Vue de Strasbourg, siège du Parlement des 27, la campagne électorale britannique a quelque chose de rafraîchissant. Pour la première fois outre-Manche, un leader politique clame son enthousiasme pour l'Europe : Nick Clegg, leader des libéraux-démocrates devenu en quelques jours la coqueluche de l'opinion publique.
En soi, rien d'étonnant dans cette profession de foi puisque les 11 eurodéputés « LibDem » présents dans l'hémicycle strasbourgeois n'ont jamais failli à leurs engagements européens. Mais, comme l'a fait Nick Clegg, affirmer de telles convictions dans des débats télévisés suivis par des millions d'électeurs relève de la gageure. C'est tout juste si le sujet n'est pas politiquement incorrect au Royaume-Uni. Et s'il faut vraiment parler d'Europe, c'est à la manière des conservateurs de David Cameron pour « prouver » qu'ils protègent le royaume de la « pieuvre » bruxelloise. Ou par réalisme sans passion chez les travaillistes de Gordon Brown avec une tendance très sélective à ne retenir que le positif européen pour la Grande-Bretagne en laissant les charges aux autres...
Que la popularité de Nick Clegg n'ait pas pâti de son courage politique montre surtout un vrai désir de changement outre-Manche. Gordon Brown souffre de l'usure du pouvoir -et pourtant, il n'a pas démérité. David Cameron, longtemps porté aux nues, passe pour un vieux mentor rabâchant des solutions éculées en ces temps de crise. Pourtant, il a le même âge que Nick Clegg (43 ans) et a longtemps su jouer sur une image de dynamisme face à un Gordon Brown aussi renfrogné que peu charismatique. Une image désormais accaparée par le leader des « LibDem ».
Certes, Nick Clegg ne sera pas -sauf énorme surprise- le prochain locataire du 10 Downing Street. Depuis 1922, les Libéraux n'ont jamais vraiment percé. Le scrutin nominal à un tour (le candidat qui a le plus de voix remporte la circonscription) avantage les deux partis principaux, le New Labour et le parti conservateur. Mais les « LibDem » joueront à coup sûr les trouble-fête dans ce bipartisme de fait. Et qui sait ? Leurs sièges à la Chambre des Communes pourraient faire la différence, soit dans un gouvernement de coalition (« LabLib ») ou en soutenant un gouvernement minoritaire, certainement pas celui que dirigerait David Cameron.
Réponse dans dix jours, le 6 mai... En attendant, la brise européenne qui souffle de Grande-Bretagne surprend agréablement.
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