TOUT EST DIT

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vendredi 25 janvier 2013

Impatiences

Impatiences


Il est des moments où on ne sait plus très bien si l'actualité fait le Président ou si le Président fait l'actualité. Nous sommes dans une de ces périodes où tout semble désordre, où tout semble aller trop vite. Ou pas assez.
En dépit de sondages toujours mauvais, l'exécutif peut inscrire quelques succès à son actif. Patrons et syndicats ont conclu un accord unanime sur le contrat de génération, majoritaire sur la sécurisation du travail. Le Parlement a voté les emplois d'avenir, adopté le pacte de compétitivité qui baisse le coût du travail.
Des décisions importantes ont été entérinées, sur la Banque publique d'investissement, sur le pouvoir d'achat dans l'outre-mer, sur la succession des artisans. Le Parlement a ratifié le traité européen, permis la poursuite à l'étranger de ressortissants français suspectés de terrorisme, remis le harcèlement sexuel dans le code pénal. En six mois, trente-sept lois, que l'on oublie parfois vite, ont ainsi été votées.
Le Mali ¯ la droite sérieuse l'admet volontiers ¯ a révélé une réactivité et une préparation de l'exécutif sur un terrain où l'opposition ne donnait pas cher de sa compétence. Même l'affaire Florence Cassez, dans laquelle Nicolas Sarkozy s'était longuement et énormément investi, révèle que la discrète diplomatie de François Hollande, via la présence du président ¯ hispanophone ¯ du Sénat, Jean-Pierre Bel, en novembre auprès du nouveau pouvoir mexicain, a facilité un heureux dénouement.
Les pieds dans le tapis
Évitons de transformer des bonnes nouvelles en médiocres polémiques : il arrive à ce pouvoir de réussir des choses, à ce Président de se présidentialiser. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si la droite, au-delà de ses déchirures, peine à construire une opposition crédible sur les accords sociaux, sur la lutte contre le djihadisme, sur le crédit d'impôt.
Il arrive aussi à cet exécutif de se prendre les pieds dans le tapis, avec les meilleures intentions du monde. En augmentant les impôts et la dépense publique, la gauche s'est compliqué la tâche du redressement. En re-fiscalisant les heures sup, elle a rogné le pouvoir d'achat et le moral de salariés modestes. En introduisant, puis en retirant, la procréation médicalement assistée dans le projet de mariage gay, elle a inutilement joué avec le feu. En réformant des rythmes scolaires à marche forcée, elle s'est heurtée à des obstacles sous-estimés.
Mais le fait nouveau, c'est que là où l'on doutait de la fermeté de François Hollande, on découvre un Président chef de guerre à l'étranger, mais jamais aussi déterminé sur le terrain national, quitte à mécontenter son propre camp. Par exemple, la fin du cumul des mandats risque de ne pas être une partie de plaisir : le Sénat ¯ droite et gauche confondues ¯ ne le suivra pas. Et à l'Assemblée, on voit mal les députés se sacrifier de gaîté de coeur.
Mais son plus grand problème n'est pas là. Les réformes de société ont besoin de temps pour infuser. Les décisions économiques et sociales nécessitent des délais techniques. La loi se heurte à un attentisme paralysant. Or, l'impatience, des Français et du gouvernement, monte. L'hémorragie de l'emploi continue. Et François Hollande s'est mis le couteau sous la gorge en promettant, avant la fin de l'année, une inversion du chômage impossible sans croissance et sans confiance. Il ne suffit pas de légiférer pour que tout change dans l'instant.

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