samedi 18 mai 2013
Hollande : qu’y a-t-il derrière le mur ?
Hollande : qu’y a-t-il derrière le mur ?
Après s’être précipité devant la Commission européenne pour rendre compte de l’état dans lequel il a mis notre pauvre pays (Présent d’hier), il fallait bien que François Hollande s’en explique tout de même devant les Français. Et surtout devant les journalistes, chez qui, curieusement pour un président de gauche, sa cote de popularité est encore plus basse que chez la moyenne de nos compatriotes.
Il semble pourtant que, dans notre démocratie du XXIe siècle, personne ne s’offusque de ce que le président de la République française aille prendre ordres et conseil à Bruxelles. Cette aberration politique me fait pourtant irrésistiblement penser à l’album d’Astérix La grande traversée, dans lequel, à l’occasion d’une pénurie de poisson, le héros gaulois signale à Ordralfabétix que la mer est à deux pas du village – il est vrai que lui résiste, encore et toujours, à l’envahisseur. « La mer ? lui répond le marchand de poisson. Quel rapport entre la mer et mes poissons ? » « Il n’y a qu’à pêcher les poissons dans la mer », lui explique Astérix. Et là, coup de gueule d’Ordralfabétix : « Je vends du poisson de Lutèce, moi, Môssieur ! J’ai le respect du client ! Je me fournis chez les meilleurs grossistes ! Je ne vais pas vendre du poisson sorti de l’eau sans garantie de qualité ! »
Fermez le ban©. De poissons, bien sûr…
Hollande, c’est kif-kif. Après avoir demandé à l’Europe ce qu’il faut penser et ne pas faire, il revient à Paris pour nous vendre son Europe pas fraîche. « L’an II », Hollande se prend pour César, Bonaparte ou Hugo, « l’an II, ce doit être l’offensive ».
… ?
« L’offensive, c’est d’abord de lancer une initiative européenne » pour « sortir l’Europe de sa langueur ». Avec, en point d’orgue, toujours le fameux gouvernement économique de la zone euro, une nouvelle étape d’intégration, etc. Bref ! la même tiède logorrhée que d’habitude, recouvrant la même politique qui nous a conduits là où nous en sommes : chômage (mais le bon docteur Coué va inverser la tendance avant la fin de l’année), augmentation des impôts, peut-être même dès l’année prochaine, remaniement ministériel reporté puisqu’il renouvelle sa confiance à Ayrault – il est bien le seul ! En tout cas, « pour les mois qui viennent »…
Et ça va dynamiser l’économie française, cela ? On n’a pas vu que les marchés aient, depuis la parole élyséenne, flambé d’enthousiasme. Il est vrai que le programme – si c’en est un ? – rime curieusement avec… austérité.
Et les violences au Trocadéro, alors ? « Une agression à l’égard des biens, des personnes, mais aussi une agression contre notre conception de la vie en commun, contre l’image de la France. » Une formule qui a son petit côté gaullien, mais qui ne nous dit rien de son idée de la France. Dont les Français, on le voit tous les jours, se contrefichent d’ailleurs.
Qu’importe ! « Il ne peut y avoir qu’une expression, qui correspond à la ligne que j’ai fixée. » L’expression est censée s’adresser à quelques ministres maladroits. Dans la pratique, il est manifeste que c’est aux Français qu’elle s’applique.
Si on comprend où il veut en venir… parce que, n’est-ce pas ?, « l’unique chose stable, c’est le mouvement. » Et sa manière, tout en prétendant l’inverse, de se défausser sur ses prédécesseurs. « Il se trouve, affirme-t-il ainsi, que je suis président au pire moment. » Que n’avait-il pas reproché à Nicolas Sarkozy pour avoir osé une réflexion analogue !
Mais ce décideur auto-proclamé n’a cure de ses contradictions. Lesquelles, c’est bien possible, en véritable dogmatique qu’il est, il ne perçoit peut-être même pas… Au point d’affirmer tranquillement : « Je suis un socialiste qui veut faire réussir la France. » Mitterrand – qui, il faut lui rendre cette justice, n’était pas socialiste – doit s’en retourner dans sa tombe !
A défaut de l’entendre, on se contentera d’André Chassaigne, chef de file des députés Front de gauche, comparant François Hollande au « chef d’orchestre du Titanic ». Et précisant clairement : « Il trompe l’électeur ! »
On pourrait, comme le font les politiques de tous bords, multiplier ces critiques : Hollande n’en a cure. Il demande à « être jugé au terme des cinq ans ». Et tant pis, affirme-t-il, pour les sondages qui montrent l’agacement grandissant des Français.
Mais là, François Hollande a fait une erreur tactique. Sa tour d’ivoire n’est que de papier mâché. Et il n’est pas sûr que la patience de nos compatriotes dure jusque-là. Ils pourraient bien aller l’y débusquer. Fût-ce à la fourchette à escargot…
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