TOUT EST DIT

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dimanche 18 mai 2014

Taubira, Carla, Boutin et Delon, la semaine d'Anne Fulda

 Buzz autour de Christiane Taubira, mobilisation parisienne avec d'anciennes premières dames, débat sur les élections européennes, la vie parisienne ne laisse pas de répit. Anne Fulda raconte sa semaine... 
Lundi 12 mai. Buzz, buzz. Elle n'a pas chanté la Marseillaise, lors de la cérémonie de commémoration de l'abolition de l'esclavage, le 10 mai. Et, badaboum, comme à chaque fois qu'il est question de Christine Taubira, aussitôt, la caisse de résonnance médiatique s'est emballée. La droite parisienne est montée au créneau et a crié son indignation. Le Front national a demandé sa démission. Ce n'est pourtant ni la première ni la dernière à «fauter». Mais voilà, aujourd'hui, c'est la Toile qui donne le la et les politiques, à la traîne, se croient obligés de renchérir à la première étincelle. Avec madame Taubira, ils sont servis: elle est un peu un pompier pyromane. C'est en effet sa réponse, sur Facebook - «certaines circonstances appellent davantage au recueillement qu'au karaoké d'estrade» - et surtout ce terme de «karaoké d'estrade» qui choque le plus. Et hop c'est reparti! Le buzz a repris de plus belle. Bzz, bzz. Pendant ce temps là, on oublie l'essentiel: personne ne parle de la grande
réforme pénale qui va être examinée début juin à l'Assemblée nationale.
Des socialistes affligés. Reçu ce matin un communiqué de presse d'un nouveau club, «Les socialistes affligés», créé par Liëm Hoang-Ngoc, député au Parlement européen et Philippe Marlière, professeur à l'University College qui veulent représenter les «socialistes et sociaux-démocrates affligés par l'orientation politique du gouvernement actuel». On verra ce que deviendra ce think tank, mais le nom est bien trouvé. On dirait du Souchon: «on nous inflige des désirs qui nous affligent».
Mardi 13 mai. Mobilisation parisienne. Je passe devant le rassemblement du comité #LiberezNosFilles#BringBackOurGirls. Le rendez-vous a été donné à 9 heures sur le parvis des Droits de l'Homme, place du Trocadéro, à Paris, en soutien aux lycéennes enlevées au Nigeria par la secte Boko Haram, avec une affiche très people. Des ex- premières dames (de toute façon il n'y en pas d'actuelles), Valérie Trierweiler d'un côté, Carla Bruni-Sarkozy de l'autre, une ex «première demoiselle», Claude Chirac mais aussi quelques personnalités du showbiz: Line Renaud, la réalisatrice Liza Azuelos (qui a notamment écrit Lol) les comédienne Karine Sylla et Sandrine Kiberlain, Inès de la Fressange….Le blogueur David Genzel, taquin, envoie un message pour signaler «Amanda (Sthers), Claude (Chirac), Yamina (Benguigui), Valérie (Trierweiler) toutes chez Carette», la pâtissier chic de la place. Est-ce l'heure de rendez-vous, un jour de semaine (quand on travaille, ce n'est pas très pratique), ou les têtes de gondole? En tout cas, il n'y a pas grand-monde. Et, quasi instantanément, à quelques centaines de mètres de là, dans une école irakienne du quartier, des petites filles voilées, emmenées certains jours par des mères portant un voile intégral noir, viennent d'entrer en cours. Troublant.
Mardi soir, Casino de Paris. «Et toc!» dit Carla. Concert de Carla Bruni. La salle est pleine. On chante mais on fait aussi de la politique. L'air de rien. Le spectacle est sur scène mais aussi dans la salle. Nicolas Sarkozy provoque une émeute. On l'attrape, on lui demande des autographes, on lui demande de revenir. Carla, elle, chante ses jolies ballades de sa voix rauque: «Douce France» , «Keith et Anita», «Raphael»…et «Le pingouin». «Le pingouin, les bras ballants mais l'œil hautain. Car il prétend le pingouin être sûr de ce qui est certain». Non, bien-sûr aucune ressemblance avec François Hollande, assure-t-elle. «Il est savant ce pingouin. Il a étudié son latin et son accent le pingouin. Mais quand il parle on entend rien, il bouffe ses mots le pingouin». Une fois la dernière note de la chanson terminée. Un blanc. Puis, l'ancienne première dame qui ne s'est jamais sentie dame relève la tête, et lance, avec un grand sourire et comme un air de défi dans le regard: «Et toc!» Rires dans la salle.
Mercredi 14 mai. Mauvais temps pour les directrices de journaux. On apprend le même jour la démission de Natalie Nougayrède, la directrice du «Monde» qui assure «ne plus avoir les moyens d'assurer en toute plénitude et sérénité» ses fonctions et celle de Jill Abramson, directrice de la rédaction du «New York Times».
Jeudi 15 mai,Europe 1, Michel Sapin. Croissance zéro? «Rien de grave». Ce matin, on vient d'apprendre que selon les chiffres publiés par l'Insee, l'économie française a eu une croissance nulle lors du premier semestre. Cela n'inquiète pas du tout le ministre des Finances et des Comptes publics, invité de Jean-Pierre Elkabbach. «Ce n'est pas grave mais cela conforte toute la politique que nous menons aujourd'hui». De quoi laisser songeur.
