TOUT EST DIT

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mercredi 17 novembre 2010

Antiélectoralisme

Le troisième combat du quinquennat est lancé. Il y eut d'abord celui mené contre le conservatisme, entre le printemps 2007 et l'automne 2008. Ce fut l'époque des charges épiques contre ces forteresses de rigidité qui entravaient l'économie et la société. Ce furent seize mois de réformes conduites tambour battant, sous l'étendard du « travailler plus pour gagner plus », qui ont levé les freins à l'embauche, allégé la fiscalité, libéré le droit d'entreprendre et aussi donné leur autonomie à nos universités, introduit un service minimum dans les transports.

Puis il y eut le long, l'imprévisible chapitre de la lutte contre la plus grave crise financière de l'ère moderne, avec ses batailles pour secourir notre industrie automobile, épauler les banques, assurer le financement des PME. Aux frontières, il fallut, tant bien que mal, sauver le soldat euro et moraliser le capitalisme. Même si la monnaie unique n'est pas tirée d'affaire, cette page douloureuse de la présidence sarkozyenne s'est conclue à l'automne 2010 par la réforme d'un système de retraites acculé par la crise à la quasi-faillite.

Hier soir, avec son interview télévisée consécutive au remaniement gouvernemental, Nicolas Sarkozy a engagé le troisième grand combat de son mandat, celui entrepris contre l'électoralisme. A dix-huit mois d'une élection présidentielle dont il n'est pourtant pas à ce jour le favori, le chef de l'Etat aurait pu, comme tant d'autres avant lui, juger venu le temps de cultiver son jardin électoral. Comme tant d'autres avant lui, il aurait pu choisir d'offrir un peu de confort aux Français, après leur avoir demandé tant d'efforts. La présidence du G20 ou, mieux, la sortie de crise lui en auraient offert le prétexte. Non pas pour cesser de réformer, ce que son électorat n'eût pas accepté, mais pour réformer à bon compte en créant de nouvelles prestations, ou à crédit en les finançant par du déficit.

La tentation a semblé le caresser au printemps, lorsqu'il eut la brève faiblesse de songer à une pause en fin de course. Ecarter le « virage social » proposé par Jean-Louis Borloo, c'était, déjà, refuser cette facilité politique. Reconduire François Fillon, c'était confirmer que le projet politique de la fin du quinquennat serait construit sur la poursuite des réformes difficiles, avec l'introduction - toujours repoussée -d'une couverture sociale du risque de dépendance et la création ardue d'un impôt plus juste sur le patrimoine.

Ce dernier « devoir » au double sens du terme sera aussi celui de la baisse intransigeante des dépenses et des déficits. Paradoxalement, ce choix de la responsabilité n'est pas forcément le plus risqué, à en juger par le processus de maturation à l'oeuvre au sein des opinions publiques européennes. Les bons résultats électoraux que vient d'obtenir le Premier ministre grec offrent en tout cas quelque motif d'espoir.

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