jeudi 25 avril 2013
23 avril 2013 : la France change de civilisation
23 avril 2013 : la France change de civilisation
Christiane Taubira l’avait clairement dit : la loi qu’elle a portée, la loi qui fait du mariage un arrangement festif et une niche fiscale ouvert à n’importe quelle paire d’êtres humains majeurs, entraînera un « changement de civilisation ». Pour le mieux, bien entendu. Dans le sens du progrès. Et nous qui croyions que toutes les cultures et partant toutes les civilisations se valent, selon le dogme relativiste en cours !
La loi ouvrant le mariage aux couples de même sexe, et qui par là vide le mariage vrai – tel qu’il sera célébré dans les mairies au plus tard « cet été », si la promesse de Dominique Bertinotti est tenue – a été adopté par 331 voix contre 225 et 10 abstentions. Quatre UMP ont voté « pour » par erreur : le règlement de l’Assemblée interdit de modifier le résultat du scrutin mais leur opposition a été enregistrée, il s’agit notamment d’Henri Guaino et de Luc Chatel. Ce qui, pour ce dernier, ne manque pas de sel : c’est sous son ministère qu’a été introduit l’enseignement officiel et obligatoire de la théorie du genre dans les lycées de France.
Il ne faut pas s’y tromper : ce « changement de civilisation » est une négation de la civilisation qui existe en tant qu’elle sert le bien et la fin propre de l’homme. Pourquoi ? Parce que dans ce modèle de société que la loi Taubira veut imposer, individualisme et totalitarisme se conjuguent pour le malheur de tous. L’individualisme veut que chacun puisse être sa propre mesure et son propre dieu, définissant lui-même le bien et le mal. Mais comme les individualismes juxtaposés ne peuvent aboutir qu’au chaos, le totalitarisme d’Etat, sous prétexte de la volonté du plus grand nombre, redéfinit les principes de la vie en société par la négation des réalités qui lui sont antérieures et supérieures. Il nie la famille et élimine les corps intermédiaires. Il s’approprie la notion du bien et du mal pour la rendre mouvante et changeante. Il s’enfonce dans un nominalisme dictatorial, changeant le sens des mots et des réalités auxquelles ceux-ci renvoient.
En touchant aux fondements mêmes de la réalité humaine, en niant la finalité de la sexualité et même la nature sexuée de l’homme, la légalisation du « mariage » des homosexuels parachève une œuvre de déstructuration de la société humaine dont les racines sont bien anciennes. C’est l’aboutissement du refus de l’image de Dieu en l’homme et en cela la question est religieuse (et non confessionnelle !). La « dictature du relativisme » dénoncée par Benoît XVI s’y manifeste de la manière la plus radicale.
Si la loi, comme tout porte à le croire, passe l’obstacle du Conseil constitutionnel saisi une heure après le vote par des sénateurs UMP, toute distinction entre les homosexuels et les autres sera impossible. L’opprobre qui visait naguère le comportement homosexuel sera jeté désormais sur l’« homophobie », mot inventé pour marginaliser, stigmatiser, faire taire ceux qui ne croient pas en cette « égalité » inventée par la loi. Et scandée par les élus de gauche, pendant de longues minutes, à l’Assemblée nationale, sous le regard bienveillant de Claude Bartolone, son président.
Peu avant le vote, le visage tordu par la détestation, celui-ci avait crié et répété : « Sortez-moi ces excités, les ennemis de la démocratie n’ont rien à faire ici ! » Deux jeunes hommes parmi le nombreux public présent dans les galeries au-dessus de l’hémicycle tentaient de déployer une banderole avec le mot : « Referendum »… L’un d’eux était encore en garde à vue ce mercredi matin.
« Nous consentons aux mœurs », a encore déclaré Christiane Taubira lors du « vote » du Sénat. Le jugement moral sur l’activité homosexuelle – qui n’est pas une manifestation de haine, mais de réelle bienveillance, comme toute mise en garde contre un comportement mauvais – n’a plus droit de cité. Cela s’imposera lentement ou vite, avec une brutalité plus ou moins grande. Mais c’est le sens profond de la loi.
