TOUT EST DIT

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mardi 7 décembre 2010

Levée de boucliers à Berlin et Paris contre la proposition d'obligations européennes

L'idée de Guilio Tremonti et Jean-Claude Juncker d'émettre des obligations européennes pour partager les risques est mal accueillie en France et en Allemagne. Ailleurs aussi, le scepticisme l'emporte.

La proposition de Giulio Tremonti, le ministre italien de l'Economie et des Finances, et de Jean-Claude Juncker, le Premier ministre du Luxembourg, qui préside les réunions des ministres des Finances de la zone euro, de lancer des obligations souveraines européennes pour mettre une terme à la crise a peu de chances de se concrétiser. Elle est mal accueillie dans les deux principales capitales de la zone euro, Berlin et Paris, pour qui l'idée en « rajouterait à la confusion actuelle ». « Il faut se concentrer sur la gouvernance économique  et sur la cohésion européenne face aux assauts spéculatifs», martèle-t-on à Paris comme à Madrid.
L'idée des deux responsables européens développée lundi 6 décembre dans le « Financial Times » est apparemment simple : il s'agit de créer un marché obligataire souverain de l'Union par l'introdution d'obligations émises par une Agence européenne de la dette.  Agence qui, dans l'esprit de ces deux concepteurs, pourrait prendre la place du Fonds européen de stabilité financière « dès ce mois-ci ».

«  Beaucoup de questions techniques  »

Afin de doter les nouveaux titres d'un marché « profond et liquide », ces émissions devraient couvrir jusqu'à la moitié des besoins de financement des pays membres de l'Union. La valeur de ces nouveaux instruments de la dette mis en circulation devrait croître progressivement pour représenter 40 % du PIB de l'Union européenne et de chaque Etat membre pris individuellement. De par leur solidité et leur ample diffusion, ces obligations acquerraient ainsi un statut de garantie privilégiée pour la BCE. L'une de leurs principales finalités, enfin, serait de permettre aux pays membres dont l'accès aux marchés serait obstrué de se refinancer par ce biais « jusqu'à 100 % » de leurs besoins.
La simplicité de cette idée n'est qu'apparente, estime-t-on à Paris. Elle soulève en effet « beaucoup de questions techniques ».  Sans compter « le fort impact redistributif » entre pays de l'Union qu'elle contient. Toute émission d'obligations européennes se ferait à un taux moyen supérieur à celui des bons élèves de la classe européenne, les pays notés « AAA » par les agences financières, explique-t-on dans la capitale française. Du coup, les coûts de financement de l'Allemagne et de la France augmenteraient.

Adopter des « changements fondamentaux » dans les Traités européens

Même son de cloche à Berlin. Lundi, Wolfgang Schäuble, le ministre allemand des Finances, a estimé que l'émission de ces obligations souveraines garanties conjointement par tous les pays de l'Union exigerait d'adopter des « changements fondamentaux » dans les Traités européens. Position qu'il avait développée il y a une semaine à Paris, au moment de la remise du Prix de l'Economie 2010 du Groupe Les Echos.  A cette occasion, il avait affirmé que « les euro-obligations seraient une violation claire de l'esprit et du principe de gestion, central, du Pacte de stabilité et de croissance ».
Plus modéré, Guy Quaden, le gouverneur de la Banque nationale belge, a dit lundi ne pas être « contre » la proposition Tremonti-Juncker tout en jugeant cependant que « certaines conditions politiques doivent être remplies » avant d'aller plus loin dans cette direction.
A Paris comme à Berlin, on ajoute que des obligations européennes existent déjà : celles que s'apprête à émettre à hauteur d'une première tranche de 8 milliards d'euros le Fonds de stabilité financière de la zone euro. Mais ces titres ont des différences fondamentales par rapport à la proposition italo-luxembourgeoise. Tout d'abord, ils ne servent pas à financer les pays qui en sont garants, mais à aider ceux en difficulté qui n'ont pas un accès au marché. Ensuite, les taux auxquels le Fonds prête de l'argent aux pays qui en font la demande sont supérieurs à ceux de ses emprunts. Il est « probable » que des titres de cette nature continueront d'exister après la mise sur pieds du Mécanisme européen de stabilité financière en discussion. Mécanisme pérenne qui sera opérationnel à compter de juillet 2013.

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