Rien de plus dangereux qu'un volte-face à la veille d'un scrutin, en qualifiant du jour au lendemain de « nécessaire » ce qui était encore « inacceptable » il y a peu ! C'est l'exercice de saltimbanque auquel se livre Jürgen Rüttgers, le chef du gouvernement régional de Rhénanie du Nord-Wesphalie (NRW dans son abréviation allemande), après avoir relayé de meeting en meeting toutes les peurs de la population sur une aide financière à la Grèce. Une peur attisée par les tabloïds clamant « nous ne paierons pas pour des fainéants ».
Pour Rüttgers, c'était « Nein », le même « Nein » qu'Angela Merkel avait longtemps décliné sur tous les tons. Mais maintenant que l'Allemagne a dit « Ja », il ne s'agit plus de sauver la Grèce, seulement de consolider l'euro, de le préserver de la spéculation ! Un tour de passe-passe difficile à exécuter...
Autant dire que les turbulences monétaires joueront dans l'élection d'aujourd'hui. Et, via une débâcle électorale à Düsseldorf, risquent de jouer contre la chancelière et sa coalition CDU/CSU - FDP au pouvoir à Berlin. Une coalition qui collectionne les ratés depuis sa formation. Les partenaires gouvernementaux sont à peu près d'accord sur rien. Entre les Bavarois de la CSU et les Libéraux, les accrochages sont quotidiens. Malgré les accords conclus, la politique fiscale, la politique énergétique et la réforme du système de santé ne trouvent aucun consensus.
Déjà, il semble évident que les promesses de l'automne 2009 ne seront pas tenues. La situation économique ne permet pas un véritable allégement fiscal, une proposition qui se heurte également aux Länder gouvernés par la CDU, le parti de la chancelière. Ils ont peur de perdre des recettes dans le système de péréquation fédérale... Quant aux ministres libéraux, avec leur comportement de néophytes, ils battent des records d'impopularité avec, en tête, leur chef de file Guido Westerwelle, très pâle ministre des affaires étrangères. Au Bundestag, l'ambiance est telle que les élus de l'opposition (SPD, Verts et Linke) se sentent souvent inutiles car devancés dans la critique par les députés de la coalition gouvernementale...
Cette situation qu'aggraverait encore le basculement de la majorité au Bundesrat (avec la chute du gouvernement CDU-FDP en NRW) pèse sur toute l'action politique. Confrontée aux problèmes internes, en proie aux luttes de clans et liée par les contraintes du fédéralisme, Angela Merkel n'assume plus entièrement son rôle sur la scène européenne : ses atermoiements dans les déboires de l'euro en sont l'illustration.
Et en ces temps de crise, une Allemagne absente qui donne l'impression de devoir être constamment secouée ne fait vraiment pas l'affaire de l'Europe.
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