TOUT EST DIT

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vendredi 8 mars 2013

La gauche frileuse

La gauche frileuse


Lors des funérailles de son mari, on ne voyait qu’elle serrant sa fille de 8 ans dans ses bras. Basma Khalfaoui, un beau visage, où se lisaient le chagrin, la douceur et aussi une force incroyable. L’assassinat de Chokri Belaïd, figure de l’opposition laïque de gauche, le 6 février, à Tunis, a provoqué un grand choc dans le pays, qui s’est mis en grève. Le premier ministre a dû démissionner. Des dizaines de milliers de Tunisiens ont scandé, lors des obsèques, “Le peuple veut une autre révolution, non à la violence”. La Tunisie n’est ni l’Égypte ni l’Algérie. L’assassinat politique n’a jamais fait partie de ses moeurs. Depuis Bourguiba, les femmes y ont acquis un statut d’autonomie avec des droits uniques dans le monde arabe. Ben Ali ne les avait pas supprimés.
À l’invitation du journal Opinion internationale, Basma Khalfaoui a passé cinq jours à Paris. Plus de 1 000 personnes sont venues lui manifester leur soutien. C’est à Paris qu’elle l’a appris : l’assassin présumé de son mari serait un salafiste lié aux ligues de la protection de la révolution, ces milices islamistes progouvernementales. « Le plus important n’est pas de savoir qui est l’assassin [qui court toujours], mais qui a commandité ce crime », a-t-elle dit à Jean-Pierre Elkabbach, sur Europe 1. Elle accuse le parti Ennahda, qui domine le gouvernement. La veille de son assassinat, son mari dénonçait à la télévision ces ligues qui sèment la violence. Il avait prévenu le gouvernement que des drames allaient se produire, car il y a trop d’armes en circulation. Jamais, dit-elle, on ne l’a écouté. Par son silence, Ennahda a donc participé à banaliser la violence. Basma Khalfaoui demande la dissolution immédiate de ces ligues. Elle a peu de chances d’être exaucée, le nouveau premier ministre est le ministre de l’Intérieur sortant.
Basma Khalfaoui est devenue, malgré elle, le symbole de la lutte contre la violence islamiste. Elle reprend le flambeau de son mari, exige des élections démocratiques, sans cesse repoussées par le gouvernement. Elle est déjà une femme menacée. Sur les réseaux sociaux, circule sa photo, le visage barré d’une croix sanglante.
Si Bertrand Delanoë et Jean-Paul Huchon l’ont reçue, au Quai d’Orsay, elle a rencontré le directeur de cabinet du ministre, mais pas Laurent Fabius, et à l’Élysée, le sherpa du président, mais pas François Hollande. C’était service minimum et en catimini. Vu le combat qu’elle incarne, on s’interroge : pourquoi tant de frilosité ? Faut-il y voir une repentance ? Valérie Trierweiler recevra à déjeuner le 8 mars, à l’Élysée, des femmes d’exception pour la Journée de la femme. Basma Khalfaoui a été invitée. Ce qu’elle a d’abord mal pris. Mais peut-être s’y rendra-t-elle, dans l’espoir de rencontrer le président. Elle a besoin de son soutien.

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