Pourquoi l'élection présidentielle brésilienne intéresse-t-elle tant en dehors de son contexte géographique sud-américain ? Parce que le président sortant Luiz Inacio Lula da Silva reste un personnage hors du commun. L'exemple même, rarissime, du chef d'Etat responsable placé à la tête de l'une des plus grandes démocraties du monde. Même si Lula n'est plus candidat, la Constitution lui interdisant un troisième mandat, c'est bien pour le « système Lula » que les Brésiliens vont se prononcer. Et peu importe que la « dauphine » Dilma Rousseff l'emporte au premier ou au second tour !
Car le « système Lula » est si simple et si mobilisateur ! Il relève de promesses électorales suivies depuis huit ans. Il relève aussi de la probité : à la moindre suspicion de « conflit d'intérêt », Lula a toujours su limoger dans l'heure, que les personnalités compromises aient été de son entourage proche ou de sa parenté.
Certes, l'œuvre de Lula est loin d'être achevée. Néanmoins, la réduction très sensible de la pauvreté et la percée des « classes moyennes » sont à mettre au compte d'une politique menée au nom d'un socialisme démocratique que la gauche européenne semble ignorer depuis longtemps. Et sans rêverie du « grand soir », sans ces utopies bolivaro-marxistes à la Hugo Chavez qui, à l'exemple du castrisme, ont toujours abouti aux dictatures et aux camps de concentration.
Les résultats parlent d'eux-mêmes. Le Brésil, tout en restant une société encore largement inégalitaire et toujours en proie à l'insécurité, occupe aujourd'hui le huitième rang des puissances économiques mondiales, à égalité avec le Canada. Dans cinq à dix ans, selon les prévisions basées sur la croissance, le Brésil se hissera au cinquième rang en prenant la place de la France. Une place que d'ailleurs, sur le plan diplomatique, le Brésil occupe déjà : dans tous les dossiers internationaux, Brasilia sait affirmer sa différence en n'hésitant jamais, si nécessaire, à contrecarrer les Etats-Unis. Comme la France à l'époque lointaine du général de Gaulle
Qu'on le comprenne bien. Le Brésil n'est plus un « pays émergent ». Mais un pays de plus de 190 millions d'habitants qui a « émergé ». Donc, théoriquement dans le cadre de la mondialisation, le Brésil devrait s'inscrire en partenaire de l'Europe. A condition que l'UE sache négocier ce partenariat, ce qui est loin d'être acquis, faute d'ambition et de vision à long terme à l'échelle des 27.
Voilà pourquoi, dans un avenir proche, il faudra plutôt voir le Brésil en concurrent . En espérant un concurrent bienveillant..
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