TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

mercredi 28 janvier 2015

La Grèce, l'Europe et la France

La victoire d'Alexis Tsipras aura des conséquences pour l'Union et pour la France, car elle alimente le doute des populations sur les politiques menées.

Sur la crise grecque et le rebondissement qu'elle a connu dimanche avec la victoire spectaculaire de Syriza, c'est d'abord un regard européen qu'il convient de porter. En quoi risque-t-elle de déstabiliser l'Europe, et dans quelle mesure ? Elle est un nouveau signal, cette fois très alarmant, de la fracture qui divise le continent sur la politique à mener pour résoudre les problèmes financiers, économiques et sociaux qu'il traverse depuis sept ans. Cette fracture est historique, elle date des origines de l'Union européenne ; elle est de nature idéologique et s'est accentuée avec le temps, au fil de l'élargissement de l'Europe. La crise mondiale, par les effets qu'elle a produits sur les conditions de vie des peuples, lui a donné une nouvelle dimension qui atteint des proportions dramatiques dans certains pays et qui porte à son paroxysme le débat politique autour de l'Europe, jusqu'à provoquer ici et là la mise en question de son existence même.
Ce rappel n'est pas inutile si l'on veut évaluer à sa juste mesure l'événement grec, qu'on a tendance à assimiler à un rejet de l'Europe. À bien analyser les déclarations d'Alexis Tsipras, président du parti de la gauche radicale Syriza, c'est à un autre enjeu que répond son combat : l'abandon des mesures d'austérité imposées par la Commission et la renégociation de la dette publique de la Grèce. Certes il assortit ses propos d'une violente attaque contre la politique européenne, certes il profère une menace de rupture, mais il ne cesse d'espérer "une Europe qui change". C'est un homme politique. Il sait que son pays a tout à perdre dans cette rupture, il sait que la Grèce vient d'être sauvée par l'Europe au cours de ces dernières années.

Une conclusion négociée 

L'Europe n'a de son côté rien à gagner d'un départ de la Grèce, qui compromettrait sa propre stabilité, devenue aléatoire, et qui par sa contagion réactiverait le feu politique dans certains États membres, eux-mêmes en difficulté sur le plan économique et social. De ces raisons, on peut induire la probabilité d'une conclusion négociée de la crise actuelle, non sans dégâts, certes, et non sans prix pour l'ensemble de la communauté européenne, sous la condition que Tsipras s'engage à une politique rigoureuse propre notamment à éradiquer les abcès qui gangrènent la société grecque. Ne dispose-t-il pas à cet effet d'une majorité considérable ?
La référence au risque de contagion nous amène à porter un regard français sur cette crise. La situation de notre pays n'est pas comparable à celle de la Grèce. Sur le plan économique d'abord. Quelles que soient les difficultés traversées actuellement par la France, quel que soit son état financier, économique et social, son potentiel est sans commune mesure avec celui de la Grèce. Certes François Hollande a échoué dans son pari stratégique initial. Il en a pris conscience il y a un an et a initié depuis lors une correction de tir encore timide qui ouvre des perspectives plus heureuses. Le problème est celui de sa volonté. On peut craindre que le renforcement de la réaction contre la politique d'austérité, telle qu'on l'observe non seulement en Grèce mais dans les pays d'Europe méditerranéenne, ne l'amène à faiblir dans la détermination qu'il affiche.

L'inconnue du niveau du PS dans l'opinion publique

Mais l'équation politique française n'a rien à voir avec celle de la Grèce. Le courant radicalement hostile à l'Europe est plus fort dans notre pays, si l'on additionne les voix de l'extrême droite et celles de l'extrême gauche. Mais leur alliance est impensable. Sauf à envisager une détérioration de la situation économique dans les mois à venir, une relative stabilité du rapport droite-gauche devrait se maintenir. La seule inconnue est dans le niveau auquel se situera le Parti socialiste dans l'opinion. On le voit mal sombrer dans les abîmes où est tombé le Pasok dimanche en Grèce. Là encore la clé du problème est dans les mains du président de la République.
Il s'est engagé dans une voie libérale modérée qui pourrait lui permettre d'éviter les écueils de l'austérité tout en apaisant certaines appréhensions des milieux économiques sans trop heurter la sensibilité de la gauche libérale. Qu'il se tienne avec constance à cette ligne difficile et le pire sera évité, dût la droite en tirer le profit en 2017 !

0 commentaires: