Oublions cette cacophonie pour ne retenir que l'essentiel. De quoi s'agit-il au juste ? D'éviter clairement le décrochage, voire le déclin de la France à la confiance dégradée. D'enrayer la dégringolade de son industrie et de son déficit commercial. De sauver des emplois aussi. Vaste chantier ? Vital, surtout.
En vingt ans, notre part dans le commerce mondial a chuté de moitié. En dix ans, le coût du travail, lui, a progressé deux fois plus vite en France qu'outre-Rhin. Cette dernière « performance » nous propulse vice-champions d'Europe en la matière, juste derrière la Belgique. Un titre au rabais dont on se serait bien passé. Car ces reculades plombent notre économie et le moral de nos entreprises exportatrices en perte de vitesse face à la concurrence internationale.
Comment redresser la barre alors que le Medef demande « un big bang pour sauver la France » ? En frappant fort ? C'est la recette avancée par Louis Gallois adepte d'un choc de compétitivité « massif ». Le commissaire à l'investissement, homme de droiture et de conviction mis sous pression, n'a pas changé une virgule au traitement de cheval qu'il proposera à Jean-Marc Ayrault. Il plaide notamment pour un allégement substantiel des charges sociales de 30 milliards d'euros compensé par de la TVA, de la CSG.
Plus possible de tabler sur une hypothétique reprise
Oui mais voilà, le gouvernement ne veut pas de cette potion en l'état. Et l'a déjà fait savoir. Que faut-il en penser ? Qu'arc-bouté sur l'objectif de réduction des déficits qu'il s'est fixé à 3 % du PIB en 2013, il a déjà serré à fond la corde de la fiscalité. Qu'il n'a plus guère de marge de manoeuvre pour préserver le pouvoir d'achat déjà écorné des Français, dans un pays quasi en récession et rongé par le chômage.
On est là au coeur du débat. Avec trois voies possibles. Faut-il s'accrocher à la seule « compétitivité coût » alors que le « prix » du travail n'est qu'une des causes du mal ? Un produit de mauvaise qualité, ou mal adapté au marché, peinera toujours à trouver preneur... Faut-il privilégier la « compétitivité hors coût » ? Mixer les deux ? À une action « coup de poing », l'Élysée et Matignon préfèrent un « pacte », une trajectoire dans la durée, avec des soutiens à l'innovation, à la recherche, à la formation, à l'investissement.
Une certitude : la France ne peut plus se payer le luxe de tabler, pour 2013, sur une hypothétique reprise, sortie d'une pochette-surprise, en croisant les bras. C'est bien l'avis de l'oracle Louis Gallois. D'Arnaud Montebourg, le virevoltant ministre du Redressement productif, auteur d'un mémorandum sur la relance de l'industrie. Du visionnaire Gerhard Schröder aussi. L'ex-Chancelier s'y connaît pour avoir, à la fin des années 1990, fait gagner le match de la compétitivité à l'Allemagne. En social-démocrate averti, il avait su lui donner un cap clair et audacieux qui a mis dix ans à porter ses fruits. C'est dire si, pour la France, le temps est plus que compté.
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