TOUT EST DIT

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mercredi 28 mai 2014

La France a peur

La France a peur


La France est un pays fiévreux. La politique, un jeu brutal. Nous assistons, depuis trois jours, à une fusillade. Ça tire de tous les côtés. On ne sait pas bien qui est avec qui, qui a dégainé le premier, qui va s'en tirer ni qui va y rester. On déplore des pertes : Jérôme Lavrilleux, Guy Alvès et Bastien Millot (Bygmalion), Jean-François Copé, mais aussi Manuel Valls et, rien de moins, le président de la République, François Hollande. Pour l'instant, Nicolas Sarkozy parvient plus ou moins à passer entre les balles, tandis que ceux à qui la situation profite, François Fillon, Alain Juppé et les quadra Le Maire, NKM et Bertrand ne vont pas tarder à se pilonner les uns les autres. Autour de l'Assemblée nationale résonne la musique sifflante qu'Ennio Morricone avait composée pour Le Bon, la Brute et le Truand. Marine Le Pen triomphe.
À part le Front national, aucun parti ne tient debout, tandis que le pouvoir exécutif récolte à peine plus de 13 % d'approbation dans la population - autant dire que plus personne ne lui fait confiance. Le chef de l'État a fait une étrange apparition, comme un hologramme au milieu des bombes, dont on n'a absolument rien retenu. Le Premier ministre, malgré ce qui ressemble furieusement à une crise de régime, a indiqué qu'il allait continuer comme avant. À gauche, certains estiment que c'est le moment d'organiser une "marche citoyenne contre le racisme" ou quelque chose de semblable (pourquoi pas un concert de Yannick Noah ? Marine Le Pen pourrait prendre le pouvoir par les armes avec le soutien du peuple !). À droite, c'est le Far West. Que reste-t-il de la cinquième économie du monde ?

Notre État craque de toute part

La France change. La France change et elle n'en a pas envie. Mais la France est obligée de changer, parce que le monde a changé. Alors elle s'y adapte contre son gré : l'industrie a presque disparu ; les meilleurs diplômes ne suffisent plus pour trouver du travail ; des écoles, des maternités, des casernes ferment leurs portes ; tout est devenu cher ; les petits commerces de jadis ont laissé la place à des hypermarchés cauchemardesques ; des départements entiers sont en voie de désertification, d'autres sont en proie à la violence ; on ne sait plus apprendre à lire et à écrire ; les jeunes qui le peuvent s'en vont, les autres accordent leur suffrage à l'extrême droite. Souterrainement, un État impotent, craquant de toute part, maintient la population en soins palliatifs. Préférant la ration à la réforme, l'ajustement au changement, l'hypocrisie à la vérité, notre pays est en train de faire naufrage.
Sa population change, aussi. On ne peut pas lire les 25 % du Front national sans s'éclairer des lumières de l'immigration de masse, qui a transformé à son insu un peuple qu'on n'a guère consulté sur le sujet. Dans le RER, on croise des femmes en tchador et des hommes en djellaba, barbus jusqu'au torse. Ça n'est pas un fantasme, c'est la réalité quotidienne de centaines de villes en France : a-t-on le droit d'être choqué par cela ? De se sentir mal à l'aise avec cela ? D'estimer que notre pays ne devrait pas être celui où un tel obscurantisme a cours à tous les coins de rue ? Si ni la gauche ni la droite ne proposent quoi que ce soit pour traiter ce problème, si la gauche comme la droite font comme si ce problème n'existait pas, pire, s'ils accusent de racisme ou autre délit ceux qui affirment qu'il y a un problème, le peuple, désireux que la France reste la France, se fait entendre, et cette volonté de subsistance n'est pas incriminable en elle-même.

La France et l'Europe doivent changer

La crise politique et la crise économique démontrent que le modèle français comme le modèle européen sont à bout de souffle. De haut en bas, par quelque angle qu'on les prenne, et quel que soit l'objectif que l'on poursuit hormis celui de l'effondrement, la France et l'Europe doivent changer. En France, on ne peut pas continuer avec ces blocages qui empêchent d'assainir le public et de donner de l'air au privé. En Europe, on n'obtiendra jamais l'adhésion des peuples à un système aussi compliqué et privé de source démocratique. Il faut faire des choix.
Il faut faire l'Europe politique, il faut élire un président européen au suffrage universel direct, faire des ministères européens, faire le même droit du travail et la même fiscalité dans toute l'Europe, il faut une politique industrielle européenne, il faut défendre sérieusement les frontières de l'Europe, il faut neutraliser les lobbys qui sévissent à Strasbourg et Bruxelles, il faut intensifier massivement les échanges d'étudiants entre universités européennes, tout ça est de la responsabilité de nos gouvernants qui, eux aussi, doivent changer. Il n'y a plus de volonté politique au pouvoir, ni en France ni en Europe. Il n'est pas certain que M. Hollande aille jusqu'au bout de son mandat. Il n'est pas certain non plus que Mme Le Pen ne soit jamais élue. L'heure est donc grave, et les apparatchiks qui nous gouvernent manifestent une insoutenable légèreté.

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