mercredi 2 avril 2014
Les Verts se déchirent après le "non" à Manuel Valls
Les écologistes renouent avec l'ère des divisions après leur refus de participer au gouvernement, une décision du bureau exécutif d'Europe Ecologie-Les Verts dénoncée comme "le pire" des choix par la majorité des parlementaires EELV, justifié comme "l'échec d'une majorité" par la direction nationale.
Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d'EELV, explique dans Le Monde que les écologistes ne voulaient "pas en arriver là" et que, malgré une proposition "solide et correcte" de Manuel Valls, ils ne pouvaient "oublier les deux ans passés d'une expérience gouvernementale qui a eu des hauts et des bas".
Selon les élus qui ont participé mardi matin aux tractations avec le nouveau Premier ministre en vue de la formation du gouvernement, un grand ministère de l'Ecologie, couvrant le développement durable et l'énergie, était proposé aux Verts après le départ des ministres Cécile Duflot et Pascal Canfin.
Manuel Valls, avec lequel les écologistes ont eu des désaccords politiques dans le passé, notamment sur les questions d'immigration, avait en outre déclaré qu'il ne débaucherait pas de recrues qui ne soient pas soutenues par le parti.
Au terme de huit heures de discussions tendues, le bureau exécutif d'EELV, plutôt acquis à Cécile Duflot, a voté par la suite contre une participation au futur gouvernement.
"Nous sommes conscients que nous avions peut-être une possibilité d'avancer sur ces choix (la transition énergétique, NDLR)", déclare Emmanuelle Cosse dans Le Monde de mercredi.
"NI DÉFIANCE ABSOLUE NI CONFIANCE AUTOMATIQUE"
"Si les écologistes font le choix de ne pas être au gouvernement, ce n'est pas juste notre échec. C'est surtout l'échec d'une majorité. Il y a aussi une responsabilité lourde de François Hollande", affirme-t-elle.
Les écologistes se considèrent toujours membres de la majorité présidentielle mais réservent leur position quant au vote de confiance qui suivra mardi prochain le discours de politique générale de Manuel Valls à l'Assemblée.
Avec le retour de Cécile Duflot, dont des élus craignent qu'elle ne prenne l'ascendant, le groupe EELV à l'Assemblée comptera 18 membres.
"Ni défiance automatique ni confiance absolue", a résumé mercredi le chef de file des sénateurs EELV, Jean-Vincent Placé, sur BFMTV et RMC Info. "On ne vote pas la confiance a priori", a confirmé Emmanuelle Cosse sur i>TELE.
Les coprésidents du groupe EELV à l'Assemblée nationale sont furieux et regrettent "un mauvais coup" porté à l'écologie.
"Parmi deux choix mauvais, on a fait le pire", a déploré sur France 2 Barbara Pompili, accusant Cécile Duflot et Pascal Canfin d'avoir "joué un peu personnel" et imposé une "oukaze" sans appel à l'endroit de Manuel Valls.
Dès mardi soir, François de Rugy avait parlé d'"une décision incompréhensible".
"Moi je pense qu'on aurait dû dire 'Banco!'", quitte à faire défection en cas de divergences de fond, a dit Barbara Pompili. "Du coup on se retrouve dans un positionnement qui est compliqué, (...) on est dehors tout en étant des partenaires".
Pour l'eurodéputé Daniel Cohn-Bendit, qui s'exprimait sur i>TELE, "c'est une faute, c'est une erreur".
DUFLOT EN ACCUSATION
Selon lui, Manuel Valls, outre un grand ministère taillé sur mesure pour les écologistes, proposait une dose de 25% de proportionnelle, "une porte de sortie pour enterrer rapidement l'aéroport de Notre-Dame des Landes". Barbara Pompili a fait état d'engagements sur la transition énergétique, la réforme fiscale, la réforme des collectivités territoriales.
Des élus s'inquiètent pour l'avenir et la cohésion du parti, qui réunit son conseil fédéral samedi.
Emmanuelle Cosse dément toute "fracture" et toute volonté de mainmise de Cécile Duflot, que David Assouline, porte-parole du Parti socialiste, a accusé sur i>TELE d'avoir "choisi une stratégie politique personnelle".
"On n'est pas là pour se diviser", a dit la secrétaire nationale d'EELV sur i>TELE. "La position des uns et des autres va s'homogénéiser", veut croire Jean-Vincent Placé.
Cécile Duflot "a le droit d'avoir une stratégie personnelle, mais elle n'a pas le droit de prendre le mouvement en otage", a jugé Daniel Cohn-Bendit.
Le député européen souhaiterait qu'une personnalité reconnue de la mouvance écologiste, comme l'ancienne ministre Dominique Voynet ou Nicolas Hulot, entre au gouvernement pour porter les idées d'EELV, quand bien même le parti a averti que tout débauchage serait sanctionné par une expulsion.
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