samedi 25 janvier 2014
L’autre fossé
L’autre fossé
Machiavelo-mitterrandien, François Hollande l'est à coup sûr. Mais pourquoi vouloir à tout prix que cet art de la stratégie ne soit que contorsions, hypocrisies, arrière-pensées électoralistes et mensonges ? Pourquoi ne voir dans sa visite au pape qu'une main tendue aux catholiques fâchés ? Le Vatican est un État et les présidents de la fille aînée de l'église s'y rendent tous en voyage officiel, souvent même plusieurs fois durant le même mandat. Et tous acceptent, comme vient de le faire le chef de l'État, le titre de chanoine du Latran au nom de la tradition. Qu'ils le reçoivent ou non. Oui il y a débat en France sur certaines questions sociétales mais les mains de la réconciliation ne se serrent bien que lorsqu'elles vont les unes vers les autres.
Les réactionnaires espagnols font école. Après les manifs contre le mariage des homosexuels, Mme Boutin reprend du service aux premiers rangs d'une nouvelle croisade de la régression avec la volonté farouche d'effacer les traces de libertés mal digérées. Homme de progrès et activiste des libertés individuelles dans un pays qui en a tant manqué, le pape devra souvent répéter son « Qui suis-je pour juger ? » s'il veut que la formule devienne une conviction partagée par le plus grand nombre de fidèles.
Les attaques contre le droit à l'avortement, la recherche embryonnaire ou le mariage gay, menées par une droite très conservatrice creusent peut-être le fossé avec le gouvernement mais elles le creusent aussi avec une opinion majoritairement attachée à la liberté de conscience et qui supporte mal que le droit des femmes et la loi de Simone Veil, ne soient pas garantis. L'avortement de confort dont arguent certains opposants n'a aucun sens.
En se déclarant social-libéral François Hollande fait glisser le clivage droite-gauche du domaine économique vers les sujets de société. Attendons-nous à ce que s'appuyant sur les manifs à répétition pour tous et sur tout, il nous refasse le coup du « au secours la droite revient » de Mitterrand. À trop se vouloir décomplexé c'est la société française que l'on divise. Les ultras espagnols, nostalgiques de l'Inquisition, et du trou de la serrure de la chambre à coucher, ne sont décidément pas un exemple à suivre.
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