Après l’avoir freiné des quatre fers, la chancelière se dit favorable à une aide à la Grèce
« Isolée en Europe, isolée à la maison », titrait mardi 7 avril un grand quotidien allemand, le Süddeutsche Zeitung, pour dépeindre la situation dans laquelle se retrouve Angela Merkel depuis lundi. La chancelière expliquait alors dans une déclaration précipitée devant la presse, que Berlin était prêt à « voter en urgence » l’aide à Athènes, estimée à 8,4 milliards d’euros pour 2010, dès la semaine prochaine.
Le feu vert ne dépendait plus que du « programme crédible et réaliste » qu’Athènes doit s’engager à mettre en œuvre et que le gouvernement de Georges Papandréou négocie actuellement avec les représentants du Fonds monétaire international (FMI), de la Banque centrale européenne (BCE) et de la commission de Bruxelles.
L’aide sera planifiée sur trois ans précisait la chancelière. Elle soulignait s’être entretenue à ce propos avec Dominique Strauss-Kahn, le directeur général du FMI, qui était invité mercredi 28 avril à Berlin pour répondre aux questions des ministres et des dirigeants des groupes parlementaires au Bundestag, aux côtés de Jean Claude Trichet, le président de la BCE, invité lui par le ministre des finances, Wolfgang Schäuble. Angela Merkel soulignait certes dès lundi qu’il s’agit avant tout de « défendre l’euro ». Elle se félicitait également de la participation du FMI aux négociations en cours, une présence due à ses exigences.
Le tournant d’Angela Merkel a déjà semé le désarroi
Il n’empêche ! Pour l’opinion publique, la chancelière paraît avoir « tourné casaque ». Elle avait freiné des quatre fers pendant des semaines l’aide européenne à la Grèce, ce qui lui a valu le surnom de « Madame non » chez ses principaux partenaires de la zone euro, exaspérés. Chez elle, la « chancelière de fer » tirait profit de son attitude intransigeante, jusqu’à lundi. Depuis, c’est le chaos.
Les trois quarts des Allemands restent en effet hostiles à l’aide à la Grèce. Et Angela Merkel a flatté cette tendance, à la veille des élections en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, le premier Land d’Allemagne, le 9 mai, un scrutin qui a valeur de « petites élections fédérales ».
Le tournant d’Angela Merkel a déjà semé le désarroi dans les rangs de sa coalition avec le parti libéral et les députés de base de l’Union chrétienne CDU/CSU, sont abreuvés depuis lundi de mails d’électeurs furieux. Les médias multiplient les attaques contre une politique « incompréhensible ». L’opposition, sociaux-démocrates en tête, fait feu de tout bois sur « le mensonge » démasqué de la chancelière.
Michel VERRIER, à Berlin
jeudi 29 avril 2010
Angela Merkel au centre des critiques
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