lundi 25 avril 2011
La démocratie, exigence universelle
Il y a un effort à faire pour tirer des enseignements optimistes de ce qui vient de se dérouler en Côte d'Ivoire et ailleurs en Afrique. Malgré le chaos et les morts, malgré la frénésie médiatique autour de la chute des dictateurs, ces événements renforcent l'idée qu'il existe, non sans soubresauts, une conscience démocratique universelle. L'actualité bat en brèche les idées reçues, fondées sur le complot, le néocolonialisme, la souveraineté d'un territoire ou la nécessité d'un recours à la force pour conserver le pouvoir.
Que n'aurait-on dit si la communauté internationale, c'est-à-dire l'Onu, avait abdiqué devant la détermination de Gbagbo de se maintenir à la tête de son pays ? Qui pense encore que l'Otan est superflue pour participer à neutraliser le « Guide suprême » libyen ?
Le sursaut révolutionnaire dans le monde arabe, dont l'issue positive n'est pas clairement acquise, appelle un accompagnement de la France et de l'Europe. Les médias, malgré leur quête de sensationnel et de course à l'audience, ont leur place dans cet effort. À condition qu'ils fassent l'effort d'expliquer les enjeux et les défis nouveaux. Observons que c'est la télévision que les dictateurs craignent quand leurs propagandes sont, en un instant, débusquées ou ridiculisées. C'est aussi cette même télévision ¯ et les réseaux sociaux ¯ qui, en creux, fédèrent des peuples qui se mettent à croire en une justice internationale. Tout cela est ténu certes, mais irrémédiable.
La « civilisation de l'universel » si chère à l'ancien poète président du Sénégal Léopold Sédar Senghor (relayée, plus tard, par le philosophe Edgar Morin quand il évoque sa « communauté de destin ») est bien là dans les consciences. L'actualité ne se résume pas, en Afrique, au spectacle de la mort. Il se tisse sur le continent noir de quoi espérer. Du côté du Niger par exemple où des élections démocratiques viennent de mettre au pouvoir des civils, avec la bénédiction de militaires fiers de retourner dans leurs casernes. Ou bien au Rwanda : qui sait que ce pays qui revient des enfers a décidé, en 2007, de supprimer la peine de mort ? Que pour la première fois dans l'histoire des pays du Sahel, c'est une femme, respectée pour son intransigeance, qui, ce mois-ci, vient d'être nommée Premier ministre du Mali ?
Reste à l'Union africaine à exister. Quand sa voix portera, on commencera à regarder l'Afrique et les Africains autrement. Alors, les Africains en quête de démocratie pourront sortir du dilemme résumé ainsi par un journaliste congolais, Jean-Jules Lema Landu, « entre la sécurité du passé, le connu, et la peur de l'inconnu, le futur. »
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