Mardi soir, des dizaines de manifestations et de « veilles » spontanées ont fleuri en France pour dire « non » à cette loi qui sape les fondements de la paix civile tout comme elle vide le mariage de son sens. Des milliers de personnes ont défilé depuis le carrefour Sèvres-Babylone jusqu’à l’Esplanade des Invalides, derrière Frigide Barjot qui continue de proclamer son message absurde, de réclamer l’« union civile » pour les homosexuels, en leur disant : « Homos, vous aussi vous pouvez adopter, vous aussi vous pouvez éduquer, mais vous ne pouvez pas procréer. »
Hélas, l’Eglise de France n’a pas clairement exprimé la vérité en cette occasion inespérée de former les consciences du plus grand nombre sur une revendication qui participe pleinement du ramollissement relativiste… Et ce manque de clarté n’aura pas facilité l’opposition à la loi Taubira, quoi qu’on en pense – à moins qu’il ne soit déjà devenu impossible de dire le bien et le mal, ou d’espérer être compris en le faisant. Les adversaires de l’esclavage avaient moins de vapeurs…
Frigide Barjot est fondamentalement en accord avec le « nous consentons aux mœurs » de Taubira, avec la revendication fondamentale desLGBT qui n’est pas tant le mariage que la reconnaissance sociale et sans limites de leur choix sexuels. Le saviez-vous ? Seules 200 000 personnes en France disent vivre en couple avec une personne de même sexe – soit 100 000 couples dont tous ne réclament pas le mariage, loin s’en faut – et une sur dix de ces personnes seulement dit vivre avec des enfants. 200 000 couples sur 32 millions : 0,6 %, et moins de 0,3 % de la population française.
L’opposition à la loi Taubira s’est le plus souvent exprimée dans un esprit de bien-pensance maximum. C’est l’affaire de l’union civile, qui a provoqué mardi soir le départ de Christine Boutin de la Manif pour tous : « Je travaille depuis longtemps sur le sujet ; je sais très bien que cela aboutira aux mêmes conséquences sur la filiation, aux mêmes combines avec la PMA et la GPA. Donc je ne marche plus avec cela, je m’en vais. »
C’est l’exclusion d’élus du Front national, comme Bruno Gollnisch, interdit de parole. Marion Maréchal-Le Pen – qui a magnifiquement parlé à l’Assemblée nationale contre la loi Taubira – a pu participer mardi soir à la Manif pour tous où elle a d’ailleurs été accueillie avec enthousiasme par la « piétaille » ; interrogé par l’AFP, et défendant son droit d’être là, Albéric Dumont, coordinateur de « LMPT », a néanmoins précisé : « C’est une élue de la République comme les autres. Tant qu’elle n’a pas de drapeau, de tract… » Tout un symbole.
De rares et regrettables incidents ont éclaté mardi soir entre quelques groupes d’excités et forces de l’ordre – jets de pavés et autres violences – ; ils desservent la cause alors que la bataille n’est pas finie. Béatrice Bourges a annoncé son « entrée en dissidence » ; Marine Le Pen a solennellement promis d’abroger la loi ; l’UMP voudrait le laisser croire mais un des siens qui a voté contre, Christian Estrosi, député-maire de Nice, a déjà dit que la loi adoptée, il serait « ravi de célébrer le premier mariage gay » à Nice.
De nombreuses associations LGBT ont manifesté leur joie mardi soir, réclamant d’emblée l’accès à la procréation médicalement assistée et, pour certaines, à la gestation pour autrui. Question de temps, maintenant… Le Marais, quartier chic, cher et gay de Paris, a été envahi par des foules que nul CRS n’a cherché à déloger, pour des tournées de bars gays dont on connaît les ressorts.
Et samedi, le premier salon du mariage 100 % masculin se tiendra dans le 1er arrondissement de Paris, « haut de gamme et trendy », car – comme le dit son organisatrice Claire Jollain, les homosexuels forment une communauté « à fort pouvoir d’achat avec des goûts haut de gamme ».
Le « mariage » gay, un truc de riches ? On s’en était douté.
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