mercredi 21 décembre 2011
Le soleil n’est pas prêt de se lever à l’Est
En Transnistrie, république sécessioniste de Moldavie reconnue par aucun pays ou organisation, située aux marges de l’Europe, une véritable élection présidentielle est en cours. Deux journalistes de Presseurop se sont rendues sur place.
"La Transnistrie? jamais entendu parler” : c’est la réponse classique quand on évoque le nom de cette République autoproclamée au sein du territoire de la Moldavie, le pays le plus pauvre d’Europe. Pour quelques personnes cependant, la Transnistrie c’est un “trou noir”, “une plaque tournante du trafic humain et de drogues”, ou bien “le dernier bastion communiste dans le jardin de l’UE”.
D’une superficie de deux fois le Luxembourg et financièrement soutenue par la Russie, elle n’est reconnue par aucun pays ou organisation. Pourtant, comme ils le font tous les cinq ans, les Transnistréens se sont rendus aux urnes le 11 décembre afin d’élire leur chef de l’Etat.
Car si officiellement la Transnistrie, coincée entre l’Ukraine et la Moldavie, fait partie de cette dernière, les Transnistréens ne l’entendent pas de cette oreille. Et le conflit gelé a récemment été remis sur l’agenda sous la forme de négociations au format dit “5+2” (les deux parties avec l’Ukraine, la Russie et l’OSCE, et deux observateurs: l’UE et les Etats-Unis).
Depuis que le président sortant, l'ancien mineur russe Igor Smirnov, a proclamé l’indépendance en 1991, lors de l’éclatement de l’URSS, la Transnistrie a tout ce qui fait une nation : un chef de l’Etat, un Parlement (appelé Soviet Suprême), une monnaie (le rouble transnistréen), un drapeau avec faucille et marteau et, bien sûr, un hymne national.
Dimanche 11 décembre, cet hymne résonnait des haut-parleurs installés aux bureaux de vote. Au bureau central, les électeurs ont même pu assister à un concert donné par un orchestre.
Parce que se rendre aux urnes, c’est une fête en Transnistrie. Dès l’aube, le demi-million d’habitants étaient appelés à la radio à participer à “ce moment important de patriotisme”.
A l’issue du scrutin, Igor Smirnov, qui régnait d’une main de fer (les droits de l’homme et la liberté de la presse ont encore un long chemin à faire) depuis plus de deux décennies, a finalement subi une cuisante défaite, recueillant guère plus de 25% des voix. Ses deux opposants principaux se rencontreront le 25 décembre pour un second tour.
Il s’agit d’un côté de Evgueni Chevtchouk (plus de 38% des voix au premier tour), un avocat de 43 ans, chef du parti “Renaissance” et candidat préféré des jeunes. De l’autre côté, d’Anatoly Kaminski (26% des voix), un homme d’affaires de 61 ans et chef du parti “Renouveau” que le Kremlin aimerait voir prendre le pouvoir.
L'idéal d’indépendance est non seulement inscrit sur les programmes des deux candidats du second tour mais est aussi le plus cher désir des habitants. Mais pour Chevtchouk cependant, “Le bien-être de la population et la lutte contre la corruption et les conflits d’intérêts prévalent sur la reconnaissance de l’indépendance de notre Etat”, ainsi qu'il nous l'a affirmé, tout en critiquant “les autorités qui agissent dans l’intérêt d’une seule entreprise”. Il faisait référence à la société Sheriff gérée par le fils de Smirnov, qui semble avoir le monopole sur tout ce qui se fait ou se vend en Transnistrie : les stations d’essence, les supermarchés, la téléphonie mobile, le club de foot national...tous portent l’enseigne de Sheriff.
Quoi qu’il en soit, "Rodina !, Rodina !..." ("Patrie" en russe) était sur toutes les lèvres. Toutes les personnes que nous avons rencontrées, Moldaves ou Russes, ont affirmé qu’elles désiraient plus que tout l’indépendance de leur patrie et que celle-ci était la seule valeur importante à leurs yeux.
De ce point de vue, la capitale de cet "Etat imaginaire, mais hautement stratégique", comme l'a qualifiée Euronews, vit et vivra encore suspendu à un espoir.