Presque en même temps, et comme en réponse à son collègue au gouvernement, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, invité de RTL, lâche: «je ne crois pas qu'il soit utile pour un ministre d'ajouter des phrases aux phrases». Inspiré par Audiard dans les Tontons flingueurs «c'est curieux, chez les marins ce besoin de faire des phrases»?
Drôles de visions, jeudi 15 mai. Le maillon faible à la sauce européenne. Eurovision(s) . Tiens ils repassent l'Eurovisions? Jeudi drôle d'impression, on tombe sur la bande annonce de l'Eurovisions, quelques jours après la
victoire, à Copenhague, de Conchita Wurst, la femme barbue du concours. On s'attend à revoir ce travesti autrichien en robe de vamp mais non, là c'est du sérieux. Eurovision(s), tel est le nom donné au premier débat jamais organisé entre les candidats à la présidence de la Commission européenne. Un évènement tellement historique et peu prometteur en termes d'audience qu'il est diffusé sur LCP, LCI et Itélé. On s'attend à bailler aux corneilles, mais on est plutôt heureusement surpris. La mise en scène a été soignée. On dirait un jeu télé, du genre «Le maillon faible». Il ne manque plus que Laurence Boccolini. Les organisateurs ont préféré faire appel à la journaliste vedette de la RAI, l'italienne Monica Maggioni qui mène les débats en anglais (avec une traduction simultanée). Les candidats: le luxembourgeois Jean-Claude Juncker (parti populaire européen), gai comme un plat de lentilles, l'Allemand Martin Schulz pour le Parti socialiste européen, le Belge Guy Verhostadt ( pour les centristes et les libéraux européens) , l'Allemande Franziska Keller pour les écologistes (Verts /ALE) et le grec Alexis Tsipras pour la gauche de la gauche (GUE). Ils sont tous équipés d'un casque fin dont le petit micro, visible sur leur joue, les fait ressembler à des chanteurs de la Star Ac. Ils ont droit à des jokers et ont aussi comme consigne de ne pas dépasser pour chacune de leur intervention les 60 secondes. Ce sont les deux plus jeunes de l'équipe la jeune et jolie écolo, en veste verte avec un tournesol au revers, et le candidat «beau gosse» de la gauche, qui sont indéniablement les plus télégéniques. La première veut lutter contre la spéculation et le second répète comme un gimmick qu'il faut stopper l'austérité. «Trouver une solution analogue à celle trouvée vis-à-vis de l'Allemagne en 1953 dont une grosse partie de la dette avait été annulée». Verhostadt est assez cash et ose même rendre hommage à Delors «un socialiste intelligent, ils ne le sont pas tous mais lui l'était». Difficile cependant de tenir sans somnoler, je zappe.
Et Philippe Villin évoque sa sexualité. Sur France 2 il y a aussi une soirée spéciale européennes. Parmi les invités: le banquier Philippe Villin, qui , en marge d'une démonstration brillante - que l'on adhère ou pas à ses thèses anti-euro - sur l'influence de la démographie allemande sur son économie, se croit obligé d'ajouter, «moi je n'ai pas d'enfants, je suis homosexuel». Etrange. Ce n'est pas franchement le sujet.
Vendredi 16 mai. Christine Boutin-Alain Delon, drôle de couple. Le moins que l'on puisse dire c'est qu'elle sait faire parler d'elle, Christine Boutin. En début de semaine elle réagit au quart de tour à la victoire de Conchita Wurst, la femme barbue, à l'Eurovision . Tandis que «le Monde» célèbre à la une «le triomphe de la différence», la présidente de Force Vie, elle, twitte son malaise face à cette «image d'une société en perte de repères niant la réalité de la nature humaine». Et voici, qu'en cette fin de semaine elle fait un teasing en diffusant une photo d'elle à côté d'Alain Delon avec cette légende: «mais que fait Alain aux côtés de Christine»? L'acteur a enregistré un message de soutien à l'ancienne ministre, égérie des anti-PACS, qui sera diffusé au meeting parisien de Force Vie.
«Le petit a raison» . L'année dernière, à la même époque, Alain Delon montait les marches, à Cannes, à
l'occasion de la restauration du film de René Clément, Plein Soleil et de l'hommage qui lui était rendu en marge de cet évènement. Lors d'un dîner organisé après par Thierry Frémaux, le délégué général du festival de Cannes, il nous avait raconté les coulisses de ce film magique et comment il avait réussi - grâce à Bella, la femme du réalisateur, qui, à l'autre bout de la pièce avait lancé, en rouant les r, «le petit a raison» - de jouer le rôle de monsieur Ripley qui devait initialement être donné à Maurice Ronet. Ce jour-là René Clément avait créé Delon. Et c'est vrai, que l'on préfère garder cette image là de lui.

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