Abus d’autorité
Où a-t-on pris que l'autorité était armée ? Celaya affirme bien que la poésie peut parfois être une arme chargée de futur, mais pas l'autorité. L'autorité, en politique, est une manière de réserve. Tout le contraire d'un martinet qui cinglerait jusqu'à ne plus voir qu'une seule tête. Un président doit-il intervenir dans le petit périmètre ? Se faire le juge de polémiques de peu de poids qui ne sont que l'écran de plus graves faiblesses et ne laisseront rien aux plaideurs sinon le sac et les quilles ? L'autorité est une retenue. Elle sait ignorer Chicaneau et la Pimbesche pour leur préférer Dandin, celui qui prépare l'avenir. D'autres, après Racine, ont trié le bon grain de l'ivraie et l'action de l'agitation.
Certes, il serait fort risqué pour le pouvoir de laisser se multiplier les controverses. Sans adopter une posture de premier secrétaire du PS, François Hollande doit éviter les chicailleries récurrentes dont, pour le coup, la banalisation deviendrait mortelle à l'approche des municipales. Mais ce n'est pas parce que tout n'est pas tiré au cordeau dans l'équipe gouvernementale que la révolution couve. Voyez Cameron en Grande-Bretagne, qui vient de se faire désavouer par le parlement, Merkel obligée à des concessions pour trouver une alliance et Obama en butte à la bêtise sectaire du Tea Party.
Pour les dirigeants du monde il y a loin de la dynamique tribunicienne à la dure conduite de l'intérêt des peuples. Adeptes du compromis ou de la décision péremptoire, ils subissent souvent la tyrannie de la cote de popularité qui, à en croire les analystes, serait un infaillible critère d'efficacité. C'est faux, évidemment. La seule efficacité est celle qui applique les réformes promises en prenant le risque des sondages désastreux, voire de la défaite.
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