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vendredi 11 juillet 2014

Valls, chef sachant “cheffer”, mais “cheffant” dans le vide

Valls, chef sachant “cheffer”, mais “cheffant” dans le vide

En  début de semaine Manuel Valls fêtait ses cent premiers jours à Matignon. Un anniversaire pour lequel il a eu droit, sur le plan politique, à deux gâteaux et leurs bougies… Mais  en pleine figure !
Mardi (8/7), l’Assemblée nationale a adopté le budget de la Sécurité sociale rectificatif par 272 voix contre 234. Parmi les élus socialistes, 33 abstentions. Certes Valls peut se targuer d’avoir réduit la contestation parlementaire puisqu’en avril dernier 41 “frondeurs” avaient refusé  de voter le programme de stabilité. Mais la pression exercée par Manuel Valls, et dont ce dernier s’est vanté, comprenant notamment le chantage à l’investiture, n’a eu aucun effet sur  les 33 irréductibles. Dites 33, M. le Premier ministre ! 
Ces  récalcitrants reprochent au gouvernement de réduire de 40 milliards d’euros  les charges des entreprises« sans aucune contrepartie ». Critiques – Valls a eu mardi tout le loisir de s’en rendre compte –, partagées, à des degrés divers,  par de nombreux députés de base. Ces représentants de la gauche “archaïque” ne veulent pas mettre leur gouvernement (et leur mandat) en danger, mais, à travers la petite minorité active et glapissante, qu’ils soutiennent en sous-main, ils tiennent à exprimer  leur défiance à l’égard du Premier ministre.
Parmi ses menaces pour faire taire les mécontents, Valls a aussi évoqué  la dissolution. « Je ne la souhaite pas, mais je ne serai pas le chef d’un gouvernement qui n’avance pas. » Oui mais, en cas de dissolution, il risque de se retrouver avec un gouvernement qui n’aurait plus de jambes. Difficile dans ce cas également d’avancer. A moins que Valls ne songe à d’autres béquilles de recours ?
Contradictions. Valls veut « débloquer » la France. Une France surtout  bloquée par l’idéologie de gauche et les textes de loi que celle-ci a engendrés comme autant d’obstructions économiques. Valls veut « réanimer »la famille socialiste ectoplasmique. Mais seule l’animosité contre l’actuel Premier ministre redonne à cette dernière quelque vigueur. Valls « débloque » en effet… Mais sans doute pas dans le sens où il l’entend…
Les syndicats envoient Valls valser
La seconde tarte à la crème qu’il a essuyée lui a été expédiée de façon plus brutale encore  par les quatre syndicats, CGT, FO, Solidaires et FSU, qui ont boycotté  son discours de clôture « de la troisième grande conférence sociale du quinquennat de François Hollande ». La CGT réclame un « changement de cap ». FO dénonce un « bug du dialogue social ». Et la CFDT« partenaire privilégiée du gouvernement »,  fait part de« son profond questionnement ». Bref, le dialogue social est un peu enroué. Comme le constatait Libérationde mercredi (9/7) : « Il est plus facile de faire rentrer dans  le rang un député mécontent que de faire asseoir à la table de négociation un syndicaliste en colère ».
La conférence sociale « était jusqu’à présent la vitrine emblématique de la méthode Hollande… ». La devanture chatoyante – trompeuse comme un appartement-témoin – a eu cette semaine ses vitres brisées. Et le tribun Valls n’a plus eu qu’à monter sur les chaises laissées vides par les syndicalistes pour haranguer les frondeurs…
Au PS, mais aussi à l’Elysée, certains accusent d’ailleurs le Premier ministre d’être responsable du ratage (pourtant largement prévisible) du dialogue social, avec son entretien du 2 juillet, accordé aux Echos et dans lequel l’hôte de Matignon annonçait le report en 2016 de la réforme sur le compte de la  pénibilité. C’est Valls qui aurait allumé – par inadvertance ou par calcul – les mèches des bombinettes lancées par les casseurs syndicaux contre la vitrine chère à Hollande…
L’anniversaire de ses cent jours de Premier ministre a conduit celui-ci, la semaine dernière, à citer Bonaparte :« Je ne tiens mon pouvoir que de l’imagination des Français ». Et ceux-ci ont parfois,  comme la mémoire, l’imagination courte. Ou dévergondée. Par exemple,  ce printemps 2012 où ils ont élu François Hollande président de la République… Mais sans lequel Valls ne serait pas à Matigon.
Capitulation en rase campagne
 A ce propos Le Monde daté de lundi (7/7) rappelait le « coup d’éclat » de ce dernier, à Vauvert (Gard),« lorsqu’il avait prononcé un quasi-discours de politique générale, la veille de l’intervention présidentielle du 14 juillet  2013 ». Le week-end dernier, Valls le Camarguais, qui aime « à toréer ses adversaires au plus près »,était de retour à Vauvert (endroit tout indiqué  pour envoyer l’actuel président au diable). Mais cette année Valls n’a pas tiré de feux d’artifice. Il joue, à l’égard du chef de l’Etat, la loyauté la plus irréprochable.  Ce qui ne l’empêche pas de se construire subrepticement « en anti-Hollande ».  Comment ? En s’affichant « en chef sachant cheffer ». Juste une posture, comme nous l’a montré cette semaine, après quelques coups de menton, sa capitulation en rase campagne devant les grévistes agressifs de la SNCM.
« La mission confiée fin mars à Manuel Valls par le chef de l’Etat était simple : faire oublier les deux premières années du quinquennat, marquées par les “couacs” à répétition du gouvernement Ayrault, et provoquer un rebond après la défaite historique du PS aux municipales ». Valls a été nommé  pour nous donner l’image, rien qu’une image sur celluloïd, d’un entraineur et conducteur d’hommes. « Etre toujours en mouvement » et« agir vite ». Faire du Sarkozy de gauche en quelque sorte, même si ce mouvement ne débouche que sur un grand remuement d’air. Estomper l’évanescent Ayrault, c’est facile. Mais avec ce simulacre d’autorité, tout« d’habillage et de communication », Valls utilise maintenant ce contraste par rapport à  la mollesse indécise de François Hollande. « Il se construit en anti-Hollande », par petites touches « subliminales »… Un césarisme de pacotille, préfabriqué, mais du moment que le bon peuple y croit…
Quand au “rebond”, c’est une autre paire de manche…
Avant-hier Présent évoquait  « la guerre des trois » en train de s’enclencher à l’UMP. Avec Montebourg en embuscade, une autre « guerre des trois » se prépare aussi au PS. Sans parler de la guerre picrocholine des quatre, en gestation au Centre et qu’il faudra suivre à la loupe… 

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