dimanche 21 juillet 2013
Hollande dans la tragédie du quinquennat
Le quinquennat ? Ils l'avaient tous approuvé lorsque, pressé par Valéry Giscard d'Estaing et Lionel Jospin, Jacques Chirac s'était résolu à organiser, à l’aube du XXIe siècle, un référendum pour réduire la durée du mandat présidentiel de sept à cinq ans.
Aux Français qui ne s'étaient pas bousculés aux urnes mais avaient néanmoins approuvé la réforme à plus de 70 % des suffrages exprimés, ils avaient servi les mêmes arguments : l'usure du pouvoir qu'il fallait combattre, les cohabitations à répétition qu'il fallait chasser parce qu'elles créaient au sommet de l'Etat une dysharmonie préoccupante ou encore le besoin de renouvellement qu'il fallait encourager pour ressembler aux autres démocraties.
Ah comme ils se sentaient modernes dans leur croisade pro-quinquennat ! Mais à présent qu'ils l'expérimentent ou l'ont expérimenté, les voilà malheureux : cinq ans, ce n'est rien ! S'il vous plaît une deuxième chance ! C'est ce que demandent Nicolas Sarkozy et François Fillon qui, après avoir travaillé de concert tout un quinquennat, sont devenus les meilleurs ennemis.
A travers leur appel au sursaut et leur ode à la réforme radicale, c'est leur propre manquement qu'ils pointent : cette révolution que ne l'ont-ils engagée eux-mêmes alors que pendant cinq ans, le président disposait des quasi-pleins pouvoirs et que son premier ministre lui collait à la roue en serrant les dents ?
La première année, les deux hommes avaient expérimenté le pouvoir et appris à se supporte ; la seconde, ils avaient encaissé l'une des plus grandes crises économiques que le pays ait eue à traverser ; à partir de la troisième, ils avaient tenté de surnager dans l'impopularité, le nez sur le guidon, la pression de Bruxelles sur les épaules, sans jamais réussir à donner un cap au pays.
Logiquement, celui-ci se vengea en les renvoyant dans l'opposition. Ce que Nicolas Sarkozy et François Fillon ont vécu en 2012, c'est la tragédie du quinquennat. Et aujourd'hui, c'est au tour de François Hollande de l'expérimenter. A lui aussi, il a fallu une pleine année pour apprivoiser la fonction de président qui ne correspond pas à l'idée qu'il s'en faisait lorsqu'il était dans l'opposition.
Il a eu à subir en prime la crise économique qui était déjà là à son arrivée et ne lui a laissé depuis aucun répit, si bien qu'aujourd'hui le président cumule tous les inconvénients : une impopularité record, des doutes sur sa capacité à sortir le pays de l'ornière à un moment où les échéances électorales de 2014 – municipales, européenne – l'incitent à la prudence.
C'est la plus mauvaise configuration, celle qui conduit à l'asphyxie. François Hollande le sent et tente de se redonner de l'air en invoquant le temps long. Dans son allocution télévisée du 14-Juillet, puis devant les journalistes quatre jours plus tard, il a parlé de la France dans dix ans. Une France qu'il rêve "plus souveraine","plus dynamique", "plus écologique", "plus solidaire" et capable de "conforter le vivre ensemble".
Dix ans au lieu de cinq, un rêve de président mais avec cet inconvénient que tous les outils du temps long, le plan notamment, ont été sacrifiés sur l'autel du quinquennat. Derrière le slogan, il manque le cheminement, avec si peu de temps pour le construire et encore moins pour le consolider.
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