Dès lundi, l'ancien président sera présent à la réunion extraordinaire du bureau politique de l'UMP. Elargie à tous les parlementaires du parti, cette réunion doit se tenir à 17H00 au siège de la formation.
Le message sur Facebook est suffisamment explicite pour laisser percer la colère de l'ancien chef de l’État, le seul à s'être jamais fait refuser ses comptes de campagne. Mais aussi suffisamment prudent, à quatre ans de la prochaine élection présidentielle à laquelle il pourrait aspirer à se présenter, pour ne pas dévoiler la façon dont il va s'y prendre.
Selon M. Sarkozy, la décision du Conseil, qui prive l'UMP d'un remboursement de l’État de 11 millions d'euros, crée "une situation inédite sous la Ve République" et "met en péril la formation qui doit préparer l’alternance tellement nécessaire au socialisme".
"Je dois assumer mes responsabilités en m'engageant pour la garantie d'une expression démocratique libre dans notre pays. Je vous demande de m'aider en vous mobilisant, comme je vais le faire, à cette fin", affirme l'ancien président.
Depuis la Tunisie, le président François Hollande a appelé à "respecter" le Conseil constitutionnel. "Personne ne peut suspecter, mettre en cause cette institution, sans mettre en cause l'ensemble des institutions", a-t-il dit.
La garde des Sceaux, Christiane Taubira, s'est dite "surprise" par la "mise en cause et les accusations de partialité de l'ancien président de la République", tandis que Harlem Désir, numéro un du PS, a jugé "inacceptable" l'attitude de M. Sarkozy.
Dès l'annonce jeudi du verdict des "Sages" de la rue Montpensier, "une décision grave" selon lui, Jean-François Copé, le président de l'UMP, est allé s'entretenir avec M. Sarkozy dans ses bureaux parisiens, les deux hommes décidant de lancer "une grande souscription nationale".
Le trou de 11 millions d'euros dans les finances de l'UMP assombrit un peu plus son tableau financier. Le parti, endetté à hauteur de 44 millions d'euros, avait déjà vu sa dotation publique annuelle passer de 33 millions à un peu moins de 20 millions après sa défaite aux législatives de 2012.
La décision des juges constitutionnels a rendu "perplexe" l'ancien président de l'Assemblée Bernard Accoyer, pointant lui aussi ses "conséquences lourdes".
L'ex Premier ministre Alain Juppé s'est distingué en refusant de la commenter. "Le Conseil constitutionnel est la plus haute juridiction de notre pays et ses décisions s'imposent à tous", a-t-il fait valoir, précisant qu'il ne serait pas présent au bureau politique extraordinaire lundi.
Avec sa décision de ne plus siéger au Conseil dont il est membre de droit en tant qu'ancien président, M. Sarkozy n'est plus tenu au devoir de réserve auquel les "Sages" sont soumis.
A deux reprises, pourtant, M. Sarkozy était sorti de cette réserve, la première fois en août 2012 pour critiquer en creux l'immobilisme supposé de François Hollande dans la crise syrienne, la deuxième, le 25 mars. Quatre jours après sa mise en examen dans un des volets de l'affaire Bettencourt, il avait assuré "qu'à aucun moment" dans sa vie publique, il n'avait "trahi les devoirs" de sa charge.
"Peut-être un mal pour un bien"
Poster un message sur Facebook, c'est s'assurer une large audience, mais sans le côté officiel que revêtirait une déclaration dans la presse ou à la télévision par exemple. Selon plusieurs de ses proches, il ne devrait faire ni 20h00 à la télévision, ni tribune, ni interview.
|
L'acte du conseil constitutionnel, en direct. |
Pour que l'ancien président puisse revenir sur la scène politique dans la perspective de la présidentielle de 2017, son ami Brice Hortefeux a l'habitude de dire qu'il faut trois conditions, "l'envie, le devoir, les circonstances", actuellement pas forcément réunies. Il faut aussi que Nicolas Sarkozy prouve qu'il a changé. Beaucoup de ses électeurs de 2007, qui lui reprochaient son hyperactivité, avaient préféré voter pour un adversaire socialiste "normal" en 2012. Sortir du bois trop vite, trop fort, risquerait de renvoyer la même image de lui aux Français.
"M. Sarkozy prend ses distances avec le Conseil constitutionnel, cela ne signifie en rien qu'il revient dans la politique partisane", a assuré Geoffroy Didier, secrétaire général adjoint de l'UMP et l'un de ses fervents partisans.
"Paradoxalement, c'est peut-être un mal pour un bien (...), ça va mobiliser encore davantage les électeurs de droite autour de Sarkozy", qui reste le favori des sympathisants de droite dans tous les sondages, veut croire un élu UMP. Plusieurs parlementaires comme Lionnel Luca ou Pierre Charon ont estimé que l'épisode risquait surtout de motiver Nicolas Sarkozy lui-même.
Premiers travaux pratiques de cette remobilisation: samedi en Sologne, à l'occasion de la "fête de la violette" organisée par la Droite forte, principal courant de l'UMP. Absent de la fête, Nicolas Sarkozy n'en sera pas moins présent dans toutes les têtes.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire