TOUT EST DIT

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mercredi 16 novembre 2011

Un vrai faux compromis


Allait-il céder sur l'EPR de Flamanville et sur l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, au risque d'alimenter le procès en mollesse qui lui est intenté ? Ou allait-il offrir une démonstration de fermeté, au risque d'abîmer son image de rassembleur ? François Hollande peut se prévaloir d'avoir évité les deux écueils.

Les écologistes allaient-ils renier leurs fondamentaux, notamment sur le nucléaire, pour quelques sièges de députés ? À défaut de compromis sur tout - on ne fait pas un demi-aéroport ou un demi EPR - il fallait bien que l'un des deux cède. Europe écologie a perdu sur les deux grands dossiers de l'Ouest.

Un constat de désaccord valait mieux qu'un clash. Il aurait certes gêné François Hollande. Il aurait surtout coûté cher aux écologistes. Être réduit au rôle de strapontin parlementaire sur lequel la majorité s'assied n'a jamais été une perspective excitante.

Eva Joly peut même se prévaloir, en dépit du petit 5 % dont elle est créditée, d'un pas significatif sur le nucléaire, la proportionnelle, la possibilité d'un groupe parlementaire. Mais au prix d'un texte à tel point ambigu qu'il n'est pas acquis que les écologistes participeraient à un gouvernement de gauche.

L'inconvénient de cette entente bancale est que l'on n'en comprend pas bien le sens. Même s'il accepte la fermeture de 24 réacteurs, pour ramener leur production électrique de 75 à 50 %, François Hollande n'annonce pas de sortie du nucléaire. Pour des raisons réelles d'emploi, de recherche, d'engagements financiers, il « sauve » l'EPR, conçu pour fonctionner... soixante ans !

Divergence majeure

Soit le nucléaire est dangereux, et il faut en sortir complètement, annoncer la couleur, ce que le PS, divisé sur le sujet, ne fera pas. S'il est dangereux, il l'est autant à nos frontières que chez nous, et il faut alors organiser son abandon à l'échelle du continent. S'il est dangereux, il ne l'est pas le temps d'un seul quinquennat, mais pour tous les gouvernements à venir, qui ne seront pas forcément sur la même ligne.

Soit, au contraire, il n'est pas dangereux. Pourquoi, alors, l'abandonner en partie ?

Décider, dans le cadre d'une aussi courte négociation, et à huis clos, d'engagements aussi lourds dans le temps et dans l'espace pose une question de démocratie. Heureusement, rien d'irréversible n'est encore conclu. Cet accord, qui enregistre la divergence fondamentale sur le nucléaire, appelle une mise à plat de tous les éléments. Il impose un débat documenté sur les risques, le coût, le prix de l'électricité, le bilan carbone d'un abandon de l'atome. Il justifierait, in fine, un arbitrage citoyen.

La conclusion boiteuse de cette négociation est-elle surprenante ? Les socialistes et les écologistes se sont toujours affrontés sur le nucléaire ou sur Notre-Dame-des-Landes. S'ils étaient superposables, il n'y aurait pas deux partis, ni deux candidats...

François Hollande n'a pas vocation à remplacer Eva Joly. Il se projette dans la présidence du pays et considère, même si ça ne serait pas de tout repos, qu'il pourrait travailler avec les écologistes sans être d'accord sur tout. Convaincu de l'envie d'alternance, il fait le pari qu'il sera de toute façon le centre de ralliement des électorats de gauche.

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