Dagong, jeune agence de notation chinoise, attribue à la France une note nettement moins bonne que ses consoeurs anglo-saxonnes. A-t-elle raison?
Dagong n'est pas sévère qu'avec la France. «Elle a une vision beaucoup plus négative que les agences occidentales des États-Unis, du Royaume-Uni, de la France, de la Belgique, de l'Italie, de l'Espagne, observe dans une note Patrick Artus, responsable de la recherche économique chez Natixis. En ce qui concerne la situation des finances publiques et la croissance potentielle, nous ne pouvons que donner raison à Dagong par rapport aux trois grandes agences de notation.»
Mais la note financière d'un État, qui reflète le risque que ce dernier ne rembourse pas -ou mal- sa dette, n'est pas basée uniquement sur des critères purement comptables. D'ailleurs, la France ne mériterait qu'un AA si seuls les seules statistiques étaient prises en compte par Standard & Poor's, d'après les calculs de Natixis.
Risques politiques
«Le fossé entre Dagong et les trois grandes agences s'explique ainsi dans l'appréhension des risques politique et de gouvernance», relève Juan Carlos Rodado, économiste chez Natixis et auteur d'une étude sur la méthodologie des agences de notation. Un exemple: le Venezuela est noté plus sévèrement par Standard & Poor's (BB-) que par Dagong (BB+), parce que la première a moins confiance dans le gouvernement Chavez. Moody's, Fitch et Standard & Poor's, contrairement à Dagong, font aussi peser sur une note le poids de l'histoire. Si un pays a mal remboursé ses créanciers par le passé, comme la Russie en 1998, le jugement final sera plus sévère. Ce facteur défavorise les pays en développement, et profite aux Occidentaux.Au coeur même des arguments chiffrés, l'agence chinoise valorise plus fortement la croissance économique et les réserves de change, c'est-à-dire la trésorerie dégagée par l'ensemble d'une économie grâce notamment aux exportations. Cette manière de faire favorise clairement les pays émergents, grands exportateurs (comme la Chine) et en phase de rattrapage économique.
L'agence Dagong se montre toutefois bien trop sévère en général, estime Jean-Christophe Caffet, économiste en charge de la France, chez Natixis également: «Elle n'a placé quasiment aucun grand pays en catégorie AAA, et ceux qu'on y retrouve sont des marchés de la dette plutôt étroits dans lesquels on ne peut pas réellement investir, comme la Norvège, le Danemark le Luxembourg ou la Nouvelle-Zélande.»
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