa stratégie est sans dessus dessous. Lui ce qu'il souhaitait c'est revenir comme le Général en 1958. En sauveur d'une France à la dérive.
Et il n'avait plus si longtemps à attendre. Malgré l'arrivée de Manuel Valls à Matignon. Car il peut faire quoi son émule, son semblable? Secouer Hollande ? Mais comment obtenir d'une tortue qu'elle accélère le pas?
Nicolas voulait se donner encore un peu de temps. Du temps pour les vacances. Du temps pour faire semblant d'hésiter. Du temps parce que dans sa vie, jusqu'en 2012, il n'en avait jamais pris. Du temps parce qu'il est bon, au fond, de le laisser s'écouler auprès des siens, de ceux qu'on aime.
Ils sont vraiment trop cons, ceux qui croient que Nicolas n'a que l'ambition vissée au corps et le goût du pouvoir comme raison d'être. Jadis, peut être. Et encore!
Ce qu'il voulait… Que veulent les enfants tristes sinon être aimés?
Quand ils grandissent, bien sûr, ca devient beaucoup plus compliqué. On distribue des coups. On en reçoit. Des cicatrices? Il pourrait en montrer. Et quelques unes ne sont pas belles à voir. Elles suppurent. Mais ce sont précisément ces blessures qui lui donnent un accent de vérité lorsqu'il s'adresse au peuple de France. Et ce vieux peuple a cru en lui.
Son œil droit ne rit plus. Le gauche a presque envie de pleurer. Nicolas sait bien qu'il a tout gâché. La foi qu'il avait soulevée en 2007, même chez Jean Jaurès à Carmaux, il l'a gaspillé!
L'avouer? Ca servirait à quoi? Ce qu'il veut c'est recréer cet élan qui le portait et cet espoir qu'il a incarné. Le pouvoir, aujourd'hui il le sait, n'est qu'un hochet. N'importe qui peut en jouer. En user. Ou même en abuser. Mais le sang qui bat soudain à vos tempes quand un peuple debout vous accorde sa confiance…
Nicolas n'a plus du tout envie de faire Houba! Houba! Il a posé sa tête sur les genoux de Carla. Elle caresse ses cheveux qui grisonnent. Elle fredonne: Doux mon Raymond, doux… Il a fermé les yeux. Et dans son rêve, ceux de Carmaux, ceux des usines qui ferment, ceux qui n'ont plus rien et que le monde effraye, reviennent vers lui, lui pardonnent.
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