jeudi 9 janvier 2014
Présidence spartiate
Présidence spartiate
Depuis le 1 er janvier, le drapeau européen flotte sur Athènes. Et si elle évite de trop pavoiser, la Grèce a quand même pris officiellement hier la présidence de l'UE pour six mois. De prime abord, on croit rêver. Donner les manettes de l'Union à la Grèce, c'est comme si l'on confiait les clefs du camion à un chauffard privé de permis pour conduite dangereuse. Mais arrêtons là le sarcasme, en dépit du caractère tragi-comique de la situation. Priver Athènes d'une présidence tournante prévue de longue date aurait ajouté l'humiliation à la crise. Et cela aurait également constitué un dramatique aveu d'impuissance de l'Union à quelques mois des élections européennes. Sauver le malheureux soldat grec, c'est peut-être aussi sauver l'Europe.
Bien sûr, il ne faut pas être dupe. Si la Grèce va un peu mieux et espère un faible retour de la croissance (0,5 %) en 2014, si elle pense même pouvoir réapparaître sur les marchés, les Grecs, eux, souffrent toujours autant des plans successifs d'austérité. Il est grand temps de leur redonner des raisons d'espérer.
En effet, si 60 % des Grecs veulent rester dans l'Union, ils sont seulement 10 % à lui faire confiance. Le Premier ministre, Antonio Samaras, à la tête d'une coalition fragile, entend bien sortir son pays de son statut « d'assisté » pour en faire « un État vraiment membre » de l'Union. Mais il appartiendra à tous ses partenaires d'aider la Grèce à réussir cette « présidence spartiate » s'interdisant toute dépense superflue.
Les signaux positifs envoyés par Athènes en matière budgétaire, sont une invite à un assouplissement des programmes d'assainissement de la dette (réduction des taux d'intérêt ou allongement de la période de remboursement). L'Allemagne, longtemps inflexible, y est prête. Il y va de l'intérêt de tous avant des élections qui pourraient voir le triomphe des populismes et des extrémismes. Dans la crise, il faut bien admettre que l'Europe n'a guère su se donner un visage avenant. Qu'il incombe aujourd'hui à une Grèce en souffrance de corriger cela n'est pas le moindre des paradoxes.
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