TOUT EST DIT

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dimanche 26 mai 2013

Recul payant ?

Recul payant ?


À première vue, il s’agit d’une reculade. À première vue seulement. Le ministre de l’Économie Pierre Moscovici a admis hier que le gouvernement renonçait à encadrer par la loi les salaires de grands dirigeants. François Hollande en campagne avait pourtant promis la foudre sur les patrons trop gourmands. Il en appelait alors à « limiter les revenus indécents ».
En n’évoquant plus qu’un code d’autorégulation des rémunérations, Pierre Moscovici ne joue pas si mal. D’abord, il évite de trop charger la barque gouvernementale, au moment où l’on voit toute la difficulté du pouvoir à imposer la fameuse taxe à 75 % sur les revenus supérieurs à un million d’euros. Un combat à la fois !
En relâchant un peu la pression sur les chefs d’entreprise les mieux payés, le ministre de l’Économie marque aussi des points, dans la stratégie de rapprochement entre l’exécutif de gauche et le monde de l’entreprise. Il devance et écarte de la sorte certaines accusations de sectarisme de classe, voire d’antipatronat primaire.
Mieux, en renvoyant les grands patrons à leurs responsabilités, Pierre Moscovici renverse en quelque sorte les rôles. Aux gros salaires d’agir, cette fois. Tant sous la poussée des dirigeants de PME dont les revenus sont loin d’être astronomiques et qui refusent l’amalgame, que sous le regard effaré de l’opinion. Alors que la crise émiette le tissu économique et secoue les régimes sociaux, l’affichage de salaires hors de toute proportion dessert la cause des entreprises en général : les discours managériaux sur le partage des efforts de rigueur entre tous et une meilleure répartition des fruits d’un retour à la croissance n’y gagnent pas en crédibilité.
Pierre Moscovici avance de manière tellement calculée qu’il fait mine de menacer : il veut une autorégulation des salaires « exigeante », et sinon passera par la loi. Manœuvre dont il se garde bien pour l’instant. 
L’essentiel est de faire comme si l’on y croyait.

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