mardi 2 septembre 2014
L’absurde en politique
L’absurde en politique
La vie politique française sombre dans l’absurdité au sens d’Albert Camus, le non-sens. Manuel Valls a eu un beau geste intelligent et courageux, devant le monde de l’entreprise, en proclamant, "j’aime l’entreprise" et en annonçant des mesure de libération des énergies, sur les seuils, le temps de travail, les charges. Et puis le lendemain tout juste, devant le partis socialiste, il déclare: "je suis socialiste". Or, que veut dire le mot socialiste? Laissons la parole à Jean Jaurès, le père du socialisme français: "Oui, il y a une conception commune à laquelle ont abouti les socialistes de toutes les écoles et de tous les pays [...] C’est de remplacer ce qu’on appelle le capital, c’est-à-dire la propriété privée des moyens de production, par la propriété sociale commune ou collectiviste des moyens de production" (juillet 1897). La contradiction est flagrante. Mais le ponpon revient au Front national. Sa présidente, Mme Le Pen, a déclaré hier dans une interview au Figaro que son parti était "prêt à un gouvernement de cohabitation avec François Hollande". Ainsi, une formation qui préconise des mesures extrêmes comme la sortie de l’Union européenne (le programme parle d’appliquer "l’article 50" du traité), propose ses services pour collaborer avec un chef d’Etat dont la politique est exactement à l’inverse de ces propositions. On passerait donc de la critique de "l’UMPS" à l’émergence d’un axe au pouvoir "FN-PS". La presse voit dans cette intervention une "opération de communication" destinée à présenter le fn comme un parti de gouvernement. Nous voilà donc en pleine logique politicarde: la communication d’abord, au détriment des réalités. Dans cette interview d’une page, Mme Le Pen fustige "l’ultralibéralisme" de la politique du gouvernement. Or, nous vivons dans un pays où les prélèvements obligatoires représentent 47% du PIB (contre 44% en 2010), un record absolu en Europe et dans le monde occidental! "Ultralibéralisme" vous disiez? Pour sortir de ce supposé "ultralibéralisme", à quel niveau de prélèvements obligatoires faudrait-il donc passer selon le fn? 50? 55? 60%? Mais alors, on entre dans le collectivisme pur et simple… Quant à l’UMP, la situation n’est guère plus brillante. On attend en vain une idée, une critique de fond, un début d’esquisse de débat mais non, le mouvement reste désespérément englué dans la logique des compétitions individuelles, à l’image d’un grand parti central, de type troisième force, dépourvu de colonne vertébrale et dont le rôle se limite à celui de tremplin électoral. La cascade des candidatures – présidence ump, primaires, présidentielles – semble absorber tout le reste comme si la politique, vidée de tout sens, se réduisait à des querelles d’ambitions. La faillite de la vie politique française a l’air de s’accélérer.
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