mercredi 8 janvier 2014
Politique spectacle
Politique spectacle
Et voici qu'en plus, Dieudonné, sans le moindre complexe, nous offre sa tournée ! À partir de cette semaine, il entreprend en effet son tour de… bras d'honneur en commençant par Angers, où Serge Klarsfeld appelle à manifester devant le Zénith, puis Tours et Orléans, où les maires s'interrogent sur une interdiction de son spectacle. Dans l'urgence, Manuel Valls prétend vouloir être efficace dès les premières représentations. Autrement dit, obtenir de la justice administrative une interdiction par anticipation au motif que le « show » de Dieudonné, en lui-même, constitue un trouble à l'ordre public.
Jusqu'alors, cette interprétation a toujours été refusée. Seuls des risques avérés pouvaient justifier une interdiction. On voit bien que dans son souci de briser « la petite entreprise de haine » de M. M'Bala M'Bala, Manuel Valls est prêt à maltraiter une jurisprudence constante. Confronté aux actuelles limites des moyens de droit, le ministre de l'Intérieur flirte avec la tentation de la censure. Pour quel résultat ? On peut craindre qu'il ne soit l'inverse de celui recherché.
Dans la vacuité de l'information, en cette période de fêtes, Dieudonné est devenu l'ennemi public n°1. C'était sans doute lui faire trop d'honneur. Il n'a fait qu'y gagner en notoriété. Il n'est pas question ici de contester que Dieudonné soit un provocateur obsessionnellement antisémite. On ne doit pas être dupe des grossières ambiguïtés qu'il entretient. Mais il existe un moyen très simple de le sanctionner sans le « victimiser » : c'est obtenir sa condamnation en justice à chaque fois que ses actes ou propos contreviennent à la loi.
Le seul problème est que, condamné à plusieurs reprises, Dieudonné a organisé son insolvabilité pour se soustraire au paiement des amendes. À quoi servent dès lors les moulinets de Valls si la justice est impuissante ? Plutôt que d'ouvrir dangereusement la porte à une censure aux limites incertaines, mieux vaudrait que notre État de droit fasse appliquer la loi. Si Dieudonné est coupable d'avoir transformé son show en indigne spectacle politique, nos dirigeants ne sauraient, en revanche, travestir leur action en politique spectacle !
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