dimanche 25 mars 2012
Qui vote Jean-Luc Mélenchon?
Désormais donné troisième du premier
tour dans un sondage BVA publié jeudi, Jean-Luc Mélenchon n'en finit
plus de progresser dans les intentions de vote. Crédité de 11 à 14% des
voix selon les instituts, le candidat du Front de gauche capterait une
partie des électeurs de François Hollande et des abstentionnistes.
Contacté par leJDD.fr, Eric Bonnet, directeur d'études à BVA, décrypte
le profil de l'électorat de l'ancien socialiste.
C'est le "nouveau troisième homme" de la campagne
présidentielle. Du moins, selon l'institut BVA. Avec 14% d'intentions de
votes, Jean-Luc Mélenchon progresse de 5 points en un mois, selon une enquête publiée jeudi pour Orange, la presse régionale et RTL.
Le leader du Front de gauche devancerait ainsi au premier tour Marine
Le Pen (13%) et François Bayrou (12%). C'est néanmoins, pour l'heure, le
seul institut de sondage à placer l'ancien socialiste dans une telle
position.
Dans une enquête CSA publiée également jeudi,
Jean-Luc Mélenchon reste en effet quatrième, à égalité avec François
Bayrou (13% tous les deux), derrière Marine Le Pen (13,5%). Pour le Rolling quotidien de l'Ifop,
Jean-Luc Mélenchon est là aussi ex-aecquo avec le patron du MoDem avec
12% d'intentions de vote, à six points de la présidente du Front
national. Néanmoins, si les marges d'erreur départagent difficilement
ces trois candidats, les instituts s'accordent pour observer une
dynamique autour de la candidature du représentant du Front de gauche.
Et ce, peu importe les catégories socio-professionnelles. Jean-Luc Mélenchon
arrive à la fois à séduire les classes populaires comme les plus aisés.
Autant les cadres que les employés et ouvriers. Selon l'Institut BVA
par exemple, près de 18% des citoyens aux revenus allant de 2.500 à
3.500 euros voteraient pour lui. Chez les revenus inférieurs à 1.500
euros, il récolterait 17% des voix. "Sa progression est relativement
homogène", note pour leJDD.fr Eric Bonnet, directeur d'études à BVA.
Comment expliquer alors une telle évolution? Doit-on y voir le succès de son meeting géant sur la place de la Bastille
dimanche dernier? "La Bastille est plus le signe que la cause de sa
montée dans les sondages", relève Eric Bonnet. Le sondeur explique
plutôt cette "percée" de Jean-Luc Mélenchon par la "campagne modérée de
François Hollande, qui peut décevoir une partie de son électorat le plus
à gauche" et "la très bonne campagne du candidat du Front de gauche".
Une
bonne campagne qui se traduit notamment par ses bons scores lors de ses
passages télévisés ou par la forte hausse de sa cote de popularité.
Selon l'Ifop pour Paris Match, 57% des Français déclarent avoir
une bonne opinion de lui, soit une hausse de huit points en un mois.
Dans l'enquête CSA publiée jeudi, il est le candidat qui fait la
meilleure campagne pour une majorité de Français. Près des deux-tiers
d'entre eux (65%) pensent qu'il fait "une bonne campagne" (27% estiment
même qu'elle est "très bonne"), contre 62% pour François Hollande et 58%
pour Nicolas Sarkozy.
L'autre explication de la
bonne forme de Jean-Luc Mélenchon dans les sondages, c'est son espace
politique très large. En 2007, Olivier Besancenot et Arlette Laguiller
récoltaient à eux deux 5,4% des voix. En 2012, leurs successeurs, Philippe Poutou et Nathalie Arthaud,
ne dépassent pas 1% dans les intentions de vote. "Les électeurs
d'extrême gauche sont orphelins", confirme Eric Bonnet. Sans compter une
partie des électeurs de Ségolène Royal en 2007 qui, dans une proportion
de 13 à 20% selon les sondages, serait tentée cette fois par le vote
Mélenchon.
Autre
force de sa candidature : le candidat du Front de gauche arrive à
intéresser des potentiels abstentionnistes. Selon BVA, près de 20% des
18-24 ans, catégorie d'âge la plus abstentionniste, seraient notamment
prêts à glisser son nom dans l'urne le 22 avril. "C'est le signe qu'il
peut réussir à mobiliser un électorat pas vraiment politisé. Mais c'est
aussi à double-tranchant, puisqu'il est par définition moins solide",
indique Eric Bonnet. Signe de cette hésitation : la sûreté du choix des
électeurs de Mélenchon est encore relativement faible : 57%, selon BVA,
contre 90% pour Hollande, 89% pour Sarkozy et 81% pour Le Pen. Seul
l'électorat Bayrou (45%) semble plus fragile que le sien.
Mais
cette fragilité s'explique aussi par "le dilemme dans lequel se
trouvent certains électeurs de gauche", que résume Eric Bonnet :
"Faut-il voter pour Mélenchon qui les séduit ou Hollande qui serait le vote le plus efficace
pour battre Nicolas Sarkozy?". Une incertitude qui pourrait représenter
le principal frein à la hausse du représentant du Front de gauche dans
les sondages. "Le risque pour lui, c'est que la perspective du vote
utile rebondisse", explique le sondeur. Pour l'heure, le candidat
profite de la faible probabilité que François Hollande soit absent du
second tour. Mais à un mois du premier tour, rien n'est encore acquis.
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