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jeudi 13 décembre 2012

L’UMP : produits « avariés » ?

L’UMP : produits « avariés » ? 


Mardi soir François Fillon et Jean-François Copé se sont de nouveau rencontrés. Cinquième rencontre (pour la frime ?) depuis le 18 novembre, et qui, comme les précédentes, s’est conclue sur un constat de désaccord. Le matin même, Fillon avait lancé au micro d’Europe 1 un impérieux : « Ça suffit ! » Devenu jusqu’au-boutiste, l’ex-Premier ministre semble plus résolu que jamais à mettre la pression sur son rival. A travers notamment l’initiative de deux de ses partisans : Bernard Accoyer (ex-président de l’Assemblée nationale) et Gérard Larcher (qui présida lui le Sénat).
Les deux hommes réclament l’organisation dans huit jours d’un référendum auprès des élus UMP, qu’ils souhaitent réunir mardi prochain. Un référendum pour convaincre le président en titre de l’UMP – « imposteur » et « putschiste » – de se soumettre à un « nouveau processus électoral », qui se déroulerait, selon une déclaration de François Fillon, « dans un délai raisonnable, au printemps prochain, en tout cas avant qu’on n’entre dans la préparation de cette succession d’élections locales et nationales qui nous attend ». Mais Copé ne veut rien céder sur le calendrier.
Nous nous interrogions hier dans Présent : et si le « succès » – même guillemetté, comme disait Jacques Perret qui a développé toute une théorie sur l’art du guillemettage et de son bon ou mauvais usage en matière journalistique – des candidats de l’UMP lors des trois élections partielle ne faisait que conforter les deux sabreurs fous dans leur antagonisme belliqueux ? Supprimant du même coup « l’électrochoc » nécessaire qu’aurait pu être pour le parti de l’ex-majorité une débâcle électorale retentissante ? Limitée certes à trois circonscriptions, mais suffisante pour déclencher l’alerte rouge, même dans les cerveaux embrumés d’arrivisme et de fureur destructrice des deux Ostrogoths en guerre tribale… Au lieu de cela, cette « victoire » en trompe-l’œil (il ne s’agit certes que d’un premier tour, mais la gauche paraît dans l’impossibilité de renverser la tendance dimanche prochain) peut provoquer chez les dirigeants de l’UMP une illusoire impression d’euphorie… Et convaincre ainsi les deux duellistes enragés, puisque les électeurs n’ont pas tous déserté, qu’ils peuvent continuer leur baston de chefs de gang en toute impunité. Hypothèse vers laquelle les deux pugilistes se dirigent.
Oxygénation pour UMP oxydée
Fillon explique : « S’il s’agit de revoter avant l’été avec une réforme des statuts en ouvrant complètement le jeu à de nouvelles candidatures pour assurer une sorte de réoxygénation de notre parti politique, j’y suis favorable. » Il envisage même la perspective de n’être pas lui-même candidat : « Je ne me bats pas pour moi. Ce n’est plus le sujet. » Quel est donc le sujet ? « C’est un nouveau départ pour l’UMP. Il faut des nouveaux candidats (exit donc Copé), il faut une nouvelle campagne, il faut des nouveaux statuts qui fassent en sorte que cette élection puisse être irréprochable. » Fillon accepterait de n’être plus candidat à condition bien sûr que Copé se retire aussi.
Mais ce dernier reste sur la position qu’il a exprimée lundi soir à Chartres : « Le plus important, dans les quinze mois qui viennent, est de se mettre ensemble pour gagner, en 2014, les élections municipales. » Après quoi, parole d’Iznogoud, il remettra son mandat en jeu. Sauf bien sûr si l’UMP reconquiert des municipalités. Copé argumente : « Faut-il se retaper une deuxième fois ce que nous venons de vivre avec les mêmes statuts ? Les mêmes causes produiraient les mêmes effets, ce serait suicidaire. » Pour empêcher ces « mêmes effets » il suffirait peut-être de supprimer la triche, cause principale de tout ce chambardement ? Et sans doute, changer aussi les candidats… C’est le souhait semble-t-il de plus en plus de militants et de sympathisants au sein de l’UMP. Une suggestion qui agace Copé : « Je serais élu pour deux cents ans, je dirais “OK, il y a un problème” : mais là je le suis pour trois ans et je propose de couper mon mandat par deux. »
A ceux qui demandent sa démission, Copé leur répond par un slogan emprunté au film La vérité si je mens : « Donnez la chance au produit ». A quoi les fillonnistes répondent : « Pas la peine : le produit est trop avarié ». Leur champion n’est pourtant pas très frais lui non plus…
Les deux camps de l’UMP « échangent », se console un élu du mouvement… Mais ils « échangent » surtout des gnons (au sens métaphorique) plutôt que des idées.
Un navet indigeste
Le Monde de mercredi rapportait cette apostrophe d’un « vieux militant » à Jean-François Copé : « Pendant qu’on se bagarre les socialistes rigolent. Soit on revote, soit on se met d’accord, mais qu’on arrête notre cinéma. » Coupez ! comme disent les metteurs en scène mécontents. Il y a en effet trop de longueurs, trop de redites, trop de cabotinage de la part des deux premiers rôles pour ce scénario burlesque sur pellicule sépia… Les spectateurs déçus trépignent de colère ou pire encore, commencent à bâiller d’ennui. Certains commencent même à sortir de la salle sans attendre le dénouement… Et les plus furieux d’entre eux, s’estimant grugés, réclament d’être remboursés : ils avaient cru voter pour un remake de Nicolas Sarkozy et se retrouvent devant un navet indigeste et légèrement débile, signé par deux tâcherons irréconciliables.

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