lundi 17 juin 2013
Retraites : la preuve par la règle de trois que les régimes actuels sont une escroquerie pour les jeunes générations
Si la jeunesse s'attend à un départ à la retraite à 70 ans, et en conservant les paramètres actuels du régime général, le rendement qu'elle peut attendre de son investissement est nul. En particulier, la pension que recevra un homme sera deux fois moindre que la rente qu'il aurait obtenue en prêtant ses cotisations à l'Etat.
Un sondage récent mené par l’Ifop montre que 48% des jeunes de moins de 25 ans s’attendent à partir à la retraite après 70 ans. Est-ce crédible, et quelles sont les conséquences financières ?
Commençons par un petit rappel comptable. Les recettes du système par répartition sont égales à la cotisation moyenne par salarié multipliée par le nombre de salariés. Les dépenses sont égales à la pension moyenne multipliée par le nombre de retraités. Soit, à l’équilibre :
Cotisation moyenne x Actifs Occupés = Pension moyenne x Retraités
On peut blablater longtemps sur l’équité, mais la vérité comptable est aussi basique. Seules trois variables peuvent rééquilibrer un système en déficit : l’âge de la retraite, qui ajuste le nombre d’actifs et de retraités, le niveau des pensions et le niveau des cotisations.
Si on suppose qu’on ne touche pas aux cotisations et aux pensions, l’hypothèse d’un départ à la retraite à 70 ans pour un jeune ayant actuellement 25 ans est-elle réaliste ?Pour répondre à cette question, il suffit de se demander si une retraite à 70 ans est nécessaire pour assurer un rapport actifs/retraités de 2060 égal à celui de 2013.
La réponse est oui. Si on en croit le scénario médian de l’INSEE, la pyramide des âges de 2060 implique effectivement que le ratio des (20-69 ans)/(+ de 69 ans) sera égal à 2,58, c’est-à-dire une valeur semblable au ratio actuel des (20-62 ans)/(+ de 62 ans), à savoir 2,52. Le maintien d’un âge à 62 ans impliquerait un ratio de 1,57. Mathématiquement, cela signifie que pour maintenir les pensions et l’âge de la retraite à 62 ans, il faudrait augmenter le taux des cotisations de (2,52/1,57 – 1) = 60%. Ou pour maintenir les cotisations et l’âge de la retraite constant, réduire les pensions de (1-1,57/2,52)=38%.
Bref, si on s’en tient à la dure loi des mathématiques, l’hypothèse d’un départ à 70 ans pour les jeunes est très réaliste. Sauf qu’à la vérité, on aura bien du mal à faire travailler les gens jusqu’à 70 ans. Et puis est-ce à ce prix que la morale socialiste veut nous interdire la capitalisation ?
Mais admettons l’hypothèse que fait une bonne partie de ma génération, c’est-à-dire un départ à 70 ans. Devons-nous alors accepter un tel système ?
Lorsqu’on épargne, ce qui est le principe fondamental de la préparation de nos vieux jours, la question pertinente est celle du rendement au regard du risque encouru. Examinons la chose froidement, en supposant que le reste du système conserve ses paramètres actuels
Si je commence à travailler à 22 ans, je vais payer 16.5% de mon salaire (sous plafond) pendant 48 ans. Puis je vais toucher une pension, égale à 50% de mes 25 meilleures années (sous plafond), de 70 ans jusqu’à ma mort. A condition, bien sûr, de survivre d’une année sur l’autre.
La chose est mathématiquement trop complexe pour un billet de blog. Mais examinons la avec des règles de trois basiques. Imaginez que votre salaire est de 20 000€ par an et reste à ce niveau toute votre vie active (hypothèse arbitraire sans grande importance). Vous (ou votre employeur, ce qui est une fausse distinction) allez payer sur ce salaire en moyenne 16,5% pour financer le régime général de la retraite. Donc vous allez payer sur votre vie active 16.5% * 20 000 € * 48 = 158 400€.
Puis une fois retraité, vous toucherez 20 000€ * 50% = 10 000€ par an. D’après les hypothèses de l’INSEE, l’espérance de vie en 2060 sera de 86 ans pour les hommes, et 91 ans pour les femmes. Donc, si vous êtes un homme, vous recevrez en tout 10 000€ * 16 = 160 000€, et pour une femme 210 000€.
Bref, si on résume, le deal pour un homme est le suivant « tu me donnes 100€ maintenant, je t’en rends 100€ (corrigé de l’inflation, tout de même) dans 40 ans ». Pour une femme, la chose serait un peu plus généreuse, mais resterait ridicule.
