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lundi 24 janvier 2011

Algérie : 42 blessés lors d'une manifestation réprimée

Une manifestation « pour la démocratie » empêchée par la police a fait plusieurs blessés samedi en plein centre d'Alger, 19 selon la police et 42 selon l'opposition organisatrice du mouvement interdit.

Saïd Sadi, président du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD), a indiqué par téléphone qu'« il y a eu 42 blessés, dont deux grièvement, tous hospitalisés, et de nombreuses interpellations » devant le siège de son parti où ses partisans avaient rendez-vous avant une marche prévue sur le Parlement. Parmi ces blessés figurent le chef du groupe parlementaire du RCD Othmane Amazouz et le chef régional du parti à Bejaia (est) Reda Boudraa, a indiqué le parti.

Selon le ministère de l'Intérieur, 19 personnes ont été blessées, dont 11 manifestants et passants et huit policiers. Deux de ces derniers sont dans un état grave, a-t-il précisé dans un communiqué publié par l'agence APS. Il y a également eu neuf interpellations pour « voie de fait et certains pour port d'armes prohibées », selon le ministère qui déplore « l'usage de pierres, de chaises et d'objets contendants » contre les forces de l'ordre. Arezki Aïder, député RCD de Tizi Ouzou, principale ville de Kabylie, a été interpellé puis relâché une heure plus tard, selon son parti.

Certains manifestants, brandissant des drapeaux algériens mais aussi les couleurs de la Tunisie voisine où la population a mis fin il y a une semaine à 23 ans de régime Ben Ali, criaient : « Etat assassin », « Jazaïr Hourra, Jazaïr Democratiya » (« Algérie libre, Algérie démocratique »).

Tôt dans la matinée, environ 300 personnes s'étaient retrouvées bloquées par des centaines de membres des forces de l'ordre casqués, équipés de matraques, boucliers et gaz lacrymogène, devant le RCD sur l'avenue historique de Didouche Mourad.
Ils devaient se diriger vers la Place de la Concorde, à un kilomètre de là, pour lancer une marche en direction de l'Assemblée nationale populaire (chambre des députés).

« Je suis prisonnier dans le siège du parti », déclarait Saïd Sadi par haut-parleur depuis le premier étage de l'immeuble. « On ne peut pas mener de lutte pacifique quand ont est assiégé. » Les partisans du RCD se sont dispersés dans le calme vers 13h30 GMT après avoir été bloqués six heures par un cordon policier au RCD.

Peu avant la fin de la manifestation, un trentaine de jeunes ont improvisé une contre-manifestation sur place aux cris de « Bouteflika, Bouteflika » avec slogans hostiles à Saïd Sadi. Ils ont été dispersés par la police.

Dès vendredi soir, les autorités avaient pris des dispositions pour quadriller la capitale après le maintien par le RCD de son mouvement malgré l'interdiction décrétée par la wilaya (préfecture) d'Alger. Des barrages étaient apparus aux entrées de la capitale. Au moins trois bus transportant des manifestants de Kabylie ont été bloqués vendredi soir, selon des témoins cité par le quotidien El-Watan.

Place de la Concorde, des dizaines de véhicules blindés et des centaines de membres de la protection civile et de la police avaient été déployés, tout comme devant le palais présidentiel, sur les hauteurs d'Alger, protégé par une douzaine de véhicules blindés armés de canons à eau. Dans le ciel, une ronde d'hélicoptères surveillait la situation.

« Le fait d'interdire des marches pacifiques encadrés par des partis et la société civile, c'est pousser à une explosion », a déclaré par téléphone le président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (Laddh) Mostefa Bouchachi. « C'est désolant ».

L'Algérie a vécu début janvier cinq jours d'émeutes contre la vie chère qui ont fait cinq morts et plus de 800 blessés. Le mouvement s'est arrêté après l'annonce par le gouvernement de mesures pour faire baisser les prix des produits de première nécessité.

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