TOUT EST DIT

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mardi 8 janvier 2013

La tyrannie laïque selon Vincent Peillon

La tyrannie laïque selon Vincent Peillon


L’école catholique privée de son droit


La lettre adressée vendredi par le ministre de l’Education, Vincent Peillon, à tous les recteurs d’Académie est fort claire. Réagissant à une invitation d’Eric de Labarre, secrétaire général de l’enseignement catholique, d’ouvrir « un large débat » sur le projet de loi de légalisation du « mariage » des homosexuels, le ministre a appelé à une surveillance étroite dans toutes les écoles, mais surtout les écoles privées sous contrat, qui dans leur écrasante majorité sont catholiques. Eric de Labarre, a-t-il écrit, a commis une « faute ».
« Il vous appartient en effet de veiller à ce que les débats qui traversent la société française ne se traduisent pas, dans les écoles et les établissements, par des phénomènes de rejet et de stigmatisation homophobes. (…) Je vous appelle à la plus grande vigilance à l‘égard des conditions du débat légitime qui entoure le mariage pour tous (…) notamment dans les établissements privés sous contrat. »
C’est un appel clair à vérifier, contrôler, voire sanctionner le contenu de l’enseignement donné dans les écoles catholiques au nom de la foi et de la morale catholiques : derrière l’interdiction du « débat » (selon l’interprétation laïque et socialiste de la démocratie) se trouve en effet déjà le refus de porter un jugement de valeur sur le comportement homosexuel, et même d’évoquer le sens des mots. Le détournement absurde du sens du mot « mariage » ne fait pas partie des réalités que les maîtres catholiques payés par l’Etat peuvent dire à leurs élèves…
Eric de Labarre s’est assez mollement défendu vendredi en déclarant à l’AFP qu’il n’avait évoqué, en décembre, que les débats « entre adultes », entre « professionnels de l’éducation » : « Il est hors de question de remettre en cause la neutralité de l’enseignement et le respect des programmes. » Pas question « d’organiser spontanément » (sic !) des débats dans les classes : « même si, lorsqu’il y a des questions posées par les jeunes et les enfants, le pire c’est évidemment de garder le silence ».
Silence ! C’est pourtant le silence qui est accepté d’emblée en ne répondant pas, fièrement, que l’Eglise catholique a la vérité à transmettre, et que c’est le devoir des enseignants dans les établissements catholiques de former les consciences et la raison des élèves en accord avec cette vérité.
Le cardinal Vingt-Trois a repris à son compte la défense d’Eric de Labarre en évoquant un débat visant « davantage à toucher les enseignants et les parents », ajoutant qu’il avait compris que Labarre ne cherchait pas à « instrumentaliser les cours d’enseignement pour en faire un débat sur la loi » : si l’on interdit ces échanges entre adultes, il faut dire « qu’il y a une doctrine officielle et une police de la pensée », a indiqué l’archevêque de Paris.
Interrogé sur le « caractère propre » des établissements catholiques, le cardinal Vingt-Trois a déclaré que cela n’avait « aucun rapport » qu’un directeur d’école organise une réunion avec des parents d’élèves sur un sujet, ajoutant que n’importe quel directeur d’école, publique ou privée, peut le faire : « Sauf s’il y a une police de la pensée, encore une fois. »
La marque du collier
Le cardinal n’a pas tort. Mais dans ses propos comme dans ceux d’Eric de Labarre on perçoit la marque du collier. En échange d’une rémunération par l’Etat des maîtres de l’enseignement catholiques il y a l’acceptation de ce que les lois successives sur l’école dont imposé, notamment l’obligation pour l’école sous contrat de suivre les programmes officiels et d’être contrôlée sur ce point, avec l’obligation de respecter un cahier des charges qui inclut la « tolérance », l’éducation aux « valeurs de la République », la lutte contre les « stéréotypes » de toutes sortes y compris de genre, l’« éducation à la sexualité » selon les directives du ministère de l’Education nationale.
A un degré moindre mais non négligeable les écoles hors contrat y sont soumises aussi. Les lois existent. Prises par des gouvernements de gauche comme de droite. C’est pourquoi je ne m’étendrai pas ici sur les critiques – certes justes – de personnalités de « droite » contre Vincent Peillon. Laurent Wauquiez l’a accusé de « cathophobie », de vouloir « culpabiliser les chrétiens », le gouvernement étant lui coupable à travers son projet de loi de vouloir instaurer « la réforme du rejet, du mépris et de la haine envers les religions ». Mais voilà belle lurette que de nombreuses écoles catholiques ont accepté le relativisme officiel.
« Neutralité » ? Tu parles !
Quelle que soit la complicité de la droite avec l’idéologie antichrétienne qui est propre à l’esprit de l’école publique depuis ses origines, il faut noter que Vincent Peillon lui fait accomplir ici un saut qualitatif brusque en activant de manière lourde le droit de regard de l’Etat sur les écoles confessionnelles. Loin de vouloir faire respecter la « neutralité », comme il l’affirme, c’est bien unedoctrine officielle qu’il impose, tyranniquement, selon le plus pur modèle révolutionnaire et conformément à la laïcité chère à cet admirateur de Ferry et plus encore de Jean Jaurès, comme il l’a montré dans son ouvrage Jean Jaurès et la religion du socialisme.
Neutralité, l’idéologie du genre imposée aux écoles ? Neutralité, l’obligation de mettre sur le même plan cultures, civilisations et religions ? Neutralité, la relégation de la religion hors de la sphère du public, à telle enseigne qu’en théorie les cours de religion catholique ne doivent pas être donnés pendant les heures normales de cours ? Neutralité, la vision faussée de l’histoire ? Absence de débats de société à l’école là où on organise obligatoirement, les programmes l’exigent, des débats sur les sujets de société dans le secondaire ?
Non, ce n’est pas le « débat » qui inquiète Peillon pourvu qu’il s’agisse d’asséner la doctrine officielle. C’est la liberté qui l’incommode, l’irrite, qui lui est insupportable : la liberté de réfléchir en vue d’atteindre une vérité qui ne serait pas celle de la laïcité républicaine.
On a emprisonné et coupé des têtes pour moins que ça.

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