Maintenant si notre jeune homme investissait son argent par lui-même, qu’aurait-il obtenu ? Plutôt que de vous jouer le tour de la capitalisation en bourse, à laquelle on va fanatiquement me répondre « oui, mais c’est risqué », supposons que notre jeune prête librement son argent à l’Etat. Dans ce cas, le profil de risque est semblable à celui des retraites, le créancier étant le même. Historiquement, le rendement réel (corrigé de l’inflation) de la dette publique tourne autour de 2%. En investissant librement dans la dette publique, notre jeune aurait obtenu la somme suivante en 2060, en euros de 2013 (corrigé de l’inflation) :
Ensuite, il aurait converti son capital en rente viagère, obtenant :
Ce qui donne une pension (P) d’environ 19 000 € par an pour notre jeune homme. Contre 10 000€ par an avec le système par répartition qu’on lui promet. Autrement dit, avec les paramètres actuels et un âge de la retraite à 70 ans, la pension versée sera deux fois moindre que si vous aviez placé votre argent dans des obligations d’Etat.
Une reformulation de ces calculs serait de dire que, pour un jeune homme s’attendant à toucher 20 000€ par an et à prendre sa retraite à 70 ans, l’existence du système par répartition est équivalent à son inexistence + une taxe annuelle de 9000€ à partir de 70 ans. Ou encore, qu’un jeune homme ayant de telles attentes de salaire, et maîtrisant les principes fondamentaux de l’analyse financière, serait prêt à s’engager à payer 9 000€ par an à partir de 70 ans, pour avoir le droit d’échapper au système et d’investir ses cotisations dans des obligations d’Etat.
Nota Bene : je précise que ces calculs ne cherchent pas à déterminer le montant futurs des pensions, car mon hypothèse d’un salaire de 20 000€ est totalement arbitraire, mais bien la performance future du système en termes de rendement. Le résultat en termes de rendement serait le même pour n’importe quelle valeur de salaire prise en dessous du plafond de la sécurité sociale, et serait plus mauvais pour n’importe quelle valeur au dessus du plafond ("redistribution" oblige).
Mais pourquoi un système aussi nul existe-t-il ? Et bien refaisons les calculs de manière rétrospective. Vous êtes cette fois un homme né en 1950, vous commencez à travailler à 20 ans, et vous prenez votre retraite à taux plein après 40 ans d’efforts, en 2010. Combien avez-vous gagné ou perdu ? J’ai fait les calculs à l’aide de l’historique des salaires moyens fournis par l’INSEE, et surtout l’historique des taux de cotisations. En 1970, les taux de cotisations pour le régime général étaient deux fois moindres, à 8,75% et sont progressivement monté à leur taux actuel.
Si on prend le salaire moyen comme base, et en revalorisant les cotisations de l’inflation, le salarié moyen né en 1950 et ayant pris sa retraite en 2010 avait versé 114 000€ de cotisations. Avec un salaire moyen sur ses 25 meilleures années égal à 31 500€, il touchera une pension de 15 650€. Comme l’espérance de vie à 60 ans est de 21 années pour les hommes, notre baby boomer va toucher 15 650€ pendant 21 années, soit 328 650€. C’est-à-dire 3€ de pension pour 1€ cotisé. Nettement plus intéressant que ce qu’on promet à notre jeune homme de 20 ans d’aujourd’hui, à savoir 1€ pour 1€ !
Et notre baby-bommer, qu’aurait-il obtenu s’il avait investi son argent dans la dette publique ? Sur la base des rendements historiques de la dette publique, on obtient un capital de 257 000€. Ce qui, sur la base d’une espérance de vie de 21 années, se convertit en rente de 14 900€.
1$ investi en 1900 dans le S&P 500 s’est transformé, après correction de l’inflation, en 140$ aujourd’hui. Similairement, 1$ investi en 1900 dans les bons du trésor, est devenu aujourd’hui 8,5$. Voici l’historique du capitalisme, crises comprises. Dans le beau système que nous promet la « solidarité », 1€ versé aujourd’hui, donnera droit à 1€ versé dans cinquante ans. Et grâce à ce système, une taxe moyenne de 26% (régime général + complémentaire) sur le travail empêche la jeunesse de trouver un emploi.
Jeunesse, les générations qui vous ont précédés ont décrété qu’elles auraient le droit de ponctionner le travail de leurs enfants. Et puis, curieusement, elles ont oublié d’en faire. Ce contrat intergénérationnel, vous ne l’avez pas signé. Ce n’est donc pas un contrat. Aujourd’hui, on vous dit que vivre du travail d’autrui dérive du principe moral de « solidarité ». Et si vous n’êtes pas convaincus, on vous promet que vous aussi, une fois vieux, vous pourrez prélever les fruits du travail des jeunes. N’allez pas croire que c’est une bonne affaire, ils seront trop peu nombreux.
Barrez-vous ou révoltez-vous, mais ne laissez pas les anciens partir sans payer ! Je sais, ce sont nos parents, nous les aimons, mais ça ne leur donne pas le droit de nous faire les poches ou de nous laisser leurs ardoises d’impayés.
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