L'Allemagne est sous le choc. Mais déjà, au-delà des interrogations et des incompréhensions, pointe la polémique. Car, sur le papier, et en toute technocratie, l'organisation de la Love Parade paraissait sans faille. Les masses étaient canalisées dès leur arrivée en ville, l'autoroute urbaine avait été barrée pour permettre aux secours et aux forces de l'ordre de se déployer.
Certes, il y a ce tunnel, véritable goulet d'étranglement pour entrer ou sortir et surplombé par une rampe à forte pente (ou à forte déclivité, selon le sens) interdite par une simple barrière que beaucoup ont franchie. C'est à cet emplacement que le drame s'est produit. Les responsables de la sécurité s'imaginaient-ils avoir affaire à une foule disciplinée respectant les « Verboten » pour se rendre à une fête patronale ou la quitter ? Apparemment, il y a eu méconnaissance du facteur humain, méconnaissance des mouvements de masse dans une ambiance festive et, selon plusieurs témoignages, sous l'emprise de l'alcool et de la drogue chez de nombreux « raveurs ».
Policiers et pompiers accusent à mi mots. Ils avaient émis de sérieuses réserves et proposé des améliorations au plan de sécurité. Des avis dont la municipalité n'aurait pas tenu compte. Pourquoi ? « En raison de pressions économiques », laisse entendre un syndicat. Fortement endettée, la ville de Duisbourg qui connaît aussi un fort taux de chômage, se serait laissée infléchir par les organisateurs et les sponsors commerciaux. Et puis, dans cette mégalopole qu'est la Ruhr où les capitales industrielles se touchent et se concurrencent, chaque agglomération cherche à promouvoir son image. Interdire la Love Parade aurait été ringard.
Depuis des semaines aussi, la presse locale et les blogs sur Internet avaient attiré l'attention sur le danger potentiel représenté par le tunnel et par le terrain inadapté de l'ancienne gare de marchandises. En vain.
Reste à tirer les conclusions de ce drame. La justice s'en chargera. Mais il est déjà évident qu'il n'y aura plus de Love Parade et plus de manifestations de ce genre agglutinant un million et plus de personnes. En Allemagne, du moins. La vie humaine ne se remplace pas comme le mobilier urbain dégradé et ne se régénère pas comme les espaces verts saccagés : les dégâts habituels de ces fêtes techno. Jusqu'au drame de Duisbourg...
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