Un espoir dont on peut se demander s’il est le syndrome d’un lavage de cerveau ou s’il relève d’une véritable conviction patriotique. Les résultats du second tour n’apporteront probablement pas de réponses à cette question. Le soleil n’est pas prêt de se lever à l’Est.
"La Transnistrie? jamais entendu parler” : c’est la réponse classique quand on évoque le nom de cette République autoproclamée au sein du territoire de la Moldavie, le pays le plus pauvre d’Europe. Pour quelques personnes cependant, la Transnistrie c’est un “trou noir”, “une plaque tournante du trafic humain et de drogues”, ou bien “le dernier bastion communiste dans le jardin de l’UE”.
D’une superficie de deux fois le Luxembourg et financièrement soutenue par la Russie, elle n’est reconnue par aucun pays ou organisation. Pourtant, comme ils le font tous les cinq ans, les Transnistréens se sont rendus aux urnes le 11 décembre afin d’élire leur chef de l’Etat.
Car si officiellement la Transnistrie, coincée entre l’Ukraine et la Moldavie, fait partie de cette dernière, les Transnistréens ne l’entendent pas de cette oreille. Et le conflit gelé a récemment été remis sur l’agenda sous la forme de négociations au format dit “5+2” (les deux parties avec l’Ukraine, la Russie et l’OSCE, et deux observateurs: l’UE et les Etats-Unis).
Depuis que le président sortant, l'ancien mineur russe Igor Smirnov, a proclamé l’indépendance en 1991, lors de l’éclatement de l’URSS, la Transnistrie a tout ce qui fait une nation : un chef de l’Etat, un Parlement (appelé Soviet Suprême), une monnaie (le rouble transnistréen), un drapeau avec faucille et marteau et, bien sûr, un hymne national.
Dimanche 11 décembre, cet hymne résonnait des haut-parleurs installés aux bureaux de vote. Au bureau central, les électeurs ont même pu assister à un concert donné par un orchestre.
Parce que se rendre aux urnes, c’est une fête en Transnistrie. Dès l’aube, le demi-million d’habitants étaient appelés à la radio à participer à “ce moment important de patriotisme”.
A l’issue du scrutin, Igor Smirnov, qui régnait d’une main de fer (les droits de l’homme et la liberté de la presse ont encore un long chemin à faire) depuis plus de deux décennies, a finalement subi une cuisante défaite, recueillant guère plus de 25% des voix. Ses deux opposants principaux se rencontreront le 25 décembre pour un second tour.
Il s’agit d’un côté de Evgueni Chevtchouk (plus de 38% des voix au premier tour), un avocat de 43 ans, chef du parti “Renaissance” et candidat préféré des jeunes. De l’autre côté, d’Anatoly Kaminski (26% des voix), un homme d’affaires de 61 ans et chef du parti “Renouveau” que le Kremlin aimerait voir prendre le pouvoir.
L'idéal d’indépendance est non seulement inscrit sur les programmes des deux candidats du second tour mais est aussi le plus cher désir des habitants. Mais pour Chevtchouk cependant, “Le bien-être de la population et la lutte contre la corruption et les conflits d’intérêts prévalent sur la reconnaissance de l’indépendance de notre Etat”, ainsi qu'il nous l'a affirmé, tout en critiquant “les autorités qui agissent dans l’intérêt d’une seule entreprise”. Il faisait référence à la société Sheriff gérée par le fils de Smirnov, qui semble avoir le monopole sur tout ce qui se fait ou se vend en Transnistrie : les stations d’essence, les supermarchés, la téléphonie mobile, le club de foot national...tous portent l’enseigne de Sheriff.
Quoi qu’il en soit, "Rodina !, Rodina !..." ("Patrie" en russe) était sur toutes les lèvres. Toutes les personnes que nous avons rencontrées, Moldaves ou Russes, ont affirmé qu’elles désiraient plus que tout l’indépendance de leur patrie et que celle-ci était la seule valeur importante à leurs yeux.
De ce point de vue, la capitale de cet "Etat imaginaire, mais hautement stratégique", comme l'a qualifiée Euronews, vit et vivra encore suspendu à un espoir.
Un espoir dont on peut se demander s’il est le syndrome d’un lavage de cerveau ou s’il relève d’une véritable conviction patriotique. Les résultats du second tour n’apporteront probablement pas de réponses à cette question. Le soleil n’est pas prêt de se lever à l’Est.
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