vendredi 4 mars 2011
Trichet propulse l'euro au seuil de 1,40 dollar
En préparant les marchés à une prochaine hausse de ses taux d'intérêt, la BCE a poussé jeudi 3 mars l'euro au seuil des 1,40 dollar. La monnaie unique est montée jusqu'à 1,3970 dollar dans l'après-midi, et progressait face à la plupart des autres grandes devises. En moins de deux mois, elle a pris 8 %.
« Une grande vigilance s'impose » afin de contenir la menace inflationniste, a indiqué Jean-Claude Trichet lors de la traditionnelle conférence de presse de la BCE. « Une hausse des taux d'intérêt lors de la prochaine réunion n'est pas certaine mais elle est possible », a-t-il encore dit.
Un message tout sauf sibyllin pour les investisseurs, désormais convaincus qu'un premier resserrement monétaire aura lieu en avril, avec un relèvement de 25 points de base des taux directeurs.
« La BCE a annoncé à l'avance une hausse des taux lors de sa prochaine réunion, confirme Jacques Cailloux de RBS. C'est un choc pour nous car nous considérions qu'elle attendrait jusqu'en septembre ».
Le différentiel de taux entre l'Europe, où les autorités monétaires durcissent le ton vis-à-vis de l'inflation, et les Etats-Unis, où la politique monétaire de la Fed reste très « accommodante », joue en faveur de la monnaie unique. L'euro est momentanément passé jeudi au dessus de sa moyenne mobile sur 200 jours par rapport au dollar.
Le discours de Jean-Claude Trichet a aussi suscité une vive remontée des taux courts européens. Les emprunts à deux ans de l'Allemagne, de la France et de la Finlande (trois pays qui bénéficient de la meilleure note « AAA ») ont ainsi bondi de plus de 20 points de base (0,2 %) à respectivement 1,75 %, 1,78 % et 1,61 %. Les emprunts à 10 ans de ces mêmes pays ont pris plus de 10 points de base.
« Les rendements se tendent car le marché n'anticipait pas une hausse aussi rapide des taux de la banque centrale. Cela favorise mécaniquement une remontée des taux courts qui sont plus ou moins indexés sur les taux de la BCE », explique Cyril Regnat, de Natixis.
Les investisseurs tentent désormais de prévoir à quel rythme la BCE va augmenter ses taux après avril. Les avis divergent déjà. Selon Cyril Regnat, le marché table sur trois relèvements dès cette année.
Jean-Claude Trichet a cependant tempéré son propos en signalant qu'il ne s'agissait pas de l'amorce d'un « cycle » de resserrement monétaire, autrement dit d'une série de hausses répétées tous les 2 à 3 mois.
« Après la probable hausse des taux d'avril, la BCE pourrait donc se remettre en statu quo pour les six mois suivants. Si c'est le cas, j'avoue que je ne comprends pas bien l'intérêt de ce geste », commente Bruno Cavalier, chez Oddo Securities.
Un durcissement trop brutal de la politique monétaire aurait des effets négatifs pour l'économie. Il pourrait également être préjudiciable pour les pays les plus fragiles au sein de la zone euro. « Les risques associés à la décision de la BCE sont élevés, alors que la situation des périphériques reste tendue », estime Jacques Cailloux.
Les craintes de contagion de la crise à l'Espagne se sont apaisées depuis le début de l'année. Mais les marchés obligataires restent tendus. Les nombreuses échéances qui se profilent au cours des prochaines semaines -échéances obligataires du Portugal, renégociation du prêt international à l'Irlande par le nouveau gouvernement, tests de résistance des banques, définition d'un mécanisme de stabilité lors des sommets de chefs d'Etat -pourraient donc marquer un tournant dans la crise de la zone euro.
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