vendredi 27 juillet 2012
Immigration: pour une politique des réalités
Pendant une huitaine d’années, j’ai été l’un des responsables du
dossier immigration au cabinet du ministre de l’Intérieur puis à la
présidence de la République, et c’est à ce titre d’ancien conseiller que
je pense avoir une certaine légitimité pour m’exprimer.
Dans un contexte extrêmement difficile, marqué par une formidable
pression migratoire – toute une jeunesse des pays du Sud, accablée par
le chômage, la misère, l’oppression ne songe qu’à émigrer en Europe –
nous avons appliqué une excellente politique, la meilleure politique possible destinée à contenir le flux de population,
en dépit de l’hostilité de puissants contre-pouvoirs, administratifs,
judiciaires, associatifs, idéologiques, acharnés à combattre cette
orientation. En matière de lutte contre l’immigration illégale et de
limitation du regroupement familial et des régularisations, par
exemple, des résultats inconstestables ont été obtenus.
En revanche, nous nous sommes profondément trompés en démultipliant
les provocations inutiles et idéologiques comme « le débat sur
l’identité nationale » qui nous faisaient perdre du temps, de l’énergie,
provoquaient des polémiques stupides et fournissaient des armes à nos
opposants sans être du moindre intérêt sur le plan pratique.
« Etre de gauche » : l’expression change de sens d’un siècle à
l’autre. Au XIXème, elle s’appliquait surtout aux affaires religieuses,
au XXème à la question sociale et au XXIème se focalise de plus en plus
sur l’immigration, l’impératif d’ouverture et d’accueil. Les socialistes
au pouvoir, en annonçant des régularisations et une ouverture des
naturalisations – facteur décisif d’immigration en France à travers le
mariage – mettent en œuvre la politique pour laquelle ils ont été élus
par une majorité de Français. Quoi de plus normal ?
Cependant, nous savons par simple expérience que tout signal
d’ouverture, en matière d’immigration, se traduit systématiquement par
des phénomènes durables et d’une ampleur incontrôlable. A mes yeux (et
j’aimerais tant me tromper), les flux migratoires à vocation de
peuplement, d’un niveau déjà élevé, sans doute aux alentours de 150 à
200 000 par an, ont toute chance d’augmenter à l’avenir dans des
proportions significatives. Dans un pays qui compte trois millions de
chômeurs et n’a pas d’emploi à proposer aux nouveaux arrivants, ni
d’ailleurs de logement et dont la situation budgétaire interdit de
consacrer les moyens considérables nécessaires à l’intégration des
primo-arrivants, ces mouvements de population vont encore amplifier
l’exclusion, le repli, la ghettoïsation, le sentiment de révolte et les
phénomènes de chaos et d’anomie tels que les a décrits le sociologue
Hugues Lagrange.
Encore une fois, je serais heureux d’être dans l’erreur mais n’ai
hélas pas le moindre doute sur la réalité de ce qui nous attend.
Sortir de l’idéologie et des passions, à droite comme à gauche, pour se focaliser sur les seules réalités : est-ce encore possible dans notre pays ?
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