Impayé. Le mot est déjà lourd de sens quand on l’écrit froidement. Il
est terrible quand il est synonyme de factures qui s’amoncellent, de
privations quotidiennes et de promesses de lendemains pires que les
jours de privation écoulés.
La France des impayés grossit chaque
jour sous l’effet de la crise. Depuis longtemps, elle n’est plus celle
des arnaqueurs qui taillent leur vie légère dans les chèques du meilleur
bois. Quasiment toutes les catégories sociales connaissent ce mot sans
pitié. Des chômeurs, qui cherchent désespérément à quitter Pôle Emploi,
aux femmes seules et à leurs enfants pour qui le Père Noël sera
forcément Père fouettard, faute de moyens de subsistance, tous portent
en eux la douleur infinie des impayés.
Le retraité, qui se résout à
frapper à la porte du Resto du Cœur, et la caissière abonnée aux temps
partiels savent que chaque augmentation de tarifs générera un nouvel
impayé. La hausse du prix du fuel ne déchaînera peut-être pas une crise
pétrolière mondiale, mais ce sera un choc pétrolier qui ébranlera un
portefeuille à la limite de la rupture.
Au regard de la montagne
des impayés, les hausses des prestations sociales paraissent dérisoires,
quand on sait qu’elles ne serviront même pas à régler une facture en
souffrance. Le Smic horaire augmentera de trois centimes le 1 er janvier prochain. Quand la baguette dépasse un euro, ces trois centimes représentent, réellement, une miette de pain.
Et
pourtant, rapportés au budget de l’État, ces quelques centimes
représentent une énorme dépense. Il suffit d’examiner les comptes de la
nation, comme ceux des collectivités territoriales, pour mesurer
l’ampleur de la protection sociale dans notre pays. Cet effort demeure
insuffisant au regard de la pauvreté qui grandit.
Menacé lui-même
d’impayés, afin de ne pas déchoir au rang de la Grèce, l’État arbitre,
rabiote, comme bien des ménages. Le débat actuel sur la fiscalité est le
signe évident d’un pays en crise, où la création de richesse est en
panne.
mercredi 19 décembre 2012
Panne de richesse
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