samedi 14 septembre 2013
Voici une étude qui devrait encore accroître la pression sur le gouvernement pour redonner du pouvoir d'achat aux salariés modestes : les inégalités se sont creusées en France en 2011, selon l'enquête Revenus fiscaux et sociaux publiée par l'Insee ce vendredi 13 septembre.
Le niveau de vie médian des personnes vivant dans un ménage en France métropolitaine est resté stable en 2011 à 19.550 euros, soit 1630 euros par mois. Ce montant partage la population en deux, la première moitié ayant moins et la seconde ayant plus. Sous l'effet de la crise, le niveau de vie avait baissé en 2010 (- 0,5%) après une progression faible en 2009 (+ 0,4%). Auparavant, entre 2004 et 2008, il avait augmenté de 1,8% par an en moyenne.
Les niveaux de vie ont augmenté "uniquement" pour la moitié la plus aisée de la population en 2011, alors qu'ils ont reculé pour la troisième année consécutive pour la moitié la plus modeste, selon l'enquête. La situation s'est améliorée plus largement dans la moitié haute de la distribution : le 9e décile progresse de 2,1% en euros constants, plus fortement que les trois déciles qui le précédent (de + 0,1 % à + 0,8 %). À l'inverse, les quatre premiers déciles de niveau de vie continuent à diminuer en 2011 en euros constants (entre -0,2% et -0,8% selon le décile), mais à un rythme moins élevé que les deux années précédentes (entre -0,7% et -1,7% en 2010, et entre -0,4% et -1,1% en 2009).
"La plupart des indicateurs montrent une progression des inégalités", relève l'Insee. Ainsi, les 10% les plus modestes avaient en 2011 un niveau de vie inférieur à 10.530 euros alors que les 10% les plus aisés disposaient d'au moins 37.450 euros, soit 3,6 fois plus, contre 3,5 fois en 2010. L'indice de Gini, qui mesure le degré d'inégalité dans une population, a poursuivi sa progression: il est passé de 0,303 en 2010 à 0,306 en 2011, alors qu'il avait déjà nettement augmenté l'année précédente. Enfin, le rapport entre la masse des niveaux de vie détenue par les 20% de personnes les plus aisées et celle détenue par les 20% les plus modestes passe de 4,5 en 2010 à 4,6 en 2011, son plus haut niveau enregistré depuis 1996. En clair : les 20% de ménages les plus modestes disposent en 2011 de 8,6% de la somme des revenus disponibles, les 20% les plus aisés perçoivent 39,5% de cette somme.
Cette poursuite des inégalités est en partie due à l'augmentation des disparités salariales. En 2011, comme l'année précédente, les bas salaires ont pâti de la faible revalorisation du Smic horaire brut: en moyenne annuelle, le Smic a baissé de 0,3% après -0,4% en 2010. En outre, au sein du premier décile de niveau de vie, la part des salariés ayant un emploi à durée limitée ou à temps partiel a augmenté. À l'opposé, les revenus salariaux évoluent plus favorablement dans le haut de la distribution.
Quant aux revenus du patrimoine, ils ont augmentent en 2011, en lien avec la légère hausse des taux d'intérêt et la progression des revenus de valeurs mobilières. Toutefois, ces revenus sont très inégalement répartis. Pour la grande majorité de la population, ils contribuent peu à l'évolution du niveau de vie du fait de leur faible poids dans le revenu disponible (moins de 6 % en moyenne pour 90 % de la population). En revanche, pour les 10 % de personnes les plus aisées, ils représentent 27 % du revenu disponible ; leur dynamisme en 2011 a donc contribué donc positivement à la progression du niveau de vie de ces personnes.
La pauvreté a progressé en 2011 avec 8,7 millions de Français concernés, soit 14,3% de la population, vivant avec moins de 977 euros mensuels, contre 14% de la population vivant sous le seuil de pauvreté en 2010. Il a atteint son plus haut niveau depuis 1997. Cette hausse est la troisième consécutive, même si elle est plus modérée que celles enregistrées lors des deux années précédentes (+0,5 point en 2009 et +0,6 point en 2010).
Parmi les adultes pauvres, la part des retraités diminue (de 10% à 9,3%), quand celle des actifs augmente (de 10,2% à 10,9%). Cette amélioration provient de la revalorisation des pensions au 1er avril 2011 (+2,1% pour le régime général) et de l'arrivée de retraités bénéficiant de carrières salariales plus favorables. Elle est due aussi à la revalorisation du minimum vieillesse au 1er avril 2011 (+4,7% pour une personne seule et + 2,1% pour un couple).
Le nombre d'actifs vivant sous le seuil de pauvreté a fortement progressé en 2011 (+232.000 sur un an), aussi bien parmi les salariés que parmi les chômeurs. Les premiers pâtissent d'une diminution des bas salaires en euros constants. Dans un contexte où le chômage est resté relativement stable en moyenne annuelle entre 2010 et 2011, la diminution du niveau de vie des chômeurs provient, elle, en partie de l'augmentation des durées de chômage. Elle s'accompagne d'une légère hausse du nombre de ceux qui ne perçoivent plus d'indemnisation.
En effet, parmi les chômeurs, la part de ceux ayant deux ans ou plus d'ancienneté s'accroît de 1,7 point à 20,5% et celle des chômeurs non indemnisés de 0,5 point à 46,4%. Par ailleurs, les revalorisations des allocations chômage ont été inférieures à l'inflation (le salaire journalier de référence, par exemple, a été revalorisé de 1,5 % au 1er juillet 2011 après 1,2 % au 1er juillet 2010, soit une progression de 1,35% en moyenne annuelle entre 2010 et 2011). Ainsi, le poids des revenus déclarés " perçus " (y compris indemnités de chômage, mais avant prestations sociales et impôts directs) diminue de 1,8 point dans le revenu disponible des chômeurs. La proportion de chômeurs vivant sous le seuil de pauvreté est ainsi passée de 35,8% à 38,9% entre 2010 et 2011.
Le taux de pauvreté des jeunes adultes (18 à 29 ans) s'est accru de 1,7 point en 2011 à 19,4% et leur niveau de vie médian a diminué de 2,6% après être resté stable en 2010. En effet, la part des jeunes ayant un emploi a reculé (-1,4 point à 55,4%) ; ils sont proportionnellement plus souvent au chômage (+0,4 point à 12,2%) ou inactifs (+0,9 point à 32,3%). En outre, ceux qui avaient un emploi en 2011 étaient plus souvent en contrat à durée limitée ou à temps partiel qu'en 2010. Ainsi, le taux de pauvreté des jeunes ayant un emploi a augmenté de 1,4 point en 2011 à 11,5%, contre +0,5 point à 8% pour l'ensemble des personnes ayant un emploi.
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