Les habitants du Bronx ne croient pas aux mensonges de Nafissatou Diallo. Ils pointent la naïveté et la crédulité de la plaignante.
Et ce suspect n'a pas encore été jugé. Le ministère public est donc à l'affût de toute information susceptible de nourrir son dossier d'accusation. Selon le New York Times , la femme de chambre «a discuté de l'intérêt de poursuivre les accusations» contre Dominique Strauss-Kahn, moins de 24 heures après le début du scandale, la veille 14 mai.
C'est après cet appel intercepté que la police a été chargée d'enquêter sur les fréquentations de la femme du chambre du Sofitel ainsi que sur son compte en banque et les mouvements d'argent qu'on peut y lire. Entre l'importance des dépôts en liquide -de l'ordre de 100.000 dollars en deux ans (près de 69.000 euros)- et le fait qu'ils ont été effectués en plusieurs endroits des États-Unis, les enquêteurs pensent avoir reconnu un mode opératoire classique des trafiquants de drogue. En poussant un peu plus leurs recherches, les détectives sont tombés sur au moins quatre contrats de téléphone mobile chez divers prestataires, qu'elle alimentait régulièrement. Pourquoi tous ces téléphones, alors qu'elle a affirmé à la police n'en posséder qu'un? Ici encore, les agents du NYPD croient avoir reconnu une méthode familière des dealers: le portable rechargeable sans abonnement à long terme.
Vendredi, la police new-yorkaise refusait de livrer le nom du suspect incarcéré et ne voulait pas non plus donner d'informations sur ses origines géographiques.
Quant au procureur Cyrus Vance Jr., il n'a évoqué ni la conversation téléphonique, ni le compte en banque de l'employée du Sofitel. De son côté, dans une déclaration publique à la sortie du tribunal criminel de Manhattan, Kenneth Thompson, l'avocat de Nafissatou Diallo, a affirmé vendredi que sa cliente ignorait que ce détenu était un trafiquant de drogue.
Les dealers du Bronx
Selon ce que l'on a pu apprendre de cette Guinéenne de 32 ans, elle n'entretenait à New York que des relations au sein de la communauté africaine, notamment parmi les immigrés originaires de Guinée, du Sénégal et de Gambie.Le Bronx, en particulier ses quartiers sud où vivent ces Africains déshérités, abrite de nombreux gangs de dealers. Mais les rois du trafic y restent les Sud-Américains et les Portoricains. Toutefois, pour celui des produits moins rémunérateurs comme la marijuana, le «pot » comme on l'appelle à New York, des Africains se seraient emparés d'une partie du marché.
A Harlem, autour de la 116ème rue, où vivent de nombreux Guinéens, comme dans la partie du Bronx où Nafissatou Diallo habitait, l'incrédulité régnait vendredi. «Une petite paysanne peule comme elle ne savait rien de la drogue, dit Maladho Diallo, président de la mosquée Fouta Islamic Center (Bronx). Elle a été manipulée parce qu'elle était trop naïve», ajoute-t-il.
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