Le ralentissement brutal de l’Allemagne doit en faire sourire plus d’un : enfin ce grand pays sûr de lui, de sa domination et de la force que lui ont conférée ses réformes, se retrouve obligé d’agir pour échapper à la récession. Enfin cet exaspérant modèle de vertu budgétaire et de résistance industrielle montre ses limites. Enfin, la crise le touche. Enfin, ce gouvernement égoïste et donneur de leçons doit entendre ce que dit la France socialiste : il doit investir, lâcher les cordons de la dépense publique. En un mot, l’Allemagne doit re-lan-cer.


La France adore l’argent des autres. Celui des pays qui se sont réformés avant nous et qu’on appelle à la rescousse de la croissance. Celui de Bruxelles qu’on exhorte à injecter des dizaines de milliards d’euros d’argent public, tirant argument des nuages qui s’amoncellent au-dessus de la zone euro. Mais aussi l’argent de la Banque centrale européenne qu’on accuse de ne pas avoir desserré le carcan de la rigueur et d’avoir trop longtemps refusé d’ouvrir le robinet qui aurait gavé de capitaux faciles l’économie du continent. La France adore tout attendre des autres. La crise menace : que les autres réagissent, qu’ils assouplissent leur politique et pensent davantage à nous, au nom de la solidarité. Ils sont en meilleure santé que nous ? Ils peuvent donc assumer plus que leur part d’efforts. Quant à nous, rien n’y fera : les résultats ne sont pas là, mais notre politique ne changera pas. Croissance zéro, réformes zéro, courage zéro, la France reste en panne mais ne veut ni ne peut faire davantage : elle continuera à prélever et à dépenser, à s’endetter et à redistribuer l’argent qu’elle n’a pas. L’argent des autres.