Incontestablement, l’on trouve dans ce gouvernement des profils différents à tous points de vue. Au-delà des divergences d’idées, inhérentes à la diversité des familles de pensée de la gauche française, cela va jusqu’à des positionnements en termes de clientèle sociologique, qui parfois proviennent d’abord des vies des ministres. Par exemple, Fleur Pellerin a un parcours, un vécu, elle provient d’un milieu, qui s’adressent aux très diplômés et aux chefs d’entreprise ; là où Aurélie Filippetti, sous les mêmes angles, a une fibre ouvrière marquée.
Toujours est-il que l’accumulation de fortes personnalités, chacune dotée de sa singularité, dans l’orchestre gouvernemental, constitue un vrai atout pour le gouvernement, à double titre. Cela lui permet de couvrir le spectre du « peuple de gauche » dans toute sa diversité. Cela rompt avec le déséquilibre en vigueur sous Nicolas Sarkozy, où un soliste, certes virtuose, ne laissait d’espace autour de lui que pour des choristes ou des métronomes.Encore faut-il que la polyphonie ne vire pas à la cacophonie. C’est tout le problème de l’actuel gouvernement.
Visiblement, il manque à ce gouvernement une stratégie de répartition cohérente des messages entre ministres, pour parvenir, comme dans un tableau impressionniste, à un ensemble lisible. Faute d’une telle stratégie, chacun apporte sa palette sans être encadré : d’où un rendu illisible et rédhibitoire, sauf à apprécier l’art abstrait.
François Hollande, connu lorsqu’il était premier secrétaire du PS pour son goût de la synthèse, semble avoir voulu reproduire la même méthode dans sa gestion du gouvernement. Mais celui-ci peut-il vraiment être géré de la même manière que le PS ?
François Hollande a effectivement reproduit à la tête de l’État ses méthodes de pilotage du Parti socialiste du temps où il en était premier secrétaire. Dans un premier temps, la cacophonie des courants s’exprime dans toute sa diversité et ses divergences. Dans un second temps, il rétablit la paix et fixe un agenda, par une motion de synthèse. Cependant cette dernière apporte par définition autant de frustrations que de satisfactions. En outre, avant qu’elle advienne, l’opinion publique assiste au flou et à l’illisibilité du cap, ce qui est extrêmement anxiogène par temps de crise. Enfin, cela alimente le procès en versatilité et en inconsistance de François Hollande. « Choisis ton camp, camarade ! »
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