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vendredi 7 juin 2013

La mode et la haine

La mode et la haine


En démocratie, la première vertu de la politique est de canaliser la violence ; elle doit empêcher les affrontements physiques. Or mercredi à Paris, un étudiant de 18 ans, militant à l’extrême gauche, est tombé sous les coups d’un skinhead guère plus âgé que lui.
On est stupéfait de voir que ce déferlement de haine a surgi dans un contexte éminemment futile, loin des faits d’armes révolutionnaires, au sortir d’une « vente privée » de vêtements. Une opération typique de la société de consommation a basculé dans le sang.
Ce n’est pas d’aujourd’hui que le combat politique et le style vestimentaire se télescopent en un cocktail de violence. Dans le Paris des années 1940/44, les fascistes des « Jeunesses populaires françaises » s’armaient de tondeuses pour « scalper » et tabasser les Zazous dont ils détestaient les cheveux longs, les vestes à carreaux et l’amour du jazz.
À vingt ans, le look vestimentaire est un marqueur déterminant ; il vous identifie et vous classe, c’est un signe d’appartenance, presque un uniforme. Ce n’est évidemment pas une raison pour déclencher une bagarre qui finit à la morgue. En souvenir des années fascistes, des groupuscules d’extrême droite font profession de passer de l’affrontement verbal à l’attaque physique. Ces groupuscules, il faut les identifier et les contrôler comme on surveille les supporters sportifs connus pour leur violence.
Mais seule l’identification individuelle sera efficace. Les formations paramilitaires aux dénominations ronflantes peuvent être dissoutes mille fois en grande pompe, elles renaîtront aisément sous d’autres couvertures ésotériques dès que l’orage sera passé. Ce qu’il faut traquer sans répit en amont, c’est le discours de haine : il ne s’agit pas d’une opinion, mais d’un délit condamnable en justice. Pas besoin d’attendre une rixe mortelle pour agir.

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