vendredi 9 décembre 2011
Cet étrange débat sur le droit de vote
Droit consubstantiel lié à la nationalité ou expression « pragmatique » d'une participation à la démocratie locale, ces deux conceptions du droit de vote s'affrontent - avec des arguments également légitimes - dans le débat actuel au Sénat. Comme question de philosophie politique, le débat n'est pas négligeable. Mais il est surtout aujourd'hui le prétexte à un jeu politicien inutile. Historiquement, le Parti socialiste n'est pas infondé à déposer sa proposition de loi. La mesure figurait déjà dans son programme de 1981 et la « gauche plurielle » l'avait voté à l'Assemblée en 2000, sans que Lionel Jospin, connaissant l'hostilité de la haute chambre sur le sujet, ne la transmette au Sénat. Inversement, le tollé à droite est assez largement artificiel, surtout au vu des positions contradictoires de Nicolas Sarkozy sur la question. Des changements largement imputables à un positionnement tactique plus qu'à de fermes convictions citoyennes. Mais François Mitterrand avait fait de même dans les années quatre-vingt, agitant ce chiffon rouge à l'égard de la droite et de l'extrême droite. Ces derniers jours, certains à droite, Claude Guéant en tête ont aussi embrayé sur ce terrain fantasmatique. Le paradoxe est qu'aujourd'hui la question a perdu de son poids symbolique : les « étrangers », membres de l'Union européenne peuvent voter depuis 1992. Et une majorité des Français, selon un sondage récent, serait favorable à ce droit de vote élargi aux élections locales. Reste la question de l'opportunité. Alors que l'Europe s'enfonce dans la crise, cette question-là est-elle prioritaire ? On peut en douter.
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