La crise des flottilles, au départ du Pirée et à destination de Gaza, intervient au moment où Israël et la Grèce se rapprochent. Le président grec effectue une visite de deux jours dans le pays, jusqu'à mardi. Une première dans l'histoire des relations entre les deux pays.
Georges Papandréou, le chef du gouvernement y est certes passé en 2010 pour amorcer un rapprochement inédit avec l'Etat Hébreu. Une première également. Surtout que son père Andréas Papandréou, ancien Premier ministre, était un fidèle soutien de Yasser Arafat. Lorsque ce dernier fut obligé de quitter le Liban en 1982 sous la menace de l'armée israélienne, c'est en Grèce qu'il se rendit, avant de trouver refuge à Tunis.
Les temps ont changé. Ce changement de cap diplomatique s'illustre par le soutien des Grecs dans la crise des flottilles, remarqué par Shimon Peres qui les en a remercié ce lundi matin.
L'assaut meurtrier du Mavi Marmara l'an dernier, puis l'échec des négociations la semaine dernière avec Ankara, ont encore rapproché les deux nouveaux alliés.
A la suite de cette affaire, la Turquie avait d'ailleurs fermé son espace aérien à Tsahal... qui était du coup venue s'entraîner au dessus du territoire grec. L'antagonisme est mécanique: à mesure que l'alliance turque se refroidit, les relations avec la Grèce se réchauffent.
L'axe Athènes-Tel-Aviv qui se dessine pourrait aboutir sur la construction d' un pipeline, comme le notait The Economist en novembre dernier. Les champs gaziers trouvés au large des côtes israéliennes pourraient être acheminés en Europe via un gazoduc sous-marin qui déboucherait dans le Péloponnèse. Vu la situation économique de la Grèce, ça ne peut qu'être une bonne nouvelle pour elle. Problème, Israël, Chypre et le Liban se disputent toujours quant au légitime propriétaire de ces hydrocarbures.
Cette communauté est peu en phase avec les autorités israéliennes, comme l'illustre l'affaire du patriarcat de Jérusalem en 2005. Le patriarche Irénée 1er a été déposé par le Synode pour avoir vendu indûment, selon ses adversaires, des biens de la communauté à des investisseurs juifs. Israël a mis deux ans pour reconnaître sa déposition. Le patrimoine de la communauté grecque orthodoxe est un enjeu politique majeur dans la vieille ville de Jérusalem et dans le pays, où elle constitue l'un des premiers propriétaires fonciers. Le parlement israélien, la Knesset, est même construit sur un terrain loué au Patriarcat de Jérusalem.
Pourtant, les églises chrétiennes de Jérusalem se plaignent du traitement par les autorités israéliennes de leurs biens historiques. L'historien-voyageur anglais William Dalrymple, dans son ouvrage "Dans l'ombre de Byzance: Sur les traces des chrétiens d'Orient", observait que "les découvertes archéologiques liées au judaïsme étaient traitées avec soin et respect mais que les vestiges chrétiens, eux, ne bénéficiaient d'aucune attention". La nouvelle alliance devra se saisir de cette question, si elle ne veut pas en rester au stade d'une idylle estivale